29-03-2024 12:23 AM Jerusalem Timing

Diviser la Syrie pour négocier... avec Assad

Diviser la Syrie pour négocier... avec Assad

Obama a fait savoir à la Coalition de l’opposition que les avancées de l’armée syrienne sont dues au fait que les officiers sunnites se sont rassemblés autour de son commandement.

Diviser la Syrie pour négocier avec le président syrien Bachar al-Assad, telle est la nouvelle devise d’action des « Amis de la Syrie ».

Le constat est rapporté de sources diplomatiques françaises par le chroniqueur de notre site Nidal Hémadé à l’issue de la toute dernière rencontre de ces pays qui soutiennent l’insurrection en Syrie, déroulée à Londres le 15 mai dernier.

Une décision, si elle est mise en exécution n’est autre que l’illustration que ces pays sont à court de solutions aussi bien militaires que politiques. Au moment où la situation sur le terrain est de plus en plus à l’avantage de l’armée syrienne. - Ses exploits s’approchant de plus en plus des deux frontières turques et jordaniennes, sans oublier celles de la Palestine occupée.- Elle illustre aussi, de nouveau, que le renversement du président syrien n'est plus envisagé. Pragmatisme oblige.

Dans les faits, c'est la Turquie qui a proposé cette devise.
 
 «  Nous ne pourrons faire pression sur Assad tant qu’il y aura un seul gouvernement et une seule autorité. Il faut qu’il y ait deux autorités reconnues internationalement pour obliger Assad à faire des concessions et à faire marche arrière », a dit le chef de la diplomatie turc Ahmad Davutoğlu. Et d’ajouter : «  nous devons agir pour instaurer une autorité autonome au nord de la Syrie qui puisse obtenir notre reconnaissance et avoir les moyens de subsistance ».

Silence saoudien

Selon des sources diplomatiques françaises, personne dans l’audience n’a bronché. Pas même le ministre saoudien des AE, Saoud al-Fayçal l’auteur de la fameuse phrase «  Monsieur le président », en s’adressant au chef de la Coalition de l’opposition syrienne, l’allié des saoudiens Ahmad al-Jarba. Ce fut son dernier discours d’escalade.

Et c’est depuis Ankara qui prône les positions les plus extrémistes. Son Premier ministre turc Reccep Tayyeb Erdogan n’a pas fini de traiter cette crise comme une affaire personnelle. La Jordanie, quant à elle refuse toute escalade près de sa frontière, de crainte d'une contagion des miliciens takfiris salafistes chez elle.

Ce réajustement des plans d’Ankara a certainement été inspiré par les dernières avancées de l’armée régulière au nord de la Syrie. « Depuis que le siège imposé à la prison centrale d’Alep a été débloqué, les quartiers contrôlés par les rebelles à l’est d’Alep se trouvent dans une situation critique. Aussi bien les approvisionnements que l’envoi d’hommes sont menacés », constatent ces sources.

Damas avait auparavant sécurisé toutes les régions est de la province d’Alep et ses forces se trouvent désormais aux confins de sa province nord.

De nouveau à la tâche

Depuis, les services de renseignements des Amis de la Syrie se sont remis à la tâche. Une énième fois!

Une rencontre a réuni les responsables Américains, français, britanniques, qataris et saoudiens à Antioche, assure le correspondant du journal libanais assafir en France, citant des sources arabes à Paris.

Les nouveaux moyens discutés sont l’ouverture de nouveaux fronts qui puissent divertir les forces gouvernementales, l’édification d’une nouvelle ligne de défense dans la province, et l’élévation du niveau d’armements des milices.
Les Turcs ont même réitéré leur proposition d’imposer une zone d’exclusion aérienne pour empêcher les forces gouvernementales de s’approcher de la frontière avec la Turquie.

Négocier et non plus renverser

Or, les dirigeants de l'opposition pro occidentale se sont finalement rendus à l'évidence.

Selon Assafir, lorsque les membres de la délégation de la Coalition ont rencontré le mardi dernier a l’Élysée le président français François hollande, ce dernier a été surpris de les entendre dire que « leur principal objectif n’est plus de renverser le régime syrien, mais d’améliorer leurs conditions en vue de négocier avec lui,  en réajustant l’équilibre des forces ».

Auparavant, lors de sa visite à Washington, la délégation de la Coalition présidée par Jarba avait entendu l’analyse du président américain, Barak Obama  : «  l’avancée de l’armée syrienne n’est pas due au soutien russe et iranien, mais parce que les officiers sunnites se sont rassemblés autour de leur commandement ».

Façon de leur dire que la coalition est à bout, et ne mérite en conséquence plus d’être assistée.

Prudence russe

Ce désistement ne semble néanmoins pas décontracter les Russes qui restent sur leurs gardes. Evoquant toujours l’éventualité d’une intervention militaire occidentale.   
"Une opération militaire contre le régime de Bachar al-Assad n'est pas à exclure. Le conflit intérieur syrien armé s'est transformé en une guerre de pratiquement toutes les forces islamistes radicales du monde contre un Etat souverain", a déclaré le chef d'état-major général des Forces armées de Russie Valeri Guerassimov.

Une prudence russe acquise au fil de perfidies occidentales qui refusent de lâcher du lest !