16-04-2024 07:07 AM Jerusalem Timing

Iran:C’est le pouvoir et non le nucléaire qui importe Américains et Israéliens

Iran:C’est le pouvoir et non le nucléaire qui importe Américains et Israéliens

C’est le chroniqueur britannique Patrick Cockburn qui a tiré cette conclusion et d’autres encore, sur la malhonêteté des manigances israéliennes pour impliquer les Occidentaux contre l’Iran.

La manière avec laquelle les Etats-Unis, Israël et les dirigeants européens de l’Occident mènent la confrontation avec l'Iran est profondément malhonnête. La manipulation des médias de l'opinion publique par l'exagération des menaces systématiques est similaire au rythme de tambours de la propagande et de la désinformation sur les armes inexistantes de destruction massive qui avaient précédé l'invasion de l’Irak en 2003.

L’objectif des sanctions imposées sur les exportations de pétrole de l'Iran et la banque centrale, auxquelles s’est officiellement rallié l'UE, est supposé être de forcer l'Iran à abandonner son programme nucléaire avant qu'il n'atteigne le point où il pourrait théoriquement construire une bombe nucléaire. Même Israël admet désormais que l'Iran n'a pas encore décidé de le faire, mais le programme nucléaire iranien est toujours présenté comme un danger pour Israël et le reste du monde.

Il y a deux autres menaces parallèles entre le déclenchement de la guerre en Irak et ce qui se passe maintenant. L’affaire présumée est l'avenir du programme nucléaire iranien mais, pour une partie de la coalition contre l'Iran, le véritable objectif est le renversement du gouvernement iranien. L'origine de la crise actuelle a été les derniers efforts déployés en Novembre et Décembre par les néoconservateurs aux Etats-Unis, Benjamin Netanyahu du Likoud et le lobby israélien à Washington d'imposer des sanctions sur les exportations de pétrole iranien et la banque centrale de l'Iran. dans leur plupart, ce sont les mêmes personnes qui ont ciblé l'Irak dans les années 1990. Ils ont été en mesure de forcer la Maison Blanche d’adopter leur programme. Maintenant, ils se mettent à l’œuvre pour rallier l’Union européenne qui voit naïvement les sanctions comme une alternative au conflit militaire.

En réalité, les sanctions sont susceptibles d'intensifier la crise, d’appauvrir les Iraniens ordinaires et psychologiquement de préparer le terrain pour la guerre en raison de la diabolisation de l'Iran. Le problème est qu’Israël et ses alliés de droite américains sont plus intéressés par un changement de régime que par le programme nucléaire de Téhéran. Le journal israélien Haaretz a indiqué succinctement les différences entre le gouvernement israélien et à Washington. Il a déclaré que «tandis que les Américains cherchent activement un moyen d'entamer un dialogue, Israël prêche pour la confrontation et le renversement du gouvernement de Téhéran".

C'est cette dernière politique qui a triomphé. Israël, ses alliés au Congrès et les néoconservateurs ont réussi à embobiner l'administration Obama dans un ensemble de politiques qui n'ont de sens que si le but est le renversement du régime de Téhéran. Le gouvernement iranien n’a été donné aucun moyen diplomatique pour tomber sans humiliation. Son programme nucléaire a été transformé en un symbole de la résistance contre les diktats étrangers. Cela rend impossible pour quiconque dans la direction iranienne de faire des compromis sans être dénoncé comme un traître par ses adversaires politiques.

Quelles que soient les intentions de Barack Obama quand il a été élu, l'offensive secrète initiée par le Président Bush contre l'Iran a continué. Il a signé un secret "avis présidentiel" en 2008 en vertu duquel 400 millions de dollars a été alloués pour financer les opposants au gouvernement iranien. Les nouveaux alliés américains comprenaient des groupes peu recommandables tels que les tueurs sunnites sectaires de Jundullah opérant dans le Baloutchistan iranien. Les Etats-Unis peuvent avoir pour but de limiter le degré de coopération, mais, selon le magazine Foreign Policy, les agents du Mossad se sont tout simplement présentés comme étant des membres de la CIA pour s’entendre avec le Jundullah. Quel a été le point culminant de ces attaques? Quelques bombes au Baloutchistan iranien qui ne constituent pas une grande menace pour les dirigeants iraniens à Téhéran. Le motif étant probablement de provoquer les Iraniens pour qu’ils mènent des représailles contre les Etats-Unis, et qui rendraient plus probables un conflit américano-iranien militaire.

La même chose pourrait bien être vraie pour l'assassinat de scientifiques nucléaires iraniens. Un constat peu remarqué est que les scientifiques sont plus faciles à tuer parce qu'ils conduisent eux-mêmes leurs propres voitures à Téhéran. Mais tout pays qui dispose de stars scientifiques de haut niveau en danger assure nécessairement leur sécurité. Le manque de simples mesures sécurité est la preuve que ces scientifiques n'ont jamais été au centre du programme nucléaire iranien. Une explication plus probable pour ces attaques, en supposant qu’Israël était derrière eux, était de provoquer des représailles iraniennes contre les États-Unis ou Israël, et s’en servir comme un casus belli.

Il est difficile de ne pas admirer l'habileté avec laquelle M. Netanyahu a manipulée la Maison Blanche et les leaders européens dans la confrontation avec l'Iran qu'ils voulaient éviter. Il a été aidé par les débordements antisémites du président iranien et la fixation apparente de l'élection présidentielle de 2009. Mais l’arme la plus efficace de M. Netanyahu a été la menace qu'Israël allaient lancer unilatéralement des frappes aériennes, à moins que la Maison Blanche ne fasse quelque chose. Cela a toujours été moins susceptible que cela n’a semblé être. Israël a rarement fait la guerre sans un «feu vert» des États-Unis.

Une explication plus rationnelle des menaces israéliennes d’agir seuls, c'est qu'ils ont été entièrement conçus pour effrayer la Maison Blanche et ses alliés européens. Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a fait glacer le sang dans son discours sur l'imminence de la menace iranienne qui laisse Israël sans aucune autre option que de lancer une attaque préventive. (Tout récemment, il a dit le contraire).
L'ancien chef du Mossad a donné de la crédibilité à l'action unilatérale israélienne en avertissant que ce serait une catastrophe auto-infligée pour son pays.

Ces manœuvres ont réussi. Des sanctions sévères ont été imposées. L'Iran aura des difficultés à vendre son pétrole. Son statut de puissance régionale au Moyen-Orient est l'affaiblissement de la survie à long terme de Bachar al-Assad, son plus important allié, semblent douteux.

Là encore, il y a un parallèle aisé avec l'Irak. Les sanctions contre l'Irak entre  1990 et 2003 ont appauvris les Irakiens et considérablement incriminé son administration. L'UNICEF a déclaré qu’un demi-million d'enfants sont morts à cause des sanctions. Pour la Maison Blanche et les dirigeants européens, les sanctions peuvent paraître préférables à un conflit armé. Hélas, l'histoire montre que les embargos à long terme tuent plus que les guerres brèves.

Patrick Cockburn

Traduit du "The Independant"