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France : une politique étrangère en agonie

France : une politique étrangère en agonie

Il est loin le temps d’une politique étrangère française aux positions tranchantes, et non alignées à la politique hégémonique américaine. La diplomatie française peine aujourd’hui à se faire entendre et accumule les erreurs

   Une France, autrefois, soucieuse de son rayonnement culturel et prenant garde, sous le général de Gaulle, contre une américanisation grandissante et menaçante. Une France, qui a préféré rester « vieille » mais distante et parfois en désaccord avec la politique américano-sioniste. Réfutant ainsi la vision simpliste, non seulement américaine, mais coloniale et «Renanienne » qu’elle a jadis appliquée. Vision qui cherche à diviser le monde en deux. Entre les bons et les méchants, reprenant ainsi les thèses orientalistes, notamment de Gobineau et d’Ernest Renan.

Ainsi le « bon » doit répandre sa fameuse civilisation pour exterminer encore une fois « le mauvais ». Le mauvais n’étant autre que le musulman, le turc ou le bédouin, qui selon la thèse raciste de Renan ne sont que des ignorants, des barbares qui s’opposent au progrès et interdisent aux minorités d’accéder au modèle de la civilisation européenne. Approche binaire et culturaliste qui ose désigner  le bon et le mauvais et prétendre à la supériorité d’une civilisation par rapport à une autre.  Pour reprendre la thèse raciste  de Renan : « L'islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile; c'est l'épouvantable simplicité de l'esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle ». 
 

Approche ancrée dans l’histoire française, à travers ses conquêtes coloniales et ses actes barbares à l’égard des peuples africains.  Epilogue sombre de l’histoire que  la France veut à tout prix dissiper en s’amnésiant des horreurs du passé.  Puisque que les péchés avoués ne sont plus  à demi pardonnés, Sarkozy a préféré dénier l’histoire de sa France, par ignorance ou arrogance, dans un discours racistes à Dakar en 2007.

Les récidives racistes et coloniales de la France se font plus nombreuses.
  Ils sont bien loin les temps des discours anti-guerre ou anti-américain : discours de De Gaulle à Phnom Penh en 1966, contre la guerre américaine au Vietnam ou encore celui De Villepin au Conseil de Sécurité des Nations-Unis en 2003, contre l’invasion de d’Irak. Avec l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, c’est une France qui rechute dans l’approche binaire du monde, dont les Etats-Unis ont repris la bannière. Le président français veut en terminer avec l’antiaméricanisme français, sa politique étrangère s’aligne de plus en plus sur celle des Etats-Unis et « d’Israël », dont la sécurité passe avant tout.  


La politique arabe de la France est enterrée, elle doit laisser place à une politique étrangère entièrement en faveur des Etats-Unis et de l’entité sioniste. Ainsi, Sarkozy affirme son soutien à l’Occident contre les « méchants », pour séduire son allié zunien. Il adhère au fameux choc des civilisations de Huntington, celle de l’Occident et de l’Islam.

Ainsi, La France sous Sarkozy réintègre la structure militaire de l’Otan, il n’est plus question de retirer les troupes françaises d’Afghanistan mais d’envoyer encore plus de renfort. Choix qui  coûte cher à la France : elle devient la cible de prise d’otage. La France durcit également sa politique vis-à-vis de l’Iran, sans doute pour s’exhiber en bonne élève devant le maitre américain. La France accroit ses sanctions contre l’Iran et fait excès de zèle en évoquant  l’éventualité d’une guerre contre l’Iran. Le French docteur, Bernard Kouchner, ministres des affaires étrangères à l’époque, affirmait « qu’il faut se préparer au pire » avec l’Iran, oubliant ainsi ses années d’humanitaires, trop occupé à se transformer en machine à guerre et à sous.
 

Ainsi, le chef de l’Élysée met fin à une politique arabe de la France lancée par De Gaulle, politique refusant l’alignement aux Etats-Unis et solidaire aux causes arabes, notamment la cause palestinienne. Cependant, une nuance  s’impose : la France n’a jamais été l’ennemie « d’Israël »,  c’est au contraire, l’amie de toujours,  celle qui lui a offert les premiers savoir-faire du nucléaire. En effet, l’entité sioniste a participé aux premiers essais nucléaires de la France dans le désert Algérien. Une France, à la mémoire bien fraiche lorsqu’il s’agit chaque année de commémorer les victimes de la Shoah mais une France  totalement amnésique lorsqu’il s’agit de reconnaître que les premières chambres à gaz sont françaises et  ses victimes algériennes. Il s’agit en effet, du gazage des grottes durant l’occupation française en Algérie.  

La France a parfois du mal à oublier que le temps des colonies est bel et bien révolu, il aurait fallu lui rappeler avant qu’elle ne soutienne le régime de Ben Ali en Tunisie jusqu’au bout. Il aurait également fallu le rappeler à l’actuelle ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot- Marie, avant qu’elle ne propose le savoir-faire de la police française à la Tunisie.


Le fiasco diplomatique français est poussé à son paroxysme lorsque la ministre se rend en Palestine Occupée. MAM, a en effet du mal  à peser ses mots, avant de se rendre à Gaza, elle réitère que la sécurité d’Israël passe avant tout et affirme que la libération de Gilad Shalit est une priorité pour la France. Elle dément avoir qualifié la capture du soldat franco-israélien de crime de guerre, mais le mal est fait.
MAM a la mémoire sélective, oubliant ainsi de mentionner les 7300 prisonniers palestiniens et le prisonnier franco-palestinien, Salah Hamouri, qui croupit, sans procès et sans aucune preuve, depuis 2005 dans les prisons israéliennes. Mais on l’aura bien compris, la vie de Gilad Shalit passe avant tout, sa famille aussi, puisque MAM n’a pas oublié de se rendre auprès  de la mère Shalit mais qu’en est-il de Denise Hamouri, la mère de Salah ?

Décidément, les ministres se succèdent et se ressemblent, Kouchner n’avait pas manqué de rendre visite aux parents Shalit alors que sa visite chez Denise Hamouri avait été annulée. Ainsi, MAM  rate son entrée au Moyen-Orient.
  Cet affaiblissement diplomatique ne date pas d’hier, il débute en 1990 avec la guerre d’Irak, les Etats-Unis deviennent les maitres de la situation au Moyen-Orient, face à une Europe affaiblie. 

Néanmoins, la France s’attelle parfois à reprendre du poil de la bête face aux Etats-Unis, actuellement dans le dossier libanais, mais ses efforts peinent à se concrétiser face aux pressions américaines. La visite de Feltman à Paris visait à modifier les orientations diplomatiques  de l’Élysée et du Quai d’Orsay  pour mettre terme aux discussions franco-qataries et turques, concernant la situation au Liban. En effet, Washington désapprouve son allié français qui donne son feu vert à la candidature de Najib Mikati au poste de premier ministre. C’est un revers pour la diplomatie américaine puisque Sarkozy a reconnu la désignation démocratique de Mikati. Sarkozy, devançant  ainsi l’allié zunien, et à l’inverse de Chirac, pratique une politique d’ouverture vis-à-vis de la Syrie. Obama suit le pas et nomme Robert Ford au poste d’ambassadeur des Etats-Unis à Damas.


La France et les Etats-Unis l’auront compris, à l’instar de l’Irak : une solution libanaise sans la Syrie n’est pas possible.
 Cependant, pour combien de temps, la France pourra rester loin des filets Etats-uniens concernant le dossier libanais ?

Une France, soucieuse de ne pas s’attirer les foudres américaine. Même, Chirac,  considéré comme l’ami des arabes, va très vite tourner sa veste  pour se rattraper auprès des américains après l’invasion de l’Irak en 2003. 
  


Le livre de Vincent Nouzille, Dans son récent livre "Le secret des présidents", dévoile que  Jacques Chirac prend des décisions surprenantes pour se réconcilier avec Bush après la guerre d’Irak. Bush veut à tout prix faire payer à Chirac son refus de le suivre dans la guerre d’Irak et fait pression sur la France, de manière à ce qu’elle annule la dette irakienne.
La pression américaine est tellement forte qu’en en novembre 2004, une fois que Bush est réélu, Chirac fini secrètement par prendre la décision d’annuler la quasi-totalité de la dette irakienne.
 


La France a du mal aujourd’hui à gérer les prises d’otages, dont elle est de plus en plus la cible. Alors que précédemment, tous les moyens diplomatiques pacifiques étaient mis en œuvre  pour libérer des journalistes comme Christian Chesnot, Georges Malbrunot, ou encore Florence Aubenas. 

Aujourd’hui, la France change de stratégie, l’utilisation de la force est à l’ordre du jour, comme à l’américaine. Pour Sarkozy, il n’est plus question de négocier avec des terroristes.
Cette nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme est ainsi prête à sacrifier la vie d’otages français. La France en paye cher le prix après l’échec de deux opérations militaires françaises contre l’Aqmi (al Qaeda au Maghreb Islamique),  provoquant ainsi l’assassinat de  trois otages français.
 

Ainsi, la France semble déconnectée de toute réalité, déconnectée des peuples et des changements sur le terrain en Afrique, au Nord comme au Sud, ou encore au Proche-Orient. N’arrivant plus à anticiper les événements et les transformations en cours dans ces régions. C’est une France cloîtrée dans la bulle de ses propres intérêts politiques et économiques qui s’apprêtent à éclater !