26-04-2024 11:39 AM Jerusalem Timing

S.Nasrallah:"Aidons tous les déplacés syriens, libérez les kidnappés libanais"

S.Nasrallah:

Il appelle également l’Etat à finaliser une stratégie nationale visant à garantir une bonne exploitation des ressources pétrolières.

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a appelé l'Etat libanais à un traitement purement humanitaire de l'affaire des déplacés syriens et palestiniens, rejettant toute politisation de cette question. Sans oublier la cause des pèlerins libanais toujours enlevés en Syrie, le chef de la résistance a considéré que les efforts de l'Etat ne sont pas sérieux et qu'il doit contacter les pays influents pour obtenir leur libération imminente. Dans un discours prononcé via un écran géant devant des dizaines de milliers de participants à la commémoration du quarantième jour de l'Achoura à Baalbeck, Sayed Nasrallah a demandé à la population libanaise de faire avorter le projet de division, et d'épargner au pays les répercussions de la guerre en Syrie. Il a par ailleurs insisté sur l'importance de finaliser une stratégie nationale visant à garantir une bonne exploitation des ressources pétrolières récemment découvertes au large de la Méditerranée.

Voici les idées prinicpales du discours de Sayed Hassan Nasrallah: 


Que la paix de Dieu soit sur vous. Que la paix soit sur l’âme du prophète Mohammad, de l’Imam Hussein, de sa famille, et de ses compagnons. Je salue les habitants de la Békaa et des autres villes libanaises pour leur participation à la commémoration de ce deuil, et je salue notamment ceux qui ont parcouru à pieds plusieurs kilomètres et pendant plusieurs heures pour exprimer leur sympathie avec le petit-fils du prophète. Vous avez toujours tenu à votre engagement aux côtés de l’imam Hussein et vous avez offert toute sorte de sacrifices. En l’an 61 de l’Hégire, les femmes et les enfants captifs sont passés par cet itinéraire. A travers votre passage sur la même route, vous dites au monde entier que cette voie restera vivante et capable d’assurer à la nation sa gloire.

A la vue de votre détermination, et du rassemblement des millions de pèlerins aux mausolées de l’Imam Hussein et d’Abul Fadl elAbbas nous réalisons bien qui sont les victorieux. C’est la logique de Sayeda Zeinab qui a remporté sur celle de Yazid, c’est le projet de l’Islam qui a vaincu l’obscurantisme. Le sang a vaincu l’épée à Kerbala, et le convoi de Sayeda Zeinab et des autres femmes a vaincu la tyrannie de Yazid. Nous sommes pleinement reconnaissant pour le prophète, son petit-fils et ses compagnons pour avoir protégé le Message divin jusqu’à nos jours. C’est à travers ce message que nous réalisons aujourd’hui nos victoires et nos gloires.

 

Marcher en direction de Kerbala malgré les menaces de mort proférées par les Takfiris poussés par les Etats-Unis est une preuve sur le grand amour réservé à l’imam Hussein dans les cœurs des fidèles pakistanais, iraniens, irakiens, libanais ou toute autre nationalité. Ces pèlerins sont exposés au danger des explosions, des attaques suicides, des massacres à travers cette doctrine takfirie meurtrière exploitée par les Etats-Unis afin de créer une division sanguinaire entre les fils de cette nation et ses différents sectes et communautés. Mais ces explosions et ces attentats suicides ont-ils réussi au long des dernières années à fléchir les amoureux de l’imam Hussein et de son grand-père ? Ont-ils empêché ces millions de personnes d’aller à pieds au mausolée de l’imam Hussein ? Ni les meurtres stopperont l’arrivée des Pakistanais, dont les bus en route vers les lieux saints sont la cible d’attaques, ni les assassinats, les tueries et les explosions empêcheront les pèlerins iraniens ou irakiens ou libanais ou tout autre de se rendre aux mausolées des imams. Les enlèvements des pèlerins n’arrêteront pas non plus ces voyages, et je vous rappelle que des dizaines de milliers de personnes sont tombées en martyre sur cette voie.

 

Aujourd’hui, je dis aux criminels et aux meurtriers qui tuent ces visiteurs : cette démarche est vaine, erronée, et engendrera plus d’attachement, de conviction et d’enracinement à cette voie. Cette démarche ne peut changer l’esprit ni la conviction de personne, et il faut la réviser. Changez votre démarche parce qu’elle ne parviendra jamais à faire fléchir les croyants.

 

Cette même démarche est adoptée avec les chrétiens dans le monde arabe ces dernières années. Dans quel sens s’inscrivent alors les explosions contre les églises dans plusieurs pays arabes et islamiques et les attentats contre les chrétiens dans leurs églises sous prétexte qu’il leur est interdit de fêter Noel et le Nouvel an ? Même du point de vue islamique et jurisprudentiel qui vous dit que ceci vous est permis ? Ces fêtes font partie des rites longtemps respectés par l’islam, depuis la naissance de l’islam, ces églises commémorent ces fêtes et organisent des messes à l’occasion. Vous inventez une nouvelle religion, une nouvelle hérésie quand vous cherchez à imposer votre esprit par le biais des assassinats, des massacres et des explosions. Ceci ne mène nulle part et doit s’arrêter à tout prix.  

 

Rejet catégorique de tout appel à la division

 

Nous passons actuellement par une période très délicate et très sensible au Liban et dans la région. Le climat de la division règne dans la région. Malheureusement, d’aucuns ont perdu la boussole et leurs priorités ont changé. Les sentiments racuniers dominent. Les discours aux tribunes et sur les chaines satellitaires sont désormais des discours diffamatoires. Plus de place au dialogue, il n’y a que les insultes. On passe des heures à regarder deux personnes s’échanger les insultes sur l’écran. Cette période est très dangereuse, pour cette raison chacun de nous doit faire preuve de plus de calme et de responsabilité.

 

Le projet de la partition est le plus dangereux pour notre région et nation. On cherche à diviser ce qui est déjà divisé en mini-Etats, sur des bases confessionnelles, sectaires, raciales, et tribales. Même les pays adoptant une religion unique seront divisés en Nord, Sud, Est et Ouest, ou selon une vision tribale. A partir d’ici, en cette journée de l’Islam, nous réitérons notre position de principe sur le rejet catégorique de toute forme de partition, ou de tout appel à la séparation dans n’importe quel pays arabe ou islamique, et nous insistons sur la nécessité de préserver l’unité des pays arabes, quels que soient les sacrifices, les difficultés et les injustices. Nous ne parlons pas d’illusions, ce sont des réalités qui menacent la plupart des pays arabes, du Yémen, en Irak, passant par la Syrie jusqu’à l’Egypte, la Libye et même l’Arabie Saoudite, on doit veiller à épargner à la région le danger de la division. Les citoyens de chaque pays peuvent se mettre d’accord sur les modalités de diriger leurs propres affaires, tout en préservant l’unité de leur pays et en rejetant toute forme de partition.

 

De même pour le Liban, nous réitérons notre position favorable plus que jamais à l’unité du pays, de son territoire, de son peuple, et de ses institutions. Tous les Libanais sont concernés par le rejet des projets de division et de partition de leur pays. Le Liban est plus petit pour être divisé. Si ce projet s’avère viable dans d’autres pays, il ne le sera point au Liban. Les Libanais sont invités à adopter la logique de la préservation de l’unité de ce pays, de son territoire et de ses institutions.  

 

Au Liban, le gouvernement a empêché le débordement de la crise syrienne

 

Le Liban est un pays largement affecté par les événements qui ont lieu dans son entourage, notamment en Syrie dû à sa proximité géographique, à sa composition interne et à sa diversité confessionnelle et politique. La Békaa et le Nord Liban sont bien entendu les deux régions les plus touchées par la crise en Syrie, où se déroule une guerre sur plusieurs domaines. Le Liban est voisin de la Syrie et est affecté par cette guerre.

 

Dès les premiers jours de cette crise, il y a eu deux logiques au Liban. La première appelait à distancier le Liban de tout ce qui se déroule en Syrie, et la deuxième voulait à tout prix entrainer le Liban dans les événements en cours. Dès le début, nous étions en faveur de la première position au moment où d’autres ont incité la population à s’entretuer. Sachez que la position de notre camp politique et du gouvernement actuel a empêché le débordement de la crise syrienne au Liban. Sachant que si l’autre camp était au pouvoir, le Liban aurait été entrainé dans une guerre intestine, pis encore, dans une guerre contre la Syrie.

 

Nous appelons tous les Libanais à l’unité, à la patience et à ne pas être influencés par les provocations. Toutes les communautés, les confessions et les forces politiques sont appelées à s’attacher à la coexistance et au rapprochement entre elles. Les dignitaires religieux, les politiciens, les hommes cultivés les élites et toute la population sont sollicités à communiquer ensemble pour contrecarrer tout effort de division, et protéger la paix civile et la stabilité du Liban. Les institutions libanaises sont également appelées à empêcher les gens qui sèment la division de poursuivre leur politique. Cet appel n’est pas un appel de faiblesse, mais bien au contraire, la force est de donner la primauté à l’esprit, à contrôler nos positions et à agir avec responsabilité.     

Pour un traitement humanitaire du dossier des déplacés

Au sujet des déplacés- les familles syriennes, palestiniennes ou les familles libanaises résidant en Syrie- il s’agit d’un sujet sérieux. Le ministre de l’intérieur a  avancé le chiffre de 200000 réfugiés et certains disent que les déplacés sont encore plus nombreux. Il faut traiter cette question d’un point de vue humanitaire, loin de toute politisation. Toutes les familles déplacées doivent recevoir le soutien et l’aide nécessaires, qu’elles soient proches du régime syrien ou de l’opposition ou encore neutres. Il ne faut point politiser l’affaire, et on ne peut point fermer les frontières libanaises avec la Syrie, malgré les répercussions humaines, économiques, sécuritaires ou sociales sur le pays, dues au déplacement massif des Syriens.

Au lieu d’appeler à fermer les frontières, nous avons besoin d’une position gouvernementale et d’une coopération de la part de la population. Nous devons héberger ces familles et assumer nos responsabilités envers elles. Certes, la solution réelle du dossier des déplacés réside dans le traitement de la cause essentielle de la crise, et dans le déploiement des efforts pour trouver une solution politique à la crise syrienne. Ceux qui empêchent le dialogue en Syrie portent la responsabilité du sang qui coule jour et nuit dans ce pays. Ceux qui prônent l’option des combats, de l’effusion du sang et du déplacement de la population vers le Liban sont responsables de la crise en Syrie. Une solution politique permettra le retour des déplacés à leur patrie.

Mais ceux qui empêchent les Syriens de dialoguer ensemble et de parvenir à un consensus politique, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la Syrie, ne pensent qu’à leurs propres intérêts et possèdent de fausses estimations sur le déroulement de la crise en Syrie. Depuis le début des incidents, certains pays régionaux et internationaux ont prévu deux mois pour la chute du régime. Ces deux mois sont devenus deux ans, et toutes les données confirment que la bataille sera encore plus durable, plus destructrice et plus sanguinaire. Une solution politique est toujours possible, mais d’aucuns sapent cette solution. Ceux-ci portent la responsabilité du déplacement des Syriens qui se trouvent actuellement au Liban, en Turquie, en Jordanie, en Irak ou ailleurs.

Sur ce point, j’appelle l’Etat libanais et le gouvernement à élaborer leur position politique, et ceci ne s’oppose pas à la politique de dissociation. L’Etat libanais doit dire aux Américains, aux Européens, à la communauté internationale, à la Ligue arabe et aux Nations Unies que la crise en Syrie a des répercussions dangereuses sur la situation au Liban à tous les plans. La politique de distanciation ne mène nulle part. Il faut une mobilisation politique sérieuse. Le Liban doit faire une pression politique et aider tous ceux qui œuvrent pour une solution politique au lieu de se contenter de regarder passivement, les bras croisés.

L'Etat libanais doit négocier avec les ravisseurs des pèlerins

Concernant le dossier des Libanais enlevés en Syrie. Nous, au Hezbollah, avons gardé dernièrement le silence pour que nos positions ne soient pas exploitées négativement. Mais malheureusement, certaines parties accusent le Hezbollah d’inciter les familles des fidèles enlevés à descendre dans les rues. Franchement, je considère que les efforts de l’Etat, pas seulement du gouvernement, ne sont pas sérieux. J’appelle l’Etat libanais à négocier avec les ravisseurs pour mener à bien ce dossier. Qu’un responsable libanais soit chargé par l’Etat pour aller en Turquie discuter avec les ravisseurs, et que l’Etat demande aux pays influents sur les groupes armés, à savoir le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie qui soutiennent et arment les rebelles à faire pression pour régler l’affaire.

J’appelle toujours les familles des kidnappés à compter sur les efforts de l’Etat mais je demande aussi à l’Etat de faire un travail sérieux sur ce dossier. Sinon, que l’Etat nous fasse part de son impuissance et dans ce cas nous assumerons notre responsabilité.

Pour une stratégie nationale pour une bonne exploitation du pétrole

Passons à un dossier très important qui promet de régler les crises économiques du Liban : les ressources pétrolières et gazières découvertes au large de la Méditerranée. J’espère que cette richesse reste une grâce et ne devienne point une malédiction pour ce pays. J’ai lu quelque part que la guerre en Syrie est due en premier lieu à la grande découverte faite dans notre mer, afin de s’accaparer les ressources pétrolières.

Si nous parvenons à régler la crise économique au Liban, dont par exemple le développement des régions rurales et la crise des salaires publics, le Liban réalisera un exploit inouï. Malheureusement, l’ennemi israélien est sur le point d’entamer le pompage du gaz et du pétrole alors qu’au Liban, les débats ne finissent pas. Il faut donc traiter ce dossier sérieusement, loin de toute politisation. Le pétrole appartient à tous les Libanais, ce n’est pas un privilège pour tel ou tel parti politique.
L’Etat doit aussi trouver une solution à une question urgente, celle des menaces proférées contre les compagnies pétrolières ou contre le pays. Il faut donc parvenir à une stratégie nationale pour la protection des ressources pétrolières.

Sachez qu’Israël a augmenté les effectifs maritimes et a légiféré de nouvelles lois parallèlement à l’exploitation des ressources pétrolières pour protéger le processus du pompage.

De notre côté, nous sommes prêts à assumer toutes les responsabilités dans ce dossier pour permettre aux Libanais de profiter de cette richesse. Mettons à part la polémique sur les armes et intéressons-nous à cette question primordiale.

Les pressions sur le Hezbollah seront vaines

Nous sommes conscients des pressions américaines et israéliennes qui seront exercées sur la résistance cette année, pour inscrire le Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes, et empêcher toute activité de la résistance en Amérique Latine. Même dans les pays arabes, des efforts sont déployés pour diaboliser le Hezbollah. Mais je vous assure que ces pressions seront vaines. La force de notre position découle des leçons tirées de Kerbala, notamment de la position de l’Imam Hussein qui avait dit : « Si on me donne à choisir entre la mort et l’humiliation, je crierai haut et fort : Loin de nous l’humiliation ».

Enfin, et depuis la place de l’imam Moussa Sadr et de Sayed Abbas Moussaoui, nous réitérons notre engagement à défendre toujours la voie de l’imam Hussein, quels que soient les sacrifices. Et notre appel restera pour toujours : « A tes ordres imam Hussein ! »
Que la paix soit sur l’imam Hussein, sur le fils de Hussein, sur sa descendance, et sur ses compagnons. Et que la paix de Dieu soit sur vous.