25-04-2024 03:03 AM Jerusalem Timing

L’EIIL annonce un califat, le "comble de la stupidité" pour les autres factions

L’EIIL annonce un califat, le

Une guerre civile djihadiste s’amorce.

 
Les miliciens de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), engagés dans le combat en Irak et en Syrie, ont annoncé dimanche l'établissement d'un "califat islamique" dans les régions conquises dans ces deux pays, faisant fi des frontières.

Les « institutions médiatiques » de « l’Etat » ont posté sur internet un enregistrement sonore de son porte-parole Abou Mohammad al-Adnani sous le titre « Telle est la promesse de Dieu ».

Dans cet enregistrement, al-Adnani déclare que « l’Etat islamique, représenté par ses notables, ses commandants, ses émirs et son conseil consultatif, a décidé de nommer comme califat de musulmans le cheikh combattant  Abdallah Ibrahim ben Awad et il a accepté l’allégeance. Il devient ainsi un imam et un calife pour tous les musulmans du monde», en allusion à Abou Bakr al-Baghdadi.

Le porte-parole a cité « les exploits de l’Etat » et les conditions de son annonce: «  Les règles de Dieu sont établies. Les croix ont été brisées. Les tombes détruites. Les détenus libérés par la force de l’épée. Les gouverneurs ont été désignés. Les juges nommés. La taxe (jezia) imposée. L’argent de la Zakkat (impôt) recueilli… Il ne reste qu’une chose, le califat, qui est le devoir oublié de cette époque ».

Selon un cheikh salafiste cité par al-Akhbar, le califat signifie que « les limites et les barrages entre les pays islamiques sont annulés, que le régime économique est unique, ayant pour monnaie celle qui porte l’effigie de l’islam et qu’il possède une armée qui le protège ».

Dans l'enregistrement, le porte-parole de l'EIIL explique que le califat s'étendra d'Alep (nord de la Syrie) à Diyala (est de l'Irak), soit sur les régions conquises par ce groupe dans ces deux pays où ses milliers de combattants font la guerre au pouvoir en place.
L’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se fait désormais appeler "Etat islamique" pour supprimer toute référence géographique.

Al-Adnani a affirmé en outre que « tous les émirats, les groupes, les wilayats et les organisations présents sous le contrôle de l’Etat sont désormais illégitimes », avertissant les autres factions de ne pas se soumettre à l’Etat.

Prémices d’une guerre civile djihadiste

Bien que cette annonce ne soit pas surprenante, une telle mesure ouvre la porte devant de nouvelles batailles entre l’EIIL et les autres groupes qui rejettent l’allégeance à Baghdadi dans les régions du califat.


Donc, la guerre « civile djihadiste » s’embrasera dans de nouvelles régions qui seront concernées par l’étape de « l’expansion ».

Une source du groupe a indiqué au journal libanais al-Akhbar que « les opposants à cet appel d'allégeance seront traités en tant qu’apostats, donc, pas question de ne pas les combattre».

Et d’expliquer que « les dirigeants de l’Etat dans les différentes provinces sont mandatés pour recevoir les allégeances au calife Ibrahim ».

« Quant à ceux qui désirent prêter allégeance mais qui sont hors des territoires de l’Etat, ils ne sont pas obligés de la déclarer publiquement. Ceci est dans leur intérêt. Mais ces frères auront un rôle majeur dans les prochaines étapes, celles de nouvelles conquêtes et de l’expansion du pouvoir du califat. L’annonce du califat est le couronnement d’une période antérieure mais aussi un prélude pour une nouvelle étape. Je jure par Dieu que nous n’allons déposer l’épée jusqu’à ce que les bannières du califat et les drapeaux de l’unicité flottent dans le monde entier », a indiqué cette même source.
 
L'annonce de ce califat "est le développement le plus important dans le jihad international depuis le 11 Septembre" 2011, a affirmé Charles Lister, chercheur associé à Brookings Doha, en référence aux attentats d'Al-Qaïda aux Etats-Unis.

"Cela pourrait marquer la naissance d'une nouvelle ère de jihadisme transnational (...) et cela pose un véritable danger à Al-Qaïda et à son leadership", ajoute cet expert, selon qui l'EIIL, qui a des partisans dans de nombreux pays, est également la formation radicale la plus riche.

 

 

 

Réticences des autres factions radicales

Certes, l’annonce du califat embarrasse toutes les factions radicales. Baghdadi a fustigé ces factions dans son enregistrement, considérant que celles-ci retardent la victoire finale parce qu’elles sont une raison pour la division.

Une source des brigades Abdallah Azzam confie à al-Akhbar que le temps n’est pas propice pour faire cette annonce. Ce jeune libanais recherché pour plusieurs mandats d’arrêt pour appartenance à un groupe terroriste considère que la proclamation du califat « détruit tout ce que les combattants de l’islam ont bâti dans le monde entier ».

Interrogé s’il allait lui-même prêter allégeance à Bagdadi, il a répondu : « Je ne divise pas les rangs des combattants, mais certes je ne prêterai pas allégeance. Je ne le ferai jamais même si l’on me coupe la tête mille fois. Je n’accepte point une charia (loi) qui légitime à tort l’effusion du sang de milliers de musulmans » !

Un autre cheikh salafiste qualifie de « stupide » l’annonce du califat, parce que l’Etat islamique ne possède pas les bases d’un véritable Etat. Est-ce que la force militaire suffit pour établir un Etat ? Où sont les experts de l’économie et de la pédagogie ? Pour moi, ce suicide accélérera  l’effondrement de l’Etat ».

Voilà comment le « califat islamique » est devenu un fait accompli. La seconde étape sera la Mecque selon des sources radicales citées par al-Akhbar. La ville du Messager de Dieu. Par la suite, l’Etat islamique nommerait un « émir » dans chaque «wilayat » (province) de la région. Le Liban aurait-il le sien ? Le parti Tahrir (libération) saurait la réponse, surtout qu’il est le parti islamique libanais qui appelle depuis des années à instaurer un califat dans ce pays. 


Source: AFP + al-Akhbar