29-03-2024 08:09 AM Jerusalem Timing

Suleimani : le général fantôme sur tous les fronts

Suleimani : le général fantôme sur tous les fronts

Pour lui, tous les combats mènent à Jérusalem al-Quds.

Au chat et à la souris : c’est la manoeuvre dans laquelle excelle le célèbre général iranien, commandant en chef de la réputé unité d’al-Quds du corps des Gardiens de la révolution islamique en Iran.

Parfaitement au courant qu'il est recherché par les Américains qui veulent le tuer le moment propice, ceci ne l’empêche pas de s’aventurer dans toutes les directions, en Syrie et en Irak surtout, voire même en Russie, pour mener à bien sa mission. Selon des medias, il a été vu dernièrement sur le front de la province d’Alep en Syrie, où l’armée syrienne et ses alliés réalisent une progression sulfureuse et se trouvent désormais à 16 km de la frontière avec la Turquie.

« Les Américains planifient pour tuer le général Qassem Suleimani, tellement il leur fait peur », a indiqué le chef d’état-major des forces armées iraniennes le général Hassan Feirouzabafi lors d’un point de presse avec les journalistes à Téhéran, depuis quatre jours.

Saluant les capacités du général Suleimani dans l’organisation de ses forces et l’accomplissement de ses missions, Feirouzabadi a assuré que toutes les mesures de précaution ont été prises pour garantir sa sécurité.

Celui que les rumeurs ont fait mourir

Beaucoup de rumeurs circulent sur les déplacements du général iranien, et sur son état de santé. De nombreuses fois des médias ont annoncé sa mort ou qu’il a été blessé.

Il en a été ainsi, le mois de novembre dernier, lorsque des médias proches de l’opposition iranienne avaient déclaré qu’il a été blessé dans les combats de la province d’Alep. Une information confirmée par certains journalistes mais démentie par la direction des Pasdarans.

Un mois plus tard, le 22 janvier dernier, il a fait une parution à l’occasion de la commémoration annuelle du général iranien Mohammad Ali Dadi, tombé en martyre ainsi que 5 cadres du Hezbollah, (dont Jihad,  le fils du martyr commandant de la Resistance islamique Imad Moughniyyeh), dans un raid israélien au sud de la Syrie, l’an dernier. Il avait alors assuré que des milliers combattent en Syrie ceux qui répugnent le Coran et les Gens de la Famille du prophète (Ahl al-Beit).   

Mais l’information la plus forte semble être celle que des responsables américains ont affirmé : le général Suleimani s’est rendu en personne en Russie, l'été dernier pour y rencontrer des responsables russes. Et ce malgré les sanctions d’interdiction de voyage qui étaient imposées à sa personne de la part des Nations Unies.   

Il s’est avéré par la suite qu’il y est pour quelque chose dans la décision russe d’intervenir militairement en Syrie en septembre.

Le 5ème œil de l’Iran

« Les Iraniens croient avoir quatre yeux depuis la révolution de 1979 : leur doctrine, leur volonté, la Science, et la raison », raconte le journaliste iranien et conseiller médiatique de l’ex président iranien Mohammad Khatami,  Mohamad Sadek Husseini qui a bien connu Suleimani.

« Mais ils en ont un cinquième, le commandant de l’unité al-Quds le général Qassem Suleimani. C’est cet œil-là qui a traqué les Américains durant leur invasion de l’Irak, ainsi que l’armée israélienne durant la guerre 2006 au Liban, sans oublier Daesh et Cie sur les fronts irakien et syrien », poursuit-il.


Celui qui apporte la victoire avec lui

Sa réputation d’homme de poigne qui défie la défaite et insuffle l’esprit de résistance le précède là où il se rend.

Husseini rapporte que le président syrien Bachar al-Assad lui avait dit en personne lorsqu’il l’a rencontré à Damas, en septembre 2013,  que « la présence du général Suleimani à nos côtés dans plus d’une bataille a constitué une cause principale pour les changements qui ont eu lieu ».

Le général iranien a été  entre autre présent à la bataille de Baba Amro, le premier bastion des miliciens libéré dans la ville de Homs. Et aussi à Sahl al-Ghab à Hama et surtout dans la province d’Alep.

Mais c’est surtout en Irak où il fait le plus parler de lui. D’ailleurs le général Suleimani doit sa réputation médiatique pour être intervenu rapidement, bien avant les Américains,  lors de l’invasion de Mossoul et d’alAnbar par Daesh en 2014. Il avait alors eu l’ingénieuse idée de  former les forces de mobilisation populaire, al-Hached al-Chaabi,  à partir d’Irakiens volontaires, alors que l’armée irakienne se trouvait dans l’incapacité de faire face au défi.

Une source des forces du Hached Chaabi a révélé pour notre site al-Manar que « les ennemis étaient confus dès lors ils savaient que Suleimani se trouve sur le champ de bataille ».

Celui pour qui l’Irak est comme la Syrie

Le correspondant de notre chaine al-Manar Hassan Hamzé raconte lui aussi avoir rencontré le général iranien dans la province de Diyala. Il dit  avoir été frappé par sa modestie et s’est étonné qu’il lui ait demandé des nouvelles d’Alep, où il se trouvait avant de se rendre en Irak.

« Il n’y a pas de différence entre les deux fronts syrien et irakien, les deux font partie d’un seul projet », lui avait-il fait part, se souvient Hamzé.

Il rapporte aussi que tous les combattants du Hached qu’il avait rencontrés étaient persuadés que lorsqu’ils combattent en la présence du général Suleimani, ils étaient surs et certains qu’ils allaient triompher.

Celui qui embrasse la main des blessés

En plus de son expertise militaire, il est très apprécié de tous ceux qui le côtoient, en raison de son tempérament calme et paisible. Il sait très bien écouter les autres, même quand ils lui coupent la parole pour exprimer leur opinion, toujours selon le correspondant d’al-Manar. Il aimait beaucoup les moudjahidines et veillait à rester près d’eux, à dormir avec eux, à s’enquérir toujours de leurs nouvelles.

Un responsable du Hached assure l’avoir vu à plusieurs reprises embrasser les mains des combattants blessés.

Des informations dont les services de renseignements raffoleraient, surtout ceux qui veulent sa tête, selon le correspondant d’al-Manar:

« Sur le champ de bataille, il se trouve toujours sur les premières lignes et ne quitte jamais les lieux même en pleins combats. Il ne porte jamais de pare-balle et ne circule jamais au volant d’un véhicule blindé.

Dans les batailles de Tikrit, il circulait à bord d’une moto et surveillait personnellement l’ennemi avant le lancement de l’assaut.

Il est courageux et n’a pas peur de la mort. Lorsqu’une bombe explose près de lui, il ne bronche pas, comme si de rien n’était ».

Lorgné par les Américains et Israéliens

D’ailleurs les Américains le gardent bien à l’œil. Selon un responsable irakien ayant requis l’anonymat, Ils lui ont envoyé via un médiateur un message lui faisant part qu’ils surveillaient son travail militaire à Dayala, et qu’ils étaient disposés à lui prêter main forte. Ce à quoi il a répondu qu’il avait suffisamment d’éléments pour réaliser ses objectifs.

« Il a toujours été très près des Américains, comme un fantôme qui les traquait », estime Mohammad Sadek Husseini.

Selon lui, les Israéliens aussi le surveillent de près, depuis la guerre des 33 jours au Liban et il semble qu’ils étaient bien au courant de sa présence sur le terrain à cette époque et l’aurait visé dans l’opération commando réalisée à Tyr.

Celui pour qui tous les combats mènent à Al-Quds

Husseini raconte avoir fait sa connaissance en 2009, à la faculté de l’Imam Ali à Téhéran, affiliée à son unité. Justement, il se souvient d’avoir parlé avec lui d’Al-Quds et de la cause palestinienne. Pour lui, « tous les combats devraient mener à Jérusalem », soutient Husseini.

Chaque fois qu’une rumeur circule sur sa mort, le général Suleimani répond avec un grand sourire, qu’il s’attend à tomber en martyre à tout moment. Le train de sa vie montre d’ailleurs à quel point il le convoite.

Mais en son absence, ce sont les responsables des Gardiens de la révolution qui répondent pour lui: "non, il n'est pas tombé en martyre. Il poursuit sa lutte, jusqu’à la libération d’Al-Quds".

 

Sources: al-Manar, CNN.