Avec un taux record de vote blanc depuis la Vème République, les français ont exprimé leur doute quand à la capacité de leur nouveau président. L’Europe elle, attend Hollande de pied ferme.

François Hollande est devenu dimanche le premier président socialiste en France depuis 17 ans lors d'un vote-sanction contre le sortant Nicolas Sarkozy, qu'il a interprété comme une volonté d'en finir avec l'austérité en Europe.

"Les Français en ce 6 mai viennent de choisir le changement en me portant à la présidence de la République", a-t-il lancé devant ses partisans à Tulle (centre de la France), son fief, promettant d'être le "président de tous".

François Hollande, 57 ans, a été élu avec 51,67% des voix contre 48,33% au président sortant, selon des résultats officiels quasi-définitifs du ministère de l'Intérieur.

Si les responsables socialistes gardaient une certaine retenue, le peuple de gauche descendu par dizaine de milliers était en liesse dans les rues de France, et singulièrement place de la Bastille, à Paris, symbole des conquêtes politiques socialistes.

François Hollande, qui prendra ses fonctions avant le 15 mai, restera donc cinq ans à la tête d'une des principales puissances mondiales, détentrice de l'arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Union européenne. Il est le premier président de gauche depuis François Mitterrand.

Issu de l'Ecole nationale d'administration (ENA), creuset de l'élite française, François Hollande a été onze ans chef du Parti socialiste, élu plusieurs fois député du département rural de Corrèze (centre) qu'il préside, mais n'a jamais exercé aucune fonction ministérielle.

 

Le vote du ni l'un ni l'autre

Quelque 46 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour élire le septième président de la Ve République.

Au taux de participation massif de plus de 83% s'ajoute un taux record, du jamais vu depuis le début de la V ème République: Le vote blanc.

En effet, ils étaient 2,1 millions à ne choisir aucun des deux finalistes. 2,1 millions de Français ont voté blanc en ne choisissant aucun des deux finalistes, un record dans l'histoire de la 5e République.

La partie ne sera pas simple pour François Hollande, parti en campagne en outsider total il y a un an. Outre sa priorité de renégocier le traité européen, il entend retrouver l'équilibre budgétaire en 2017, taxer les plus riches, lutter contre le chômage en créant des emplois notamment pour les jeunes.

La guerre n'est pas terminée

Nicolas Sarkozy, le président de tout les records à scandale, qui a très rapidement concédé la défaite est donc le dernier en date des dirigeants européens balayés par la crise économique après ceux de la Grèce, de l'Espagne ou de l'Italie.

Mais même s'il a indiqué qu'il se mettait en retrait de la vie politique, il a immédiatement appelé à la mobilisation pour les élections législatives des 10 et 17 juin, tout en précisant qu'il ne mènera pas cette campagne.

 Le camp de François Hollande a quand à lui appelé les Français à "confirmer, amplifier" la victoire du camp socialiste lors du scrutin législatif.

La France est régie par un système présidentiel à forte composante parlementaire, dans lequel le chef de l'Etat doit disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale pour pouvoir gouverner. Dans le cas contraire, c'est le Premier ministre qui est le personnage clé de l'exécutif.

 Pendant ce temps en Europe...

Preuve du souci de François Hollande de reconquérir le coeur de la matrone européenne, la chancelière allemande Angela Merkel, a indiqué que sa première visite à l'étranger lui serait réservée.

Le leader du PS avait été snobé pendant la campagne par les leaders conservateurs européens, en particulier l'Allemande Angela Merkel, qui a soutenu Nicolas Sarkozy et a longtemps rejeté sa demande d'une politique de croissance économique au niveau européen.

Pendant la campagne, elle avait refusé de rencontrer Hollande, qui s'oppose au traité de discipline budgétaire tel qu'il a été négocié au début de cette année sous l'impulsion de l'Allemagne.

Pour le socialiste, il faut renégocier le pacte de discipline budgétaire, destiné à juguler la crise de l'euro, et lui adjoindre un volet pour la croissance.

Quoiqu'il en soit, sitôt les résultats annoncés, les appels à relancer la croissance en Europe se sont multipliés.

Il semble avoir déjà été entendu: "nous allons travailler ensemble à un pacte de croissance pour l'Europe", a promis le ministre allemande des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, saluant l'élection "historique" du socialiste François Hollande.

Le chef du gouvernement italien Mario Monti a émis le désir de "collaborer étroitement avec la France, en particulier dans le cadre européen", dans un message de félicitations adressé dimanche soir par téléphone au nouveau président François Hollande.

Le Premier ministre conservateur espagnol, Mariano Rajoy, a salué la victoire de François Hollande, se disant convaincu que Madrid et Paris auront "une fructueuse relation" au plan bilatéral et européen.

Même mot d'ordre en Belgique et au Danemark

Au niveau de la zone euro, Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a affirmé que « beaucoup de pays européens sont soulagés à l'idée que l'on puisse compléter le pacte budgétaire par des initiatives intelligentes pouvant relancer la croissance et l'emploi"

 
La relance de la croissance est aussi le principal point sur lequel a insisté le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans son propre message de félicitations à François Hollande.

"Nous avons clairement un objectif commun: relancer l'économie européenne pour générer une croissance durable, reposant sur des bases saines et source de nouveaux emplois", a-t-il écrit.