19-04-2024 02:03 PM Jerusalem Timing

Devant le congrès américain: le roi jordanien dans toutes ses fonctions

Devant le congrès américain: le roi jordanien dans toutes ses fonctions

Le roi jordanien a mis en garde des hommes politiques US contre Erdogan auquel il reproche surtout de préconiser « une solution islamiste radicale » aux problème

Des avions jordaniens étaient aux côtés des avions israéliens à la frontière sud de la Syrie, des forces jordaniennes ont rejoint des forces britanniques en Libye, le président turc suggère une solution islamiste radicale aux problèmes de la région. Les déclarations du roi jordanien lors d’une rencontre avec  des congressmen américains reflètent la nature de son rôle au Moyen Orient.

Ayant été prononcées le mois de janvier dernier à Washington, elles n’ont pas été rendue publiques mais viennent d’être publiées dans les deux quotidiens israélien et britannique, Haaretz et Guardian, qui semblent avoir obtenu séparément le contenu des conversations.

Offrir ses bons offices à Israël

La première fonction est nécessairement celle d’être à la disposition d’Israël, voire de lui offrir ses bons offices.

Les avions israéliens étaient en mission de reconnaissance lorsque des avions de combats jordaniens les ont rejoints, raconte le roi jordanien. Il continue : «nous avons vu les Russes voler. Mais ils n’ont pas tardé à se trouver face aux F-16 israéliens et jordaniens volant côte-à-côte dans l’espace aérien jordanien et israélien. Ils ont été abasourdis et ont compris qu’ils ne pouvaient jouer avec nous », rapporte le quotidien israélien Haaretz.

Et ce n’en est pas fini. Pour baisser la tension tripartite qui s’en est suivie, le monarque jordanien assure avoir contacté les Russes à la demande du chef du Mossad qu’il a reçu à Amman, « dans le but de discuter comment garder les Russes dans leur place », avant que Poutine n’envoie un délégué spécial.

Toujours selon la version rapportée par le Haaretz, le roi Abdallah a assuré qu’à chaque fois qu’il parlait avec les Russes, il veillait à coordonner ses positions avec Israël. Parfois même, il parlait en son nom, comme lorsqu’il a été question avec les Russes des missions  liées au sud syrien.

Il rapporte ainsi leur avoir dit qu’il voulait bien liquider la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, tout en refusant de leur fournir les coordonnées de leurs positions « pour ne pas leur donner d’alibi pour frapper l’armée syrienne libre aussi ».   

Concernant la Syrie, le souverain hachémite a révélé durant cette rencontre, rapporte le Haaretz, la présence d’une unité jordanienne qui combat secrètement en Syrie.
Elle est formée de tribus hostiles au président syrien et a été entraîné par  des soldats britanniques ont participé à la formation d'un bataillon mécanisé dans le sud de la Syrie.

De l'accent jordanien en Libye

Justement, l’autre fonction du roi jordanien est celle de collaborer étroitement avec les britanniques, là où qu’ils soient. Sachant qu’il leur doit son trône, accordé à son grand père grâce à l’aide politique et militaire qu’ils lui ont accordée.

En faisant part que les forces du Special Air Service (SAS) britanniques étaient impliquées en Libye depuis le début 2016, chose que les élus américains ne pouvaient ignorer, il leur affirmé qu’ils ont besoin de l'aide militaire jordanienne parce que "le dialecte jordanien est similaire à celui libyen".

"Le problème est beaucoup plus important que l'Etat islamique, c'est une Troisième guerre mondiale, dans laquelle les chrétiens, les juifs et les musulmans se battent contre les hors-la-loi", a –t-il dit, selon le journal britannique Guardian.

Le roi mouchard

Troisième fonction du roi jordanien qui se dégage de ses déclarations au Congrès : moucharder les autres dirigeants de la région, mêmes ses alliés. Ainsi, indique The Guardian, le roi jordanien Abdallah II a mis en garde les hommes politiques américains contre les dangers posés par le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan.

Il l’accuse d’envoyer dument des terroristes en Europe : « le fait que les terroristes soient envoyés en Europe fait partie de la politique turque », leur a-t-il dit, ajoutant aussi qu’il suggère « une solution islamiste radicale" aux problèmes de la région.

« La Turquie reçoit une tape sur les doigts, mais elle s'en tire toujours », a regretté le roi jordanien comme s’il insinuait qu’il fallait faire plus.  


Selon l’agence Sputnik, le Guardian a envoyé une demande au ministère britannique de la Défense, pour vérifier la véracité des informations en sa possession, mais ce dernier a refusé de la commenter. Sachant que l'une des sources de l'édition au sénat américain a confirmé la rencontre avec le roi, mais a refusé son contenu.

Le Haaretz dit aussi n’avoir pas pu obtenir de réaction de l’armée israélienne sur la coordination avec la Jordanie.

Il pourrait être normal de garder au secret une telle situation qui montre un roi arabe rendre compte de ses missions devant des élus américains. Mais hormis l'humiliation qu'elle reflète, elle n'en dévoile pas moins une autre de ses fonctions, la plus importante peut-être.