20-04-2024 03:24 AM Jerusalem Timing

Projet d’intervention en Syrie: la grogne monte au sein de l’armée turque

Projet d’intervention en Syrie: la grogne monte au sein de l’armée turque

"Je suis persuadé que les Forces armées turques ne partagent pas les aspirations d’Ankara au sujet de la Syrie".

Les intentions d'Ankara de lancer une opération au sol en Syrie buttent contre une vive opposition au sein du commandement suprême des forces armées du pays, assure l'ex-chef du bureau de renseignement de l'état-major général turc Ismail Hakki Pekin.

Le volet syrien de la politique étrangère d'Ankara, notamment les intentions des autorités turques de lancer une opération au sol dans ce pays proche-oriental, génèrent un vif mécontentement au sein du commandement suprême des Forces armées turques, détail caché à l'opinion publique turque, a déclaré dans une interview à l'agence Sputnik l'ex-chef du bureau de renseignement de l'état-major général turc Ismail Hakki Pekin.

Les décisions d'Ankara reposent sur son aspiration à renverser le président syrien Bachar el-Assad et à conduire un gouvernement sunnite à la tête du pays. Pourtant, les Forces armées turques ne font qu'exécuter les ordres, estime l'interlocuteur de l'agence:

"Je suis persuadé que les Forces armées turques ne partagent pas les aspirations d'Ankara au sujet de la Syrie. Bien évidemment, elles sont obligées d'exécuter les ordres qu'elles reçoivent. Toutefois, je peux dire avec confiance que les forces armées du pays n'auraient jamais soutenu l'idée de mener une opération armée contre un pays voisin".

M.Pekin a en outre souligné que, de l'extérieur, il pouvait sembler qu'au sein de l'armée turque il n'existait aucune opposition au gouvernement. Or, ceci n'est pas le cas: "Une telle opposition existe-t-elle? Bien évidemment, oui. Car on comprend qu'en fait le renversement d'Assad ne règlera pas le problème. Bien au contraire, ceci risque d'engendrer une instabilité encore plus sérieuse et durable dans la région. En effet, la consolidation des autorités syriennes et de leurs positions dans l'ensemble du pays ainsi que l'instauration d'un contrôle efficace et de la sécurité à la frontière sont dans les intérêts de la Turquie. C'est ce qui peut aider la Turquie à renforcer sa propre sécurité. Je suis persuadé que le commandement des Forces armées turques avancent des suggestions appropriées et discutent à ce sujet avec les autorités turques", a-t-il expliqué.

Et d'ajouter qu'une opposition existait bel et bien au sein de l'armée turque: "Nombreux sont ceux qui comprennent qu'au lieu de s'engager dans une guerre inutile, coûteuse et durable, il vaut mieux consolider le régime syrien et repousser les opérations armées loin des frontières turques".

Selon M.Pekin, l'intervention turque à Afrin ou à Azaz (nord de la Syrie) risque d'être lourde de conséquences: "La moindre progression à l'intérieur du territoire syrien peut nous coûter un affrontement avec la Russie. Même une opération au sol de petite envergure enfoncera définitivement la Turquie dans une impasse. Pourtant, il existe des indices attestant qu'une opération de ce type est en train d'être préparée. Je pense que si la Turquie s'y décide et entreprend une irruption en Syrie, les conséquences seront irréversibles", a conclu Ismail Hakki Pekin.