29-03-2024 02:43 PM Jerusalem Timing

Manoeuvre du camp Hariri : va-t’en en guerre contre l’armement du Hezbollah

Manoeuvre du camp Hariri : va-t’en en guerre contre l’armement du Hezbollah

Après avoir refusé de participer au gouvernement, les subsistants du camp du 14 mars vont lancer leur nouvelle campagne avec pou cible: l’armement du Hezbollah

«  Non ça ne vas plus… non ça n’ira plus… que vous ayez des armements ne veut pas dire que vous avez raison. L’armement peut vous donner la force, mais il ne vous donnera pas la majorité. La majorité est celle qui est issue des bureaux de vote et non de l’armement. La majorité est celle qui s’exprime au parlement sans recours aux armes, la majorité est celle qui est descendu le 14 mars 2005 sans armes pour refuser la tutelle du régime sécuritaire (en allusion à la Syrie avant son retrait)  sur notre constitution et notre vie nationale. La majorité est celle qui a décidé de descendre le 14 mars 2011 pour refuser la tutelle de l’armement sur notre constitution et notre vie nationale »
 
C’est bien la guerre contre l’armement de la résistance qui est déclarée  à travers le discours de l’ex-Premier ministre libanais et chef du courant du Futur, Saad Hariri, prononcé lundi, au lendemain d’une rencontre des dirigeants du courant du Futur et de ses acolytes, au cours de laquelle fut annoncée leur décision de ne pas participer au prochain gouvernement de Najib Mikati.


Après avoir essuyé une défaite au parlement, en y perdant la majorité suite à la défection du bloc parlementaire de Walid Joumblatt, et une sortie plutôt déshonorante  du gouvernement, la première fois depuis 2005, les subsistants de la coalition du 14 mars sont passés à l’attaque .


D’après le discours de Hariri : la campagne se déclare obsessionnelle : le terme « armement » revient inlassablement, telle « une idée fixe »,   souvent sans l’attribuer à la résistance.
Curieusement, le discours est rédigé au style direct, à la deuxième personne du pluriel, signe qu’il s’adresse directement au Hezbollah, sans le nommer non plus (signe d'une volonté d'élimination  insatiable ??) :


«  Vous pensez pouvoir mettre la main sur le pays, et empaqueter les élections au Sud, dans la Bekaa du nord et en Banlieue sud, là où il y a des armes » dit Hariri.

Suggérant que c’est la menace de l’armement qui rallie à la cause du Hezbollah mêmes les régions où se trouve sa base populaire, l'approche peut rendre perplexe.

Mais elle constituera le thème clé de son discours, voire de toute la campagne qui se prépare : l’armement s’est retourné contre les fils du pays !



Dans cet extrait Hariri continue , toujours à la deuxième personne du pluriel : « ( vous pensez pouvoir)  imposer qui vous voulez comme président du parlement, quand bien même la majorité n’est pas en votre faveur, parce que l’armement est prêt pour être utilisé contre les fils de votre pays, ( vous pensez pouvoir)  imposer qui vous voulez comme Premier ministre, parce que l’armement est prêt pour être utilisé contre les fils de votre pays, et vous tentez de démolir l’image du président de la république comme vous le faîtes maintenant, car l’armement est prêt à être utilisé contre les fils de votre pays, et que les Libanais vont dire ça va, parce que l’armement est prêt pour être utilisé contre les fils de votre pays ».



Il en découle le deuxième thème de ce discours : accuser l’armement de la résistance de toutes les crises du pays. Même lorsque les différends proviennent d’un allié du Hezbollah, comme c’est le cas ces jours-ci du débat lancé par le chef du CPL , Miche Aoun sur les prérogatives constitutionnelles du chef de l’état, c’est seulement cet armement qu’il faut stigmatiser !
 « Il empoisonne tout…il a été mis sur la table du Conseil des ministres et est toujours prêt à être utilisé contre les fils de votre pays », laisse entendre Hariri, sous-entendant toutefois un refus entêté d’admettre les erreurs de ses politiques et alliances locales et internationales.



Bien entendu, ce dernier ne manque pas de rappeler, quand bon lui semble, et comme preuve à l’appui l’évènement du 7 mai 2008, coupé de son contexte, sans allusion à la décision qui le précéda, ni aux attaques armés perpétrées initialement par ses partisans.


Force est de constater aussi que dans son va-t’en guerre contre cet armement, Hariri prend le soin de ne jamais renier son rôle face à l’ennemi israélien. «  Notre problème n’est pas l’armement de la résistance contre l’ennemi externe qui n’est pas libanais, pas arabe et qui est israélien » dit le fils Saad tout au début de son allocution.
Il semble soucieux de ne pas paraître devant son public faire l’affaire de l’ennemi sioniste.


Il préfère en revanche attaquer par fausses accusations interposées, suggérant que cet armement a changé de cap en se retournant vers l’intérieur, ou en semant le doute sur ses réels objectifs, « vous prenez le pays vers un axe régional, qui n’est ni en lien avec le Liban ni avec l’arabité, et que les Libanais réfutent », argue-il. Inspirant que son  n’est plus d’affronter Israël, mais d’être au service d’un projet régional, en l’occurrence iranien !!


Pour les connaisseurs, la rhétorique adhère aux allégations propulsées par les Sionistes et leurs amis occidentaux et arabes pour affaiblir le camp de la résistance et de la persistance contre Israël.
Elle  montre que Hariri et compagnie ont décidé d’aller au bout de la confrontation contre le Hezbollah.
Sous peine même de couper définitivement les ponts avec lui.