29-03-2024 04:25 AM Jerusalem Timing

Ikéa, au coeur d’un scandale d’espionnage

Ikéa, au coeur d’un scandale d’espionnage

Selon des informations du Canard Enchaîné, le géant suédois de l’ameublement Ikea aurait eu recours à des officines privées pour obtenir les fichiers secrets de la police nationale concernant ses employés

Scandale en première page pour la filiale française du géant suédois. Selon le journal satirique "Le Canard Enchaîné", l'entreprise d'ameublement aurait consulté, contre rétribution, des entreprises privées chargées de lui faire parvenir des fichiers secrets appartenant à la police nationale.

Ikea-scandale d'espionnage

Le but : obtenir des informations sur ses salariés, futurs recrutements, voire même des clients...

Selon l'hebdomadaire, Ikéa France aurait obtenu des fichiers secrets sur le passé de ses salariés ou de ses clients en litige avec le fabriquant depuis plusieurs années. Des informations en théorie réservées aux policiers, comme le casier judiciaire, le nom du propriétaire d'une voiture, d'un numéro de téléphone portable, ou les activités et centre d'intérêts de certaines personnes...

L'entreprise aurait cherché à fouiller dans le passé de ses salariés, avec des demandes parfois insolites. "Le Canard enchaîné" relève ainsi quelques unes des demandes formulées dans des e-mails : « Personne n’en embauche sur le magasin de Paris Nord. Merci de me donner son casier". "Son discours est antimondialiste, ses méthodes "vieille garde CGT [...] Prosélytisme divers ? ATAC ou autres ? Risque de menace écoterroriste ? » Coût d'une consultation : 80 euros.

Conséquence de ces révélations : certains employés sont furieux, et se tournent vers la justice. Une dizaine d'entre eux devrait porter plainte pour "utilisation frauduleuse de données personnelles", passible de 5 ans d'emprisonnement au minimum et de 300.000 euros d'amende.

Une employée raconte: « On devait tout noter ». Ancienne employée, elle a été licenciée parce qu'elle ne "fliquait" pas ses collègues.

"On me demandait de raconter tous les faits et gestes de mes collègues". Une ancienne responsable de rayon de chez Ikea a confié au micro d'Europe 1 les méthodes de sa direction. « Tout devait être mis sur clé USB”.

"Concrètement, on nous demandait de faire un tableau avec tous nos vendeurs, avec du positif et du négatif. Bien sûr, il fallait mettre du positif de façon à ce que si quelqu'un tombait sur le dossier il n'y ait pas de souci", raconte la jeune femme de 32 ans, qui préfère rester anonyme.

"On devait tout noter : date et heures", explique celle qui a travaillé dans un magasin du groupe suédois pendant un an, de 2009 à 2010. Et précise-t-elle, "on nous demandait de ne pas laisser traîner ces documents sur les disques durs. Tout devait être mis sur clé USB de façon à ce que ce soit en sécurité."

"C'est un vrai harcèlement" : La jeune femme a été licenciée, justement parce qu'elle a refusé de rentrer dans le système et de "fliquer" ses employés. "Je ne rentrais pas dans les critères d'un bon manager Ikea", ironise-t-elle.

Un soir, elle a été convoquée par son supérieur hiérarchique. La direction avait "un dossier d'une dizaine de centimètres à (son) sujet". Là, "ils ont commencé à énumérer tous les torts de mon travail. Il n'y avait pas de faute grave. Mais ils ont dit qu'il y avait suffisamment d'éléments pour me licencier", raconte l'ancienne employée.

Ikea a annoncé mercredi qu'il lançait une « enquête interne » pour obtenir la vision la plus complète de ce qui s'est passé dans les faits". L'ancien PDG de l'entreprise, joint par  Rue89, a formellement démenti toute implication personnelle.

Source: Tribune et Europe 1