19-04-2024 10:15 PM Jerusalem Timing

L’exploitation politique d’un événement tragique

L’exploitation politique d’un événement tragique

Les dirigeants de la coalition du 14 mars n’ont pas réclamé de dévoiler les auteurs de l’assassinat de Wissam elHassan!

Dernière photo de Wissam elHassan en AllemagnePeu importe qui a tué le chef du bureau des renseignements des forces de sécurité internes libanaises le général Wissam elHassan hier vendredi à Achrafiyeh.

Il est évidemment beaucoup moins important de dévoiler  les auteurs de l’attentat qui a fauché la vie de huit civils et qui a fait au moins 100 blessés. 

Cheikh Abdel Razzak elAsmar, tué dans des tirs de mitrailleuses survenus dans la soirée à Tripoli suite à la confirmation de la mort d’elHassan est un incident banal auquel on ne doit prêter la moindre attention, pareillement à la fermeture des routes principales à Beyrouth, au Sud, au Nord et à la Békaa par les partisans du Courant du Futur. convoi d'hommes armés à Tripoli

Les convois des centaines d’hommes armés qui circulent dans les rues de Tripoli sont en ce moment légitimes, et peut-être applaudis !

La seule chose qui importe est la liste des revendications des forces du 14 mars, en cette occasion en or leur favorisant, comme à chaque assassinat, de parvenir à leurs objectifs escomptés.

Depuis la confirmation de cette mort, les forces du 14 mars ont multiplié leurs rencontres et leurs interventions télévisées. Même les responsables des comités de jeunes de cette coalition sont devenus des vedettes qui se concurrencent pour s’exprimer sur l’événement, incitant leurs partisans à descendre en masse dans les rues.

Normalement, les parties soucieuses de connaitre la « vérité » doivent réclamer une enquête sérieuse et rapide permettant d’arrêter les criminels. Mais, dans la presque totalité des discours prononcés par les dirigeants du 14 mars, les revendications étaient liées à des sujets purement politiques, voire  électoraux !


Nouhad elMachnouk, un député du Courant du Futur, réclame à l’issue d’une réunion des forces du 14 mars, la démission imminente du gouvernement, la remise par le Hezbollah de ses membres accusés par le Tribunal international pour le Liban d’implication dans le meurtre de Rafic Hariri, et le déploiement des forces internationales à la frontière libano-syrienne !

Comme prévu, tous les dirigeants de cette coalition politique ont immédiatement accusé le régime syrien de responsabilité, comme le font d’ailleurs depuis 2005, date de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Certains d’entre eux, tels Mostapha Alloush, ont pointé du doigt le Hezbollah et le régime iranien, alors que le député Misbah elAhdab a accusé « l’alliance criminelle irano-syrienne » dans l’assassinat. D’autres ont appelé à chasser l’ambassadeur syrien du Liban et à rompre les liens diplomatiques avec la Syrie.

Et comme prévu encore, le chef des Forces Libanaises Samir Geagea s’est attelé à disculper « Israël » du crime.
Quant à Saad Hariri, chef du Courant du Futur, il a accusé « Najib Mikati en personne  d’avoir tué Wissam elHassan » !

Pour leur part, les organisations de jeunes du14 mars ont appelé à un sit-in ouvert à la place des martyrs près du grand sérail jusqu’à obtenir le départ du gouvernement. Les responsables de ces comités de jeunes « aspirent à travers cette mobilisation réaliser le printemps du Liban », selon l’un d’eux.

Au vu de leurs déclarations- les forces du 14 mars militent donc pour retourner au gouvernement afin de renforcer leur animosité au régime syrien, resserrer l’étau sur le Hezbollah et augmenter leurs chances électorales pour le scrutin législatif de 2013.

Vraiment, peu leur importe qui a tué elHassan. Quant aux victimes civiles, que leurs âmes reposent en paix !