16-04-2024 06:58 PM Jerusalem Timing

Vrai ou faux : le front al-Nosra ferme ses portes aux nouveaux venants

Vrai ou faux : le front al-Nosra ferme ses portes aux nouveaux venants

Au nord de la Syrie, ses frictions avec la milice al-Farouk se multiplient.

La milice jihadiste d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra a annoncé ne plus accueillir de miliciens étrangers dans ses rangs.

Selon le site Arabi-Press, c’est un commandant militaire de la milice, le saoudien Abou Salmane al-Atouani qui a lancé cette annonce, via sa page Tweeter, écrivant : « les portes d’al-Nosra sont désormais fermées ». Un seul mot a été signalé comme motif invoqué : « infiltrations ».

Cette mesure est d’autant plus curieuse qu’elle survient après la campagne de mobilisation menée par Al-Qaida pour envoyer davantage de jihadistes en Syrie.
À cet égard, le site rappelle une information véhiculée par un activiste médiatique de l’insurrection syrienne, Abou Khaled Al-Hariri qui avait annoncé qu’un bataillon entier du front al-Nosra avait été décimé le mois dernier, par des tirs amis, durant des combats dans la région de Deraa.

L’information n’avait pas alors été prise au sérieux, surtout que les dirigeants de la milice de l’Armée syrienne libre ne cessaient de louer la milice d’Al-Qaïda. Une information pareille aurait pour but d’induire en erreur les Occidentaux , qui refusent d’armer les insurgés, en raison de la présence dans leurs rangs des miliciens d’Al-Qaida.

En finir avec al-Nosra


Le chef du Conseil militaire de Deraa Ahmad NeeméSelon Arabi-Press, le nouveau patron du Conseil militaire de Deraa, le général Ahmad Neemé, proche des services de renseignements jordaniens, ne cache plus que des préparatifs sont en cours, avec l’aide des Etats-Unis et de l’Occident pour éliminer le front, à l’instar de ce qui s’était passé  en Irak.

Plus encore, des sites jihadistes, dont « Al-Oumma l-yaoum » (la Nation aujourd’hui)   ont accusé les services de renseignements jordaniens d’avoir formé un commando spécialement chargé de missions spéciales pour combattre les miliciens du front l-Nosra.

Mais selon Arabi-Press, ce sont les infiltrations effectuées par les forces syriennes gouvernementales qui ont été les plus fatidiques pour le front al-Nosra. Elles se sont illustrées par la mort de plusieurs commandants militaires de la milice, dans des attaques de l’armée régulière. Ce qui la pousse à chercher les infiltrations dans ses rangs.

Se prémunir des infiltrations

L'article d'Abdallah Ben Mohammad sur le site jihadiste Ansar al-MoujahidinesCes derniers temps, constate Arabi-Press, un article sur ce thème réalisé par un expert connu des milieux jihadistes a été diffusé et relayé à grande échelle sur les sites jihadistes.

Intitulé «Comment les brigades jihadistes doivent-elles faire pour se prémunir des tentations d’infiltration », Abdallah Ben Mohammad a écrit : «  la menace de l’infiltration ne provient pas de sa quête d’informations, car c’est la mission d’un agent ordinaire, mais elle provient du fait de changer de direction l’entité infiltrée pour servir les intérêts de la partie qui infiltre ».

L’auteur donne un exemple illustrant sa thèse : «  en Algérie, les services de renseignements français étaient parvenus à réaliser l’une de plus grandes infiltrations des groupes jihadistes à travers le président de l’Instance de législation, qui a accordé un couvert de légitimité à certaines déviances », poursuit-il.

L’expert d’Al-Qaïda assure aussi que ces services français étaient parvenus aussi à faire régner l’atmosphère nécessaire pour qu’Abou Abdel-Rahmane soit désigné prince de moudjahidines, permettant aux idées des khawarejs de faire leur irruption. Ce courant qui date de l’époque des califes rachidistes s’est fait remarquer par ses décisions d’abjuration de tous ceux qui ne partagent pas sa vision et leur condamnation à mort.

Abjurer le front al-Nosra

Jihadistes en AlgérieSelon Arabi-Press, une source proche du front al-Nosra lui avait révélé l’existence d'un nouvel organisme, commandé par un certain Abou Ali le Koweitien, et qui apostasie le front al-Nosra au motif qu’il est extrémiste. Ce groupuscule ressemble selon cette source à celui d’Algérie, dirigé par Abou Abdel-Rahmane dans les années 90 du siècle dernier, et qui avait commis des massacres horribles contre les civils, les militaires voire même contre des Islamistes. Il est soupçonné d’avoir été formé par les services de renseignements internationaux pour éradiquer le front al-Nosra.

Tal-Abiad : rien ne va plus

Pertes après les accrochages entre les deux milicesDans la province d’Alep, et plus précisément à Tal Abiad, rien ne va plus entre la milice d’Al-Qaïda et l’une des milices principales de l’ASL, al-Farouk.

Selon l’opposant Khaled AlHaj Saleh, originaire de la ville, les menaces d’abjuration d’al-Nosra ne sont plus acceptables. Il rapporte samedi dernier selon Arabi-Press que les miliciens du groupuscule jihadiste ont pris d’assaut un siège de la milice al-Farouk, et capturé ses 11 hommes, pour les fouetter. Saleh accuse aussi ce groupuscule d’avoir abjuré le conseil municipal instauré par l’ASL, exigeant sa dissolution, et menaçant d’égorger les membres de l’Union des jeunes de Tal Abiad.

Abou AzzamL’opposant les accuse aussi d’avoir tenté d’assassiner l’un des dirigeants de l’ASL, Mohammad Daher (Abou Azzam), et d’avoir tabassé deux de ses miliciens. S’exprimant pour le quotidien américain Sunday Times, Abbou Azzam s’est dit prêt, pour combattre le front al-Nosra, de soutenir le président syrien Bachar el-Assad. «  Si nous allons nous entretuer comme ça, je vais rester chez moi et je soutiendrai Bachar », a-t-il prétendu.

Les combats à Tal Abiad entre les deux milices se sont poursuivis pendant un journée complète, au cours de laquelle le siège du bataillon cheikh el-Islam a aussi été attaqué, sachant qu’il abrite des familles réfugiées, selon ce qu’en rapporte Saleh, selon lequel le front al-Nosra ne cesse de détruire sa popularité aussi bien à Tal Abiad, qu’à Raqqa.

 Les Doutes à Raqqa

Justement dans la ville de Raqqa occupée par les miliciens du front depuis le 6 mars dernier, les positions de Saleh suscitent bien des doutes.

Yassine haj SalehSelon l’un des activistes de la ville, Ayman Rakaoui, cité par Arabi-Press, Mohammad et ses deux frères, dont l’écrivain Yassine ( soupçonné de résider dans l’ambassade des Etats-Unis à Damas) étaient chargés du suivi des miliciens d'al-Nosra et des autres, et d’en avoir introduit des milliers à partir de la frontière avec la Turquie. Ce sont ces trois membres de la famille Saleh qui auraient aussi persuadé certaines tribus de Raqqa de travailler avec le front al-Nosra.

Pour les différents medias arabes, dont le journal Assafir, l’écrivain Saleh avaient longuement récusé la présence de salafistes et de jihadistes en Syrie et accusaient le régime de vouloir fabriquées ces versions, pour dissuader les occidentaux de soutenir l’insurrection. 
 

Les mesures restrictives imposées à la population de la ville semblent avoir contribué à lui changer d'avis, et à soulever aussi le mécontentement de la population. A peine formée, la police morale a interdit la vente de cigarettes, et imposé aux femmes de porter le niqab et de ne sortir dans les rues qu’en compagnie d’un parent.

Le peintre syrien Ayman NasserPour sa part, l’artiste Ayman Nasser, dont les sculptures ont été détruites par les miliciens jihadistes dès leur entrée dans la ville a annoncé qu’il a changé d’avis concernant le front al-Nosra.

Après les avoir longtemps défendu, il a déclaré ne plus les soutenir.

Lui aussi indique qu’il pensait que c’est «  le régime syrien qui ternissait leur image ».

Mais c'est surtout la destruction de la statue du savant musulman en mathématiques, Ibn Al-Batani qui a soulevé l'opprobre de ce peintre et de nombreux syriens.

Et puis dans ce qui semble être un démonstration de force populaire, pour contrecarrer, le front al-Nosra a organisé dans la ville, dans la nuit de dimanche a lundi une manifestation dans laquelles les particpants réclament "le califat islamique".

La photo montée sur le site illustrant la manifestationDans le site proche des milieux jihadistes, " AlOUmma l-Yaoum", il est écrit qu'un million de Syriens y ont participé. 

Il n'en est rien de cette exagération dans la vidéo diffusée sur YouTube. Si ce n'est que le front ne compte pas se laisser intimider.

La bataille de Raqqa

 Toujours à Raqqa, le site syrien Syrian Truth a rendu compte du déclenchement dimanche de la bataille de Raqqa par l’armée régulière. Des accrochages violents ont lieu dans tous les axes de la ville, située au nord-ouest de la Syrie, près de la Turquie, et qui avait été occupée par les miliciens du front al-Nosra et « Gouraba esh-Sham » au début du mois de mars. Les accrochages se sont poursuivis ce lundi, selon Syrian Documents.

Massacre à Tal Kalakh

Par ailleurs, l'agence de presse syrienne Sana a fait état ce lundi d'un massacre perpétré dans la loalité de Tal Kalakh, à la frontière avec le Liban et dont le nombre des victimes, des femmes et des enfants, s'élève à 10.

L'agence officielle Sana a accusé "des terroristes" d'avoir lancé un assaut sur Borj, "tuant 10 civils, en majorité des femmes et des enfants". Alors que les sources de l'insurrection ont comme d'habitude accusé l'armée régulière de ce massacre.  

le milicien de l'ASL Bilal ramadane tué ce lundi 1er avril dans le quarteir Qaboune de DamasDans la province de Damas, l’armée de l’air a pilonné des positions de la milice du front al-Nosra dans la partie nord de la ville de Kara, tuant 11 miliciens. 

Le militaire régulier Omrane Youssef  tué à BazzéDu côté de Harasta, dans la province est de la capitale, ce sont 3 miliciens de l’ASL qui ont péri.

Alors qu’un nombre non précis de miliciens a également été blessées ou tués dans le pilonnage de leur repaire dans la localité Maadamiyyé. Des activistes indiquent que des civils font partie des victimes.

Des accrochages ont eu lieu aux confins du quartier de Jobar occupé par les miliciens.

Dimanche, une voiture piégée a explosé a proximité de la mosquée Al-Akram, à l’est du quartier huppé de Mazzé, tuant un civil et en blessant deux autres. 

Dans la province de Deraa, 6 miliciens de l’ASL ont été tués ce lundi dans un bombardement de la localité al-Harak alors qu’un pilonnage des positions de l’ASL dans la localité Yadoudé  a fait plusieurs blessés dans les rangs des miliciens.

Alors qu'à Deir Ezzor, contrôlée par les miliciens, trois puits de pétrole ont été incendiés, après des "différends entre eux sur la répartition du pétrole volé".  

D'après Sana, ce "pétrole volé" fait perdre à la Syrie "4.670 barils de pétrole et 52.000 mètres cubes de gaz" par jour.