26-04-2024 07:22 PM Jerusalem Timing

Naufrage d’un bateau de Rohingyas fuyant la violence des bouddhistes en Birmanie

Naufrage d’un bateau de Rohingyas fuyant la violence des bouddhistes en Birmanie

Des décennies de discrimination ont poussé des centaines de milliers de musulmans à quitter la Birmanie et les récentes violences risquent d’intensifier cet exil.

Naufrage/ArchivesLes autorités du Bangladesh ont demandé jeudi à des pêcheurs en activité dans le golfe du Bengale de rechercher les quelque 130 passagers disparus après le naufrage d'un bateau transportant essentiellement des réfugiés Rohingyas fuyant la violence des bouddhistes à leur encontre en Birmanie.

Selon la police, le bateau qui partait vers la Malaisie a coulé dimanche au large des côtes du Bangladesh, près de la frontière avec la Birmanie et seuls six passagers ont survécu.

"Des milliers de bateaux de pêche sortent en mer chaque jour. Nous leur avons demandé de guetter l'apparition (éventuelle) de corps", a déclaré à l'AFP le lieutenant Badruddoza, responsable des garde-côtes à Teknaf, à l'extrême sud-est du Bangladesh.

Selon cette source, qui se présente sous un seul nom, aucune épave ni aucun corps n'ont été retrouvés et aucune opération de recherche des garde-côtes n'a été enclenchée par manque de précisions sur le lieu exact du naufrage.

Les 800.000 Rohingyas confinés dans l'Etat birman Rakhine sont considérés par l'ONU comme une des minorités les plus persécutées de la planète, victimes depuis des décennies de restriction de déplacements, d'accès limité à la santé et à l'éducation, de confiscation de terre et de travail forcé de la part des bouddhistes.

Cette situation a poussé par le passé nombre d'entre eux à s'exiler, en particulier au Bangladesh voisin.

De récentes violences meurtrières ont provoqué une nouvelle vague d'exode, visant désormais la Malaisie comme nouvel eldorado.

Au total, plus d’une centaine de musulmans ont été tués depuis juin, des milliers de maisons détruites et plus de 26.000 personnes déplacées, selon l’Onu.

Les voisins appelés à accueillir les réfugiés rohingyas

Des réfugiés birmansLes voisins de la Birmanie devraient se préparer à accepter des membres de la minorité musulmane qui fuient les violences communautaires dans l'ouest du pays, ont appelé jeudi des organisations d'aide aux réfugiés.

 "Nous appelons les pays à garder leurs frontières ouvertes, à assurer un accès en toute sécurité et à fournir toute l'assistance possible", a déclaré Vivian Tan, porte-parole du Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR). "Le plus important est qu'ils aient un endroit sûr pour accoster".

Le Bangladesh, frontalier de l'Etat Rakhine, a longtemps été une destination de choix des Rohingyas, mais le pays, qui estime en abriter déjà quelque 300.000, ne veut plus les accueillir.

Ils se lancent donc de plus en plus dans la difficile traversée maritime vers la Malaisie, où 24.000 Rohingyas sont déjà enregistrés auprès du HCR, mais où ils pourraient être deux fois plus nombreux.

Kuala Lumpur ferme largement les yeux sur cette situation, sans leur offrir le statut légal qui leur donnerait accès aux soins ou à l'éducation, selon les militants.

La Malaisie doit se préparer à plus d'arrivées et fournir aux réfugiés un accès aux services de base, a réclamé de son côté Sharuna Verghis, co-fondatrice de l'organisation malaisienne Health Equity Initiative, qui aide les réfugiés.

"C'est une crise humanitaire. C'est pourquoi il faut une solution régionale et une partie de cette solution est que chacun doit faire sa part", a-t-elle ajouté, appelant les pays à la "générosité" et à la "compassion".

Des décennies de discrimination ont poussé des centaines de milliers de musulmans à quitter la Birmanie et les récentes violences risquent d'intensifier cet exil.