19-04-2024 12:08 PM Jerusalem Timing

L’Irak se libère sans les Américains

L’Irak se libère sans les Américains

Les régions où sont déployées des forces de la coalition internationale n’ont pas encore été libérées de Daesh.

Depuis le contrôle par le groupe terroriste Daesh de Mossoul et d’une grande superficie du territoire irakien, les Américains insistent à se déclarer comme étant « les libérateurs exclusifs » de la Mésopotamie, et refusent de reconnaitre un quelconque rôle aux forces armées et à la force de la mobilisation populaire.

Pourtant, ces dernières combattent les terroristes sans aucune couverture aérienne de leur part et sans coordination aucune, parvenant à limiter la présence de Daesh dans deux provinces : Ninive et Anbar.

Les Américains ne se sont pas contentés de la défaite de l’an 2011 en Irak. Ils cherchent aujourd’hui à légitimer toute présence militaire et sécuritaire dans plus d’une région irakienne. Les Etats-Unis prétendent qu’ils sont présents dans le pays à la demande du gouvernement de Bagdad.

Et comme d’habitude, les Etats-Unis œuvrent à  évincer les autres pour s’accaparer seuls de la direction des affaires du pays. Pour cette raison, ils veillent depuis juin dernier à parler sans cesse de l’Etat "lamentable" en Irak, insistant sur « l’incapacité » des forces militaires irakiennes officielles ou populaires à repousser la razzia de Daesh.

Minimiser les exploits de l’armée irakienne

Bien que les faits sur le terrain aient démontré l’inverse, les Américains ont insisté à suivre cette politique. Tout le monde se rappelle en effet de ce qui a eu lieu vers la fin de janvier dernier : alors que les forces irakiennes étaient en train de libérer la province de Meqdadiya, dernier bastion de Daesh à Diyala, le Pentagone a publié un rapport comprenant des données sur les exploits des forces irakiennes depuis la crise de la chute de Mossoul en juin 2014.

D’après ce rapport, Daesh n’a pas perdu que 1% des territoires qu’il a occupés suite aux opérations militaires de l’armée irakienne et des forces de mobilisation, soit 700 km² des 55 mille km que le groupe terroriste occupe. Le porte-parole du Pentagone a prétendu que les forces kurdes ont repris la plupart de ces territoires au nord de l‘Irak.

Malheureusement, personne en Irak n’a infirmé les données erronées de ce rapport, ni n’a dénoncé l’objectif américain suspect de cette propagande.


A ce moment, un haut responsable américain a assuré que les forces irakiennes sont incapables de libérer un village et un seul sans assistance étrangère. Des propos qui ont été repris il y a quelques jours par le directeur des renseignements militaires américains, Vincent Stewart, prétendant que « les forces irakiennes ne sont pas capables de vaincre Daesh toutes seules à cause du manque de moyens logistiques, de la corruption et d‘autres problèmes à l’intérieur de l’institution militaire irakienne ».

Pour les Américains, les forces officielles et populaires irakiennes sont interdites de faire face à Daesh, pour des raisons claires liées à leurs intérêts stratégiques en Irak.

Mais à la grande surprise des Américains, certaines parties irakiennes, avec leurs alliés iraniens entre autre, ont pris la décision ferme de faire face à Daesh de toutes leurs forces.

Ainsi, l’ayatollah Sayed Ali Sistani – figure religieuse chiite éminente en Irak— a décrété une fatwa appelant au port d’armes et au jihad contre Daesh, une fatwa qualifiée d’ « inutile » par le chef d’Etat-major américain, le général Martin Dempsey.

Pour sa part, le guide suprême de la révolution islamique en Iran, l’ayatollah Sayed Ali Khamenei a assuré que le peuple irakien est capable de libérer seul son territoire.

Mission du général Souleimani

Rapidement, les choses se sont éclaircies avec l’envoi  par Sayed Khamenei de son homme fort en Irak, le commandant de la force al-Qods aux gardiens de la révolution, le général Kassem Souleimani.

Quelques heures seulement à la chute de Mossoul, Souleimani a entamé la coordination des efforts avec les forces de la résistance irakienne.
Souleimani a supervisé une mission centrale dont l’objectif était de reprendre l’initiative face à Daesh qui était arrivé aux abords de la région nord de la capitale Bagdad.

En deux jours, une force de l’armée et des factions de la résistance irakienne dirigée par Souleimani sont allées vers Balad pour lever le siège et ouvrir la route de Samarra afin de libérer la ville. Cet objectif a été atteint suite à des affrontements acharnés, et a ensuite débuté une série d’opérations plus élargies et plus rapides qui ont permis de reprendre de larges territoires occupés par Daesh, au su et au vu des Américains qui ont refusé de reconnaitre ces faits inattendus.

Succession des victoires

Tout au long des sept derniers mois, les exploits des forces irakiennes se sont succédé, ainsi que les exploits des unités de la mobilisation populaire – un mélange de factions qui s’étaient activées lors de l’occupation américaine en 2003, comme « les brigades as-Salam », « les brigades Hezbollah », « factions Ahlul Haq »,  « organisation Badr », « les brigades de Khorassani », « les soldats de l’imam », « les brigades du maitre des martyrs », « les brigades de l’imam Ali », etc…

Les exploits de la force de la mobilisation populaire ont irrité les Américains parce qu’ils ont montré les grandes capacités des groupes irakiens à vaincre Daesh, sans avoir recours à eux, mais aussi parce que ces groupes sont les mêmes à avoir combattu et repoussé l’occupation américaine de l’Irak en 2003.
Voilà comment à chaque fois que les forces irakiennes réalisaient une victoire, les Américains se sentaient de plus en plus écartés de la scène irakienne.

Pont aérien iranien

Les Américains ont ensuite misé sur la pénurie en matière d’armes chez l’armée irakienne. Là encore l’aide iranienne a changé la situation. Les gardiens de la révolution iranienne ont mis en place un pont aérien pour acheminer des munitions vers les aéroports de Bagdad, Souleimaniya, Kirkouk et Erbil. Les citoyens irakiens rapportent aussi avoir vu des camions iraniens bourrés d’armes traversant les passages terrestres.

Rejet de toute implication US

Lorsque les Américains ont senti qu’ils ont perdu en Irak, ils ont proposé de participer aux opérations militaires en assurant un barrage de feu et une couverture aérienne. Le général Souleimani a fermement rejeté cette demande, et le gouvernement irakien a fait de même.

Les Américains ont par ailleurs été surpris du refus du général iranien de toute coordination conjointe sur le terrain, et de son rejet de tenir de rencontres avec des dirigeants militaires US. Il a ensuite rejeté de se réunir avec le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

La réponse des forces de la mobilisation populaire fut décisive : les forces américaines seront considérées comme des forces ennemies si elles opèrent dans les régions d’opérations de la mobilisation populaire.

Alors que l’armée irakienne a mené des dizaines d’opérations militaires et a réussi à déloger Daesh de nombreux villages irakiens dont la superficie atteint les 10 mille km², les forces de l’alliance internationale dirigée par les Etats-Unis se contentent de frapper sporadiquement par ci et par là sans parvenir pour autant à libérer un village irakien et un seul!

Ainsi, la libération de régions comme Amerli, Meqdadiya, Jarf el-Sakhr, le pont Zarka, Jaloula, Saadiya et Balad ne peut en aucun cas passer inaperçue.
Ces opérations ont permis de sécuriser la province de Diyala, Babel ainsi que les frontières sud, ouest et nord de Bagdad. La libération totale des provinces de Salahedine et Kirkouk, dont la superficie est de 9000 km², semble imminente, alors que Daesh sera dans ce cas confiné dans les provinces de Ninive et Anbar.

Sachant que dans ces deux provinces, des forces américaines et occidentales y sont déployées sous le titre de « conseillers ». Une question se pose ainsi : Pourquoi ces forces n’ont-elles effectué aucune avancée sur le terrain ? Seront-elles capables de réaliser une percée d’envergure contre Daesh sans l’intervention des forces irakiennes populaires et gouvernementales ?
 
Traduit du site al-Akhbar