29-03-2024 03:05 AM Jerusalem Timing

Signe de frustration sur la Syrie: Erdogan menace les intérêts russes en Turquie

Signe de frustration sur la Syrie: Erdogan menace les intérêts russes en Turquie

Et l’Otan se dit prêt à défendre les intérêts de tous ses membres, dont ceux de la Turquie

Depuis que la Russie a lancé ses frappes aériennes contre les  groupuscules terroristes en Syrie c'est surtout le président turc qui est le plus outragé, lançant ses avertissements sans arrêt. Ils reflètent plutôt selon des experts, sa frustration générale sur le dossier syrien

Après avoir convoqué l'Otan, sur fond d'accusations de violations par les avions russes de son espace aérien, Ankara en est venue à brandir la menace économique contre Moscou. En stoppant la construction par la Russie d'une centrale nucléaire dans ce pays, et la suspension d'importation du gaz naturel russe.

"Si les Russes ne construisent pas Mersin Akkuyu, alors d'autres viendront le faire", a prévenu jeudi son président Recep Tayyip Erdogan, en répondant à un journaliste qui l'interrogeait lors de son voyage au Japon pour savoir si le projet de la première centrale nucléaire de la Turquie construite par la Russie (Rosatom) dans le sud du pays serait affecté par les actuelles frictions.
   
"Ils (les Russes) ont déjà investi 3 milliards de dollars dans le projet. De ce fait, c'est à la Russie d'agir avec plus d'attention", a dit le chef de l'Etat islamo-conservateur turc, cité par le journal Hürriyet.
   
La centrale d'Akkuyu est un projet d'envergure de 19 milliards d'euros (21 mds de dollars) mené par la Russie qui devrait entrer en service en 2020.
   
La Russie contrôle en outre largement le robinet de gaz naturel de la Turquie, très dépendante envers Moscou qui lui fournit plus de 50% de son gaz.
"Nous sommes le premier consommateur du gaz naturel russe. Perdre la Turquie serait un gros revers pour la Russie", a estimé l'homme fort de Turquie qui a précisé que si son pays était sanctionné, il se tournerait vers d'autres fournisseurs.
"Nous sommes consternés du fait que la Russie agit d'une manière qui pourrait provoquer la perte" d'intérêts économiques en Turquie, a ajouté M. Erdogan.
   
De l'avis des observateurs, les avertissements du président turc reflètent plutôt sa frustration générale sur le dossier syrien.
"La réalité est que la Turquie a besoin de l'importation de gaz russe plus de Gazprom a besoin du marché gazier turc", a indiqué à l'AFP Andrew Neff, analyste chez IHS energy.
"La Russie est de loin le plus grand fournisseur de gaz à la Turquie qui ne peut se passer du gaz russe à moyen terme, et encore moins à court terme", a-t-il souligné.


L'Otan s'inquiète de l'"escalade" militaire russe en Syrie

Quant à l'Otan qui a directement été convoquée par Ankara, elle  a qualifié jeudi d'"escalade inquiétante" l'engagement militaire russe en Syrie, exhortant à nouveau Moscou à cesser de soutenir le pouvoir syrien, et s'est dite prête à défendre chacun de ses membres, "y compris la Turquie".
   
"En Syrie, nous avons observé une escalade inquiétante des activités militaires russes", a déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg, au début d'une réunion des 28 ministres de l'Otan à Bruxelles.
"Ceci est particulièrement pertinent au regard des violations récentes de l'espace aérien de l'Otan par des avions russes", a noté M. Stoltenberg après que la Turquie a dénoncé des incursions aériennes russes à la frontière turco-syrienne.
   
Evoquant les "défis" rencontrés par l'Otan, tels que la crise en Ukraine ou la menace terroriste, M. Stoltenberg a affirmé devant les ministres que "la situation se complique encore avec les actions militaires russes en Syrie".
 
 L'Otan a déployé des missiles Patriot en Turquie pour éviter que le conflit en Syrie ne déborde sur le territoire de cet important allié, mais ces batteries doivent en principe être retirées d'ici à la fin de l'année.
"L'Otan est capable et prête à défendre tous ses alliés, y compris la Turquie, contre tout type de menaces", a réitéré le patron de l'alliance.
   
Parallèlement, M. Stoltenberg a plaidé pour des "initiatives afin de trouver une solution politique à la crise en Syrie".
   
 
   "Ce qui m'inquiète, c'est que les Russes ne visent pas principalement l'EI (la milice wahhabite takfiriste Daesh, ndlr) mais qu'ils ciblent d'autres groupes de l'opposition et qu'ils soutiennent le régime", a répliqué M. Stoltenberg.
 
"J'appelle la Russie à jouer un rôle constructif dans la lutte contre l'EI et à ne pas continuer à soutenir le régime al-Assad, car un tel soutien ne constitue pas une contribution constructive à une solution pacifique et durable en Syrie", a-t-il plaidé.

 

 

Avec AFP