28-03-2024 08:16 PM Jerusalem Timing

Le budget du Pentagone orienté vers une guerre avec la Russie et la Chine

Le budget du Pentagone orienté vers une guerre avec la Russie et la Chine

La mission énoncée par le secrétaire américain à la Défense est essentiellement une lutte militaire pour imposer le contrôle des États-Unis sur toute la planète.


Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a souligné au cours d’une première présentation du budget de 583 milliards de dollars du Pentagone que l’armée américaine s’orientait, tout en intensifiant ses interventions en cours au Moyen-Orient, vers une guerre contre la Russie et la Chine.

Prenant la parole devant l’Economic Club de Washington mardi, Carter a dit que le budget gargantuesque de l’année fiscale 2017, qui sera présenté la semaine prochaine, était conçu pour faire face à ce qu’il a appelé « une nouvelle ère stratégique ». La teneur du discours de Carter, prononcé au rythme du technocrate rompu à la destruction massive, était que l’impérialisme américain se préparait à une nouvelle guerre mondiale.

Le plus gros changement dans le budget est le quadruplement du financement de la soi-disant European Reassurance Initiative (Initiative pour rassurer l’Europe) qui passe de 789 millions à 3,4 milliards de dollars. Une initiative prise par le gouvernement Obama à la suite de la crise provoquée en Ukraine il y a deux ans, où les Etats-Unis et l’Allemagne ont orchestré un coup d’Etat mené par des forces néo-fascistes qui ont renversé le gouvernement aligné sur Moscou du président Viktor Ianoukovitch.

En septembre 2014 Obama, parlant à Tallinn, la capitale estonienne, a engagé les Etats-Unis à défendre militairement les trois anciennes républiques baltes soviétiques. L’engagement était « inébranlable » et « éternel » et inclurait « des soldats américains sur le terrain ».

Selon un article du New York Times mardi, l’augmentation du financement servira à assurer le maintien en permanence par les États-Unis et l’OTAN d’une brigade blindée de combat complète sur la frontière occidentale de la Russie. Cela permettra un déploiement avancé d’armes et de matériel militaire en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, ainsi que dans d’autres pays de l’est de l’Europe comme la Hongrie et la Roumanie.

Le New York Times cite un responsable du Pentagone disant que ce qu’on préparait était une présence ininterrompue de troupes par rotation dans la région, ce qui signifie que les unités de combat seraient déployées en permanence. Cette tactique provocatrice et irresponsable doit contourner un accord conclu en 1997 avec Moscou et connu sous le nom d’Acte fondateur OTAN-Russie, où les deux parties s’engageaient à ne pas stationner de troupes en grand nombre sur leurs frontières respectives.

Les États-Unis, a insisté Carter, devaient avoir la capacité de contrer la Russie « sur l’ensemble du théâtre » ce qui signifie que les Etats-Unis doivent maintenir des forces capables d’attaquer la Russie partout où ils le jugent opportun.

L’argent pour cette escalade anti-russe doit être puisé dans le compte des Opérations de contingence à l’étranger, le fonds de guerre qui a payé les guerres et occupations américaines en Irak et en Afghanistan. Bien que du point de vue comptable le but soit de contourner les plafonds de dépenses du budget ordinaire du Pentagone, cela signale également qu’il s’agit de la préparation active à une confrontation militaire entre les deux principales puissances nucléaires.

La proposition de budget contient des plans de développement important de l’arsenal nucléaire de l’impérialisme américain. Elle appelle à l’attribution de 13 milliards dollars sur les cinq prochaines années pour développer et produire une flotte de nouveaux sous-marins à missiles balistiques nucléaires. Des sources du Pentagone ont déclaré que le projet de budget prévoyait également un nouveau bombardier pour l’Armée de l’air et une nouvelle génération de missiles balistiques nucléaires intercontinentaux.

Le budget proposé par le Pentagone met l’accent sur le développement de la puissance de feu navale, dans le but d’intensifier le « pivot » du gouvernement Obama « vers l’Asie », qui a vu des opérations militaires américaines de plus en plus provocatrices en mer de Chine méridionale. « Nous faisons tous les investissements que vous voyez dans notre budget de la Défense, qui s’orientent spécifiquement vers une maîtrise du développement miliaire chinois », a dit Carter.

L’assertion que le financement du vaste appareil militaire américain serait motivé par la nécessité de suivre le rythme de la croissance militaire chinoise ou russe est manifestement absurde. Les dépenses militaires américaines de l’an dernier étaient supérieures à celles des sept grandes puissances suivantes combinées. L’armée américaine a dépensé près de trois fois plus que la Chine et environ sept fois plus que la Russie.

Carter a énoncé cinq « défis » auxquels le budget du Pentagone devait selon lui répondre. En tête de liste il y avait la Russie et la Chine, suivies de la Corée du Nord et de l’Iran. Le tout dernier était l’intervention américaine en cours contre Daech (EI), incorporée à la soi-disant guerre contre le terrorisme qu’on présente depuis près de 15 ans au peuple américain comme la justification de la croissance ininterrompue du militarisme américain.

Le budget du Pentagone prévoit aussi une augmentation substantielle dans ce domaine. Il inclut, sur un total de 7,5 milliards de dollars, 1,8 milliards pour payer 45.000 bombes et roquettes nécessaires pour reconstituer des stocks diminués par les frappes aériennes continues en Irak, en Syrie et en Afghanistan.

Carter a souligné que le changement de stratégie était basé sur un « retour à la compétition entre grandes puissances ». Cela exigeait que l’armée américaine se prépare à affronter « un ennemi très sophistiqué » avec « toute la gamme » de la force armée. Cette situation était « radicalement différente de celle des 25 dernières années » a-t-il dit, faisant allusion à la période écoulée depuis la dissolution de l’Union soviétique par la bureaucratie stalinienne de Moscou.

Il a insisté pour dire que «l’Amérique est encore aujourd’hui le leader du monde » et le « garant de la stabilité et de la sécurité dans toutes les régions du monde, comme nous le sommes depuis la Seconde Guerre mondiale ».

L’armée américaine, a-t-il dit, devait se préparer à affronter ceux «qui voient la domination de l’Amérique et veulent nous l’enlever… à l’avenir pour que nous ne puissions pas opérer efficacement partout dans le monde ».

La mission énoncée par le secrétaire américain à la Défense est essentiellement une lutte militaire pour imposer le contrôle des États-Unis sur toute la planète. La supériorité militaire restante de l’Amérique doit être utilisée pour contrer les effets du déclin prolongé du capitalisme américain et de sa domination de l’économie mondiale. À cette fin, l’impérialisme américain doit faire face à tout rival réel ou potentiel à son hégémonie, tant mondiale que régionale. La voie indiquée par le discours de Carter mène inexorablement à la Troisième Guerre mondiale.

Source: Mondialisation