26-04-2024 07:49 AM Jerusalem Timing

Bahreïn: la police tire sur des manifestants, des dizaines de blessés

Bahreïn: la police tire sur des manifestants, des dizaines de blessés

A l’instar des autres régimes arabes, les autorités bahreïnies ne ménagent pas les citoyens.

Ce vendredi soir, des dizaines de personnes ont été blessées lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants à Manama, selon un photographe de l'AFP sur place.
  
Les manifestants tentaient de se rendre sur la place de la Perle, dans le centre de Manama, où les forces de sécurité avaient dispersé par la force vendredi à l'aube un sit-in de manifestants contre le régime, selon des sources concordantes.

Selon le correspondant d’AlManar, une cinquantaine de manifestants ont été atteints lorsque les francs-tireurs ont tiré sur eux. Les policiers ont également ouvert le feu sur eux à partir des hélicoptères.
Les policiers ont également empêché les ambulances de se rendre sur les lieux pour secourir les blessés ou les évacuer.
 
 Des témoins ont révélé à l’AFP que des tirs ont visé les manifestants qui se trouvaient près de l'hôpital Salmaniya à Manama, faisant plusieurs blessés.
   Le photographe de l'AFP a vu des dizaines de blessés.
 
 Il s'agit de la première manifestation depuis la dispersion du sit-in jeudi qui a fait quatre morts.
 

Dans la journée, les obsèques de "martyrs" se sont transformées en défilé politique, dans le village de Sitra,  qui faisait ses adieux à trois de ses enfants tués la veille dans la répression policière d'un sit-in contre le régime à Manama.
  
Scandant "Le peuple veut la chute du régime" ou "A mort les Al-Khalifa", la famille royale, la foule a défilé pendant plusieurs heures dans le centre de ce village de la banlieue de Manama où ont été inhumés trois des quatre protestataires tués jeudi avant l'aube par la police sur la place de la Perle, surnommé "place de la libération" par les manifestants.
  
Avançant lentement, la foule a accompagné chacun des trois "martyrs" dans une procession, aussitôt transformée en véritable forum politique.
   "A la place de la Perle, vous avez imposé votre volonté aux autorités, qui ont tenté de vous réprimer par la violence", a lancé le militant Abdel Wahab Hussein, avant d'ajouter que la répression est "la preuve de l'effondrement du régime".
  
S'adressant à la foule par mégaphone, il a énuméré les réformes politiques réclamées par l'opposition, avant de souligner que "le ministre de l'Intérieur et les responsables ayant donné l'ordre de tirer sur les protestataires jeudi doivent être jugés".
  
"Tant que nous serons en vie, nous n'oublierons pas le sang des martyrs", a répondu en écho la foule, bien encadrée et bien organisée.
  
Brandissant le drapeau rouge et blanc de Bahreïn, les orateurs ont tenu à ne pas donner de dimension confessionnelle à la procession, scandant un slogan devenu populaire ces derniers jours à Bahreïn: "Ni chiites, ni sunnites. Unité nationale".
  
"Ne vous lamentez pas. Ne vous frappez pas la poitrine. Aujourd'hui est un jour de joie et de dignité", a insisté l'un d'eux.
  
Mettant à profit la présence de nombreux journalistes étrangers, notamment occidentaux, des "volontaires" se sont mobilisés pour servir d'interprètes ou pour expliquer "l'injustice" dont sont victimes les chiites de Bahreïn, majoritaires dans ce pays gouverné par une dynastie sunnite.
   "Je demande aux frères sunnites d'être solidaires car ils pourraient, un jour, être à leur tour victimes" du régime, a déclaré Ahmed Moumen, après avoir invité les représentants des médias à voir, avant l'inhumation, le corps de son fils, Ali, 22 ans, portant plusieurs blessures.
  
"Je ne manifeste pas parce que j'ai faim, mais pour la dignité et pour partager le pouvoir avec les Al-Khalifa", a expliqué Ali Abdel Jabbar Hassan, qui participait aux funérailles.
 
 "Monsieur Ecclestone, est-ce que nos vies valent d'être sacrifiées pour le prix de Formule 1", proclamait une banderole brandie par des jeunes, en tête du cortège.
   Bernie Ecclestone est le grand argentier de la Formule 1, dont la saison 2011 doit démarrer le 13 mars sur le circuit Sakhir de Bahreïn.
   "Le matin, le roi déplore les morts, la nuit il nous attaque", s'emporte Jaafar Abdel Hussein Mohamed, un retraité d'Alba, la compagnie locale d'Aluminium.
  

Il fait allusion à la décision du roi, cheikh Hamad ben Issa Al Khalifa,  qui a annoncé mardi la formation d'une commission d'enquête sur la mort de deux manifestants, suivie deux jours plus tard par l'attaque sur la place de la Perle.