18-04-2024 01:01 PM Jerusalem Timing

USA:des psychologues ne veulent plus participer à des interrogatoires de suspect

USA:des psychologues ne veulent plus participer à des interrogatoires de suspect

Depuis les attentats du 11-septembre, des psychologues américains font part aux interrogatoires musclés entrepris par le Pentagone lors dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

Des responsables de la principale association américaine de psychologues veulent renforcer l'éthique de la profession après des révélations de collusion entre certains de leurs membres et le Pentagone lors d'interrogatoires musclés dans le cadre de la lutte anti-terroriste après les attentats du 11 septembre.
   
Les dirigeants de l'American Psychological Association (APA) vont recommander un durcissement du code éthique pour interdire aux adhérents de participer à des interrogatoires de l'armée ou des services de renseignement, a indiqué vendredi à l'AFP la Dr Nadine Kaslow, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l'Université Emory (Atlanta, sud-est) une de ces responsables.
   
Le conseil d'administration de l'APA, "va soumettre cette recommandation au vote des 173 membres du conseil des représentants, l'organe dirigeant du groupement, lors de la conférence annuelle de l'association à Toronto" au Canada la semaine prochaine, a-t-elle précisé, ajoutant "ne pas savoir si cela sera adopté intégralement ou amendé".
   
Une adoption ferait que toute participation d'un psychologue à des interrogatoires relevant de la sécurité nationale transgresserait l'éthique de l'APA.
   
Cette règle s'appliquerait également aux méthodes d'interrogatoire dites non-coercitives, auxquelles recourt l'administration américaine.
 

En 2009, le président Barack Obama avait signé un décret interdisant le recours aux techniques brutales d'interrogatoire utilisées pendant la présidence de son prédécesseur, George W. Bush, comme la simulation de noyade - ou "waterboarding" -, considérée désormais comme de la torture.
   
L'APA répond ainsi à un rapport publié plus tôt en juillet, contenant les résultats d'une enquête indépendante sur la participation de psychologues reconnus à des programmes d'interrogatoires musclés de l'agence américaine de renseignement CIA et du ministère de la Défense sous l'ère Bush.
   
L'enquête menée pour le Conseil d'administration de l'APA par un avocat de Chicago, David Hoffman, a déterminé qu'il y avait eu collusion entre une poignée de responsables de l'association pour aligner les politiques de cette dernière sur celles du Pentagone, de manière à ce que des psychologues puissent participer aux interrogatoires.
   

Les enquêteurs ont également établi que des psychologues respectés avaient aidé la CIA à dissimuler et à donner une caution à certains aspects de son programme pour qu'il ne puisse pas être remis en question éthiquement par des médecins et d'autres professionnels de santé.
   
 Psychologues à Guantanamo

"Le rapport Hoffman contient des faits très troublants qui révèlent des exemples préoccupants de collusion qui n'étaient pas connus", avait souligné Susan McDaniel, membre du comité spécial indépendant de l'APA chargé de faire la lumière sur ces pratiques.
   
"La manière dont ce groupe de travail a été créé en 2005, ses membres et ce qu'on y faisait étaient influencés par la collusion entre un petit groupe de représentants de l'APA et des responsables du département de la Défense", a insisté la Dr Kaslow.
   
Elle s'est dite "extrêmement contrariée et attristée" par le rapport de 542 pages.
La Dr Kaslow a aussi dit que l'APA n'avait pas encore parlé de l'impact de cette nouvelle règle sur le travail des psychologues dans l'armée ou d'autres agences de sécurité nationale.
   
"Cela est très compliqué actuellement car nous avons des psychologues chez les militaires et nous devons être plus engagés sur ces questions", a-t-elle jugé. "Je pense qu'il y a encore beaucoup à faire" a-t-elle ajouté.
   
Certains psychologues ont souligné que les méthodes d'interrogatoires de l'administration Obama présentées comme non-coercitives et qui s'appuient sur le code de l'armée, posent aussi des problèmes. Il y a en effet des zones d'ombre concernant le recours, notamment, à la privation de sommeil.
   
Des responsables de l'administration, interrogés par le New York Times, ont indiqué que des psychologues continuent à jouer un rôle dans les interrogatoires liés au terrorisme.
   
La principale entité chargée de conduire les interrogatoires des principaux suspects de terrorisme est le "High-Value Detainee Interrogation Group", une unité interministérielle dirigée par le FBI, la police fédérale.
   
Selon un haut responsable de l'administration cité par le quotidien new-yorkais, ce groupe composé de personnels de la CIA, du département de la Défense et du FBI compte aussi des psychologues qui font des recherches et conseillent sur la manière d'obtenir des suspects de terrorisme des informations exactes.
   
Ainsi, certains continuent de travailler à la prison militaire de Guantanamo Bay à Cuba, selon le Pentagone.