19-04-2024 07:12 PM Jerusalem Timing

Les sanctions antirusses made in USA

Les sanctions antirusses made in USA

Les experts notent que l’UE prenait la décision sur le 3e parquet de sanctions sous une forte pression des États-Unis.





Les États-Unis et l’UE ont imposé cette semaine un nouveau, le troisième, train de sanctions antirusses. Le résultat du vote au sommet de l’UE a été prédéterminé par le coup de téléphone de Barack Obama à la chancelière Angela Merkel tant et si bien que l’Union Européenne avait docilement voté pour l’extension des sanctions quoique relativement limitée, il est vrai.

 Le nouveau paquet porte selon le président Obama un caractère sectoriel et touche plusieurs grandes sociétés russes comme Gazprombank et Vniescheconombank, les géants pétrogaziers Rosnerft et Novatek et plusieurs entreprises d’armement.

L’UE a soutenu la position des États-Unis à l’égard de la Russie. Poussé par la Maison Blanche, Bruxelles a promis d’établir fin juillet sa liste des personnes morales et physiques russes qui feront l’objet des mesures restrictives.

Vladimir Poutine a appris la nouvelle alors qu’il se trouvait au Brésil à la fin de sa longue tournée latino-américaine. Ce voyage a permis de signer toute une série d’accords de coopération importants dont la décision de mettre en place une Banque pour le développement des BRICS.

« Les sanctions américaines contre la Russie nuiront non seulement aux relations entre Moscou et Washington mais encore aux États-Unis eux-mêmes », a déclaré Vladimir Poutine :

« J’ai déjà dit que les sanctions ont généralement un effet de boomerang, poussent le cas échéant les relations russo-américaines dans une impasse et leur causent un très grave préjudice. Je suis convaincu que cela nuit aux intérêts stratégiques à long terme de l’État et du peuple américains. Il est bien dommage que nos partenaires ait fait ce choix mais la Russie garde la porte ouverte pour commencer les négociations et sortir de cette situation. J’espère que le bon sens et le désir de régler tous les problèmes par voie pacifique et diplomatique finiront par l’emporter ».

La nouvelle des sanctions a suscité une réaction réservée de la part de la Russie. Le MAE russe a déclaré que Moscou n’entendait pas copier les méthodes de l’administration américaine et céder aux provocations.

« Les sanctions de toute nature sont un mal, n’inspirent pas d’optimisme ni à l’économie, ni aux individus et ne produisent jamais un effet évident », a fait valoir le premier ministre Dmitri Medvedev :

« Les soi-disant sanctions sectorielles que les autorités américaines appliquent aux grandes entreprises russes dans le secteur d’armements et d’énergie, ainsi qu’à certaines banques, conduiront incontestablement à une montrée des sentiments antiaméricains et antieuropéens. La société russe se mobilisera encore davantage contre les pays et les personnes qui cherchent à imposer des restrictions à notre pays et agissent à l’encontre des intérêts de ses citoyens. Ce sera un retour aux années 1980 dans les relations avec les États qui imposent de telles sanctions. C’est bien triste et si nos partenaires s’assignent cet objectif, il sera bientôt atteint parallèlement aux mesures prises en réponse à l’encontre de personnes morales et physiques étrangères ».

L’Association nationale d’industriels américains désapprouve également les sanctions. Les hommes d’affaires américains avaient déjà demandé au président Obama de faire preuve de modération.

L’Europe a, quant à elle, les liens économiques plus serrés avec la Russie, y compris dans le domaine de l’énergie. Par conséquent, les Européens devront réfléchir à deux fois aux pertes bilatérales éventuelles, estime Alexei Pilko. Directeur du Centre de communication eurasiatique :

« L’Union Européenne inclut un certain nombre de pays qui sont catégoriquement contre les sanctions parce que cela pourrait déstabiliser leurs économies. C’est, plus particulièrement, le cas de l’Allemagne et, quoi que puisse dire Angela Merkel, j’ai du mal à imaginer que le business allemand accepte les sanctions tant soit peu sérieuses contre la Russie. Cela pourrait compromettre gravement l’économie allemande dans le contexte de la crise économique globale qui est loin d’être finie. Je voudrais en outre attirer L’attention sur les pays comme l’Italie, la Slovénie, l’Autriche, la Bulgarie et la Grèce qui entretiennent avec la Russie les relations économiques loyales. En résumé, si les sanctions européennes sont introduites un jour, elles seront plus douloureuses pour l’économie russe mais porteront un coup en ricochet à la zone euro.

Neuf pays européens ont pris position contre les nouvelles sanctions à la veille du sommet de l’UE. Les experts notent que l’UE prenait la décision sur le 3e parquet de sanctions sous une forte pression des États-Unis. L’administration américaine avait d’abord organisé une rencontre à huis clos avec les ambassadeurs des pays de l’UE, puis Barack Obama a appelé Angela Merkel nonobstant le scandale d’espionnage qui secoue l’Allemagne.

Il est évident que Washington n’aura de cesse de mettre la pression sur ses partenaires européens.

La Voix de la Russie