19-04-2024 01:30 PM Jerusalem Timing

Des produits chimiques chez les miliciens: pour des Alaouites comme des lapins

Des produits chimiques chez les miliciens: pour des Alaouites comme des lapins

La pagaille des milice à Damas ne change l’équilibre des forces. Le Conseil militaire voit le jour, sans d’importants officiers.Des jihadistes tunisiens et libyens dans un piège syro-libanais.

Un diplomate étranger résident en Syrie a assuré pour le site Arabs-Press que l’équilibre des forces dans ce pays n’a pas encore été altéré. Ce qui a changé d’après lui ce sont les tactiques menées par l’armée régulière et les forces de sécurité.
« L’armée syrienne a recours à une tactique formée de deux volets : le premier vise à maitriser toutes les villes, et le second à évacuer les positions secondaires pour y entrainer les miliciens de l’opposition et les décimer », explique ce diplomate ayant requis l’anonymat.
Ce diplomate s’attend à ce que la « campagne médiatique et psychologique menée contre le régime syrien s’amplifie pour couvrir l’incapacité à réaliser des acquis sur le terrain ou a les préserver ».

Damas : trois fronts de bataille

La carte de combats à DamasEntretemps, la bataille se poursuit dans la province de Damas. Selon le correspondant du quotidien AsSafir, Tarek el-Abed, les combats se poursuivent sur trois fronts principaux : le premier du côté de Darayya et Maadamiyyat-Sham, où se trouve l’aéroport militaire de Mazzé. Cette région se caractérise aussi par sa promiscuité des sièges du cabinet ministériel, des ministères de l’intérieur, de l’extérieur, de l’électricité, et du bâtiment de la sécurité militaire.
Quant au deuxième front, il se situe sur l’axe de la Ghouta orientale laquelle comprend les localités de Zmelka, Kfar Batna, Arbine, et Hammouriyé jusqu’à Douma, où siègent les miliciens, et Harasta, où les autorités ont encore des sièges militaires et sécuritaires et qui est considérée par les insurgés comme étant une ligne d’approvisionnement du nord vers la capitale.
Le troisième front des combats se situe autour de l’aéroport international de Damas, et qui a été déclaré comme région militaire par les miliciens, lesquels y ont subi la semaine dernière des pertes énormes (plus de 3000 tués).
Il existe un quatrième front, mais nettement moins violent, celui de Zabadani, au bout de l’autoroute reliant Damas à Beyrouth.

Les milices sur place

Selon Assafir, les miliciens qui combattent dans la province de Damas sont nettement moins performants et beaucoup plus chaotiques que leurs homologues au nord de la Syrie ou de Homs. Leur éloignement de la frontière affecte leur approvisionnement en armement.

La présence des salafiste dans leurs rangs est en baisse. Les plus importants de ces derniers étant le bataillon de l’Islam, qui siège à Douma, et dont le chef Abou Ali Doumani a été tué en début de semaine, ainsi que la milice « les petits-fils du prophète » qui s’active dans la Ghouta orientale.

Quant au front d’al-Nosrat (Jabhat-Nusrat) , il est renfermé sur lui-même et sa présence est limitée dans le rif de Damas, quoique tous reconnaissent que ses frappes sont les plus énormes. Mais il s’éloigne  le plus de la guerre des rues.

L’anarchie au sein des milices

Quant aux autres groupuscules, ils souffrent d’un chaos. Ils divergent entre autre sur l’importance de la bataille de Damas : certains pensent que c’est un piège qui leur est tendu par le régime, pour les attirer tous et les décimer. Or, tous sont unanimes pour appréhender des destructions dans la capitale bien plus amples que celles infligées dans sa province. Surtout que les forces gouvernementales ont perfectionné leur positionnement au cœur de la capitale, après l’avoir divisée en carrés facilement contrôlables. Et après avoir déployé des dizaines de batteries d’artillerie sur la montagne Kassioune qui surplombe la ville et son entourage.

La bataille de Damas est d’autant plus difficile que plus du tiers de la population syrienne (15 millions) habitent désormais dans la capitale. Ce qui fait craindre des quantités énormes de victimes au cas où la bataille s’étend vers la capitale.

Autre signe de faiblesse des miliciens, ils reconnaissent souffrir des infiltrations du régime, ce qui lui permet de deviner leurs plans. De plus, certains d’entre eux ne se ménagent pas de les dévoiler sur les chaines satellitaires, comme cela s’est passé pour la chaine saoudienne Al-Arabiyya .

Arme chimique : guerre psychologique

 Concernant les risques de recours aux armements chimiques, tous les activistes sur le terrain sont d’accord pour les écarter, estimant qu’il s’agit là d’un scenario suicidaire pour tous, et pour l’inscrire dans le cadre de la guerre psychologique menée par les Occidentaux pour exercer davantage de pression sur Damas.

 

Les Alaouites comme les lapins

En revanche, c’est l’opposition qui est soupçonnée de vouloir recourir à l’armement chimique.
Sur la toile, une video fait scandale depuis mardi dernier. Elle filme des hommes encagoulés se présentant comme étant des membres du Bataillon du « Vent destructeur ».

Se vantant d’avoir entre les mains une production de gaz neurotoxique, ils étaient en train d’exécuter deux lapins en cage.

 L’un d’entre eux a juré qu’il allait infliger aux Alaouites le même sort que celui des lapins.

 

 

 Une usine chimique entre les mains des djihadistes

En parallèle, dans une lettre adressée à l’ONU, le ministère syrien des affaires étrangères a révélé que les miliciens se sont emparés d’une usine privée fabriquant du chlore toxique à l'est d'Alep (nord). Apres avoir mis en garde « contre l'utilisation par les groupes terroristes d'armes chimiques contre le peuple syrien », le ministère a déploré l'inaction de la communauté internationale.
 

L’usine concernée est la syro-saoudienne SYSACCO qui fabrique de la soude caustique et du gaz chlorhydrique. Elle a été prise cette semaine selon des habitants par les djihadistes du Front al-Nosra. Elle se trouve près de la localité de Sfire, dans une zone agricole. Il y a eu dans le passé de nombreuses plaintes d'agriculteurs car l'usine polluait l'eau.
   Dans les mêmes lettres adressées au Conseil de sécurité et au secrétaire général Ban Ki-moon, le régime a réaffirmé qu'il "n'utilisera jamais les armes chimiques, si elles existent".
  

Un organisme pour décimer les Alaouites

A Alep, les Alouites se trouvent aussi dans le collimateur d’un organisme, comprenant des centaines de miliciens, avec pour objectif de « purifier le pays des Nassiriens, en allusion aux Alaouites ».

Selon Syria Truth, cette organisation présente des similitudes avec l’organisme pour ordonner le bien et interdire le mal en action en Arabie saoudite.

Ses membres ont affirmé vouloir agir en parallèle avec d’autres organismes en place à Alep, dont « La sécurité révolutionnaire islamique » fondée par les Frères musulmans en Syrie, et chargée d’enlever tous ceux qui sympathisent avec le régime et de collecter des informations pour les services de renseignements américains et turcs.

Le conseil militaire

En Turquie, les dirigeants de la Coalition des Forces de la révolution et de l’opposition syrienne (CFROS) ont formé un conseil militaire unifié  comprenant 30 membres. L’évènement a eu lieu à Antalia, en présence de responsables arabes et occidentaux (français, britanniques, américains, saoudiens, qataris et turcs)  et de 263 officiers et représentants des milices syriennes.
Du coté saoudien était présent le chef des renseignements Bandar Ben Sultane, et du coté qatari le ministre d’Etat pour les affaires étrangères Abdel Rahmane Atiyyé. Selon des experts cités par Syria Politics, cette nouvelle direction militaire comprend de nombreux éléments liés aux Frères Musulmans et aux courants salafistes (proches de l’Arabie saoudite). Selon Arabs-Press, le chef d’état-major de cette force est le general Salim Idriss, lequel sera assisté par  5 officiers qui commandent les 5 fronts.

Les exclus

En ont été écarté Riad al-Asaad, le fondateur de l’ASL, ainsi que le général Moustafa cheikh, connu pour ses positions hostiles aux Frères musulmans.
Le grand absent de cette rencontre a été le colonel Hussein Hajj qui est l’un des plus hauts gradés qui ont fait défection depuis le début de l’insurrection. Il en est de même pour le colonel Ahmad Fahed Neameh qui dirige le Conseil militaire de Deraa. Alors que 42 officiers de la région de Hourane ont refusé de participer à la rencontre ou d’y envoyer des représentants. Les milices jihadistes en sont egalelement exclues, dont le front al-Nosrat.  
Le défi essentiel de cette formation sera d’unifier les sources de financement qui viennent des saoudiens et des qataris et d’en finir avec l’embargo européen sur les armes encore en vigueur, en raison de la présence des djihadistes. Des éléments des services des renseignements occidentaux se sont rendus en Syrie pour évaluer l’influence de ces djihadistes sur place.

Les djihadistes dans le piège

Entre temps, ces djihadistes continuent d’affluer en Syrie.
Des informations au Liban font état d’un piège qui a été tendu par les services de sécurité syriens à un groupuscule formé de 40 d’entre eux, des Tunisiens et des libyens, qui voulaient rejoindre les miliciens de l’ASL. Le guide libanais qui aurait dû les emmener à destination les aurait vendus à l’armée régulière, révèle Arabs-Press.