28-03-2024 07:44 PM Jerusalem Timing

Ukraine: les pros russes avancent dans l’Est à la veille de pourparlers

Ukraine: les pros russes avancent dans l’Est à la veille de pourparlers

Et des plus en plus de régions russophiles réclament leur reconnaissance.

 Le bras de fer engagé entre les rebelles ukrainiens pro-russes et forces armées pro occidentaux dans l'Est de l'Ukraine, tourne à l'avantage des premiers à la veille de pourparlers décisifs à Genève.
   
Face à l'aggravation continue de la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide, et surtout à la multiplication de revendications des régions russophiles et russophones, l'Otan a annoncé mercredi un renforcement des mesures de défense de ses pays membres d'Europe orientale, comme les pays baltes ou la Pologne, particulièrement inquiets face à ce qu'ils dénoncent comme "un interventionnisme russe".

 

Reconnaître la Transnistrie

Ce mercredi, une nouvelle région russophile a exigé d'être reconnu: la Transnistrie, un territoire séparatiste pro russe de Moldavie.

 "L'UE doit reconnaître la Transnistrie qui ne présente et ne présentera aucun risque pour elle; seulement dans ce cas sera créée une zone de stabilité dans la région", a déclaré sonprésident Evgueni Chevtchoukdans  une interview exclusive à l'AFP.
  

Cette déclaration intervient alors que le "soviet suprême" (Parlement) de Transnistrie a demandé mercredi à la Russie et aux Nations unies de reconnaître l'indépendance de ce territoire qui compte officiellement 500.000 habitants et où sont stationnés environ 1.500 soldats russes.
  

Interrogé sur une possible demande de rattachement à la Russie, à l'instar de ce qui s'est passé en Crimée, M. Chevtchouk s'est borné à répéter qu'il plaidait en ce moment "pour la reconnaissance de la Transnistrie" et n'a pas voulu entrer dans "des suppositions hypothétiques".
 "Ce qui relève des prochaines étapes devra être déterminé par les citoyens de notre république", a-t-il déclaré.

Avancée des pros russes

Sur le terrain à l'Est de l'Ukraine de , constate l’AFP, « les pro-russes ont marqué un point spectaculaire mercredi, s'emparant d'une demi-douzaine de blindés ukrainiens qui se dirigeaient vers Slaviansk », ville emblématique du mouvement de protestation pro-russes, dans l’Est de l’Ukraine.

Les engins faisaient partie d'une colonne qui a été stoppée par des manifestants dans la matinée à Kramatorsk, à quelques km au sud de Slaviansk.
 

Les militaires à leur bord ont déposé les armes avant de rebrousser chemin, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place au terme d'un accord conclu entre les deux parties.
Six autres blindés de la colonne avaient été saisis par des combattants pro-russes et ont rejoint, drapeaux russes au vent, la défense de Slaviansk.
  

Selon l'accord conclu avec les officiers de la partie de la colonne restée coincée à Kramatorsk, une fois les armes rendues inutilisables, les militaires, de la 25e brigade parachutiste de Dnipropetrovsk, devaient pouvoir faire demi-tour et repartir.
  

Les armes rendues "sont sous notre contrôle, elles ne seront plus jamais utilisées contre le peuple", a déclaré à la foule l'homme en uniforme représentant les insurgés armés pro-russes, arborant les couleurs de orange et noire de Saint-Georges des partisans de la Russie.
  

Sur leurs blindés, certains soldats ukrainiens pleuraient, d'autres se cachaient le visage derrière leurs bonnets. "Bravo les gars! Bravo les gars!", criait la foule.

Le déni du ministère

Six des blindés ont été pris par "un groupe russe de saboteurs terroristes", a dit le ministère ukrainien de la Défense après de longues heures d'un silence embarrassé.

Depuis que les Ukrainien hostiles au renversement perpétré par leurs compatriotes pros occidentaux ont entamé à leur tour leur mouvement de protestation, les autorités ukrainiennes sur place les taxent de « Russes ».
 

Selon Kiev et les Occidentaux, ces groupes armés, ironiquement baptisés "hommes verts" en Ukraine, sont en fait des soldats d'élite russes. Accusation répétée mercredi par le contre-espionnage ukrainien pour qui ce sont "les mêmes agents" qui étaient à l'œuvre en Crimée avant le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie en mars.


 Le seul de ces hommes à accepter de parler aux journalistes, qui a refusé de s'identifier autrement que sous le pseudonyme de "Balou", 50 ans, a assuré qu'ils étaient des volontaires de Crimée et des déserteurs de l'armée ukrainienne.

Ces soldats ont été accueillis en sauveurs par des habitants de la ville, criant "L'armée est avec le peuple! Nous vous aimons!".
 Des jeunes femmes déposaient des fleurs sur les blindés, d'autres apportaient nourriture, eau et cigarettes, pendant qu'un avion de chasse passait à intervalles réguliers à basse altitude. On se faisait photographier avec les héros du jour.

Prise de la mairie de Donetsk

Dans un autre défi au régime pro occidental, un groupe d'hommes cagoulés et armés a pénétré dans la mairie de Donetsk, fief russophone de l'Est où des séparatistes avaient déjà proclamé une "république souveraine" le 7 avril.

Les inconnus affirmaient avoir pour seule revendication l'organisation d'un référendum sur la "fédéralisation" de l'Ukraine.
   
La Russie dément énergiquement toutes les accusations d'intervention, affirmant au contraire que les autorités pro-occidentales issues du renversement fin février d'un pouvoir pro-russe lors de soulèvements violents à Kiev ont conduit le pays "au bord de la guerre civile". Ce que le président Vladimir Poutine a encore dit à la chancelière allemande Angela Merkel mardi soir.
   
Fédéralisation contre décentralisation
   
Les pro-russes réclament un rattachement à la Russie, ou au minimum une "fédéralisation" de l'Ukraine, pour donner de grands pouvoirs aux régions.

Tout en se disant prêt à une "décentralisation", le gouvernement de Kiev refuse l'idée de fédération, porte ouverte selon lui au démembrement du pays.
Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a d'ailleurs accusé mercredi la Russie de vouloir "construire un nouveau mur de Berlin et un retour à la guerre froide".
  

Signe des débats tendus qui s'annoncent à Genève, jeudi,  le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé un Etat ukrainien "qui a cessé de fonctionner", estimant que "seule la fédéralisation" pouvait permettre de sortir de la crise.

 

Avec AFP