28-03-2024 03:29 PM Jerusalem Timing

Quand la prison devient une monture à la présidence aux yeux de Geagea !

Quand la prison devient une monture à la présidence aux yeux de Geagea !

« C’est de l’ironie de l’histoire de voir Samir Geagea se porter candidat à la présidentielle, lui, dont l’histoire regorge de crimes", affirme un ancien ministre libanais.


Dans ce pays qu’est le Liban, rien n’est impossible. Par exemple, on accuse une résistance qui a chassé l’occupant de chercher à occuper le pays ! Ou on justifie des attentats terroristes contre une partie de la population pour obtenir des gains en politique ! Mais le pire de tout, c’est qu’on permet à un ancien prisonnier de se porter candidat à la présidentielle !

Oui, c’est dans un pays comme le Liban que Samir Geagea, chef des Forces Libanaises, décide de devenir président. Lui qui fut accusé de l'attentat contre l’église de Notre-Dame de la Délivrance, d'avoir donné l'ordre d’assassiner ses concurrents au sein de la communauté maronite,  la famille de Dani Chamoun, la famille Franjiyeh, d’avoir incité au meurtre du docteur Elyas Zayek, d'avoir planifié l’assassinat du  ministre Michel Murr, d’avoir commanditer l'assassinat du président Rachid Karameh. Et la liste des accusations s’allonge. Bien entendu, Geagea ne cesse de plaider non coupable.

« C’est de l’ironie de lhistoire de voir Samir Geagea se porter candidat à la présidentielle, lui, dont l’histoire regorge de crimes », commente l’ancien ministre libanais Abdel Rahim Mrad, cette décision.

Il déplore l’absence de critères bien définis dans la Constitution libanaise au sujet des personnes éligibles. « Suivez l'exemple d’autres pays comme l’Egypte qui a su comment fixer les règles constitutionnelles pour ne pas permettre de convoiter la direction du pays», ajoute-t-il.

A l’approche de la tenue des élections présidentielles, Geagea qui convoite ce poste depuis un bon moment, a décidé de commémorer le 20ème anniversaire de sa détention, en inaugurant dans son domicile à Mehrab (nord Liban) une cellule rappelant celle dans laquelle il a vécu pendant onze ans !

Certes, cette initiative n’est pas gratuite. Surtout que Geagea a tenu à reconstituer la scène de son emprisonnement devant toute l’opinion publique, lors d’une tournée réservée aux médias dans ladite cellule.

« Cette cellule ressemble à celle du ministère de la défense, du point de vue de la forme et pas du contenu. Depuis la fin de l’époque de la tutelle (syrienne : ndlr), la prison du ministère de la défense est devenue conforme à la loi et ses cellules ne ressemblent plus aujourd'hui à celle que vous êtes en train de visiter »,  a-t-il dit à l’adresse des journalistes.

Les médias qui font circuler cette « propagande de victimisation dans le but d’innocenter le chef des Forces Libanaises », selon Abdel Rahim Mrad, « ne pourront pas leurrer l’opinion publique et surtout la rue sunnite ». « Sachez que les citoyens sunnites ne soutiennent pas la candidature du meurtrier de Rachid Karameh (ancien Premier ministre)  et que la politique du Courant du Futur ne reflète pas la position de la rue sunnite », affirme-t-il.

De retour aux souvenirs ressuscités de Geagea, onze ans après sa libération, celui-ci s’est attardé sur ses occupations quotidiennes en prison : "La prière venait toujours en premier », dit-il, larmoyant. « Il y avait aussi le chant, la lecture, la patience et l'entretien de la cellule après chaque opération de fouille ».

En toute fierté, il affirme n’avoir pas honte de son passé, et tente de se justifier : « J'avoue que j'ai commis des erreurs, comme tout le monde, et je me suis déjà excusé pour ces erreurs devant l'opinion publique. Mais mon passé est étroitement lié à celui du Liban. J'aurais aimé que les autres apprennent de ce passé au lieu de m'accuser de tous les maux", conclut le candidat à la présidentielle libanaise.
Contrairement aux autres candidats, l’annonce controversée de Samir Geagea a fait couler beaucoup d’encre et de salive, surtout sur les pages des réseaux sociaux.

« Saad Hariri appelle Samir Geagea pour afficher son soutien à la présidentielle : Bref, un criminel qui a tué son père salue un criminel qui a tué le peuple libanais », commente un internaute sur Facebook au sujet de l’entretien téléphonique entre Saad Hariri et Samir Geagea.

Le site Asia news a effectué un sondage dans la rue libanaise sur le soutien du Futur à la candidature de Geagea. Selon les résultats de ce sondage, la plupart des Libanais considère que la mesure de Hariri a porté un coup dur aux partisans du Courant du Futur dont la majorité rejette la candidature de ce dernier.
Alors que d’autres ont affiché leur soutien au chef des FL.

Les jours à venir détermineront si vraiment le Liban est un pays pas comme les autres, ou bien un pays où chacun occupe sa place convenable !