26-04-2024 05:55 PM Jerusalem Timing

Les Bourses du Golfe en chute, plombées par le pétrole et l’Iran

Les Bourses du Golfe en chute, plombées par le pétrole et l’Iran

La Bourse saoudienne, la plus importante des pays arabes, a chuté de manière catastrophique..

Les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe ont fortement chuté dimanche, plombées par la baisse des prix du brut et la perspective du retour de l'Iran sur le marché.
   
La levée des sanctions internationales imposées à Téhéran, suite à l'entrée en vigueur samedi de l'accord nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances, va permettre le retour de la République islamique sur le marché pétrolier, déjà saturé par une abondance de l'offre.
 
Le prix du pétrole, qui contribue à plus de 80% aux revenus des pays arabes du Golfe, a reculé de 20% sous la barre des 30 dollars depuis le début de l'année après une baisse de 65% ces deux dernières années.


La Bourse saoudienne chute de 6,5%
 

La Bourse saoudienne, la plus importante des pays arabes, a chuté dimanche de 6,5% après avoir ouvert à -5,5%, dans le sillage des autres places du Golfe, plombées par la dégringolade des prix du brut et la perspective d'un retour de l'Iran sur le marché.
   
L'indice Tadawul All-Shares a perdu plus de 300 points quelques minutes après l'ouverture du marché, sous la barre de 5.500 points, avec tous les
secteurs dans le rouge.

Les places de Dubaï et du Qatar ont cédé jusqu'à 6% chacune dimanche, avant de remonter légèrement.
   
Le Dubai Financial Market était en baisse de 5,6% à la mi-journée, sous la barre des 2.700 points. Les valeurs vedettes Emaar, géant de l'immobilier de Dubaï, et Arabtec, leader du BTP, cédaient respectivement 4,4% et 5,2%.
   
Le Qatar Exchange, deuxième marché du Golfe après celui de l'Arabie saoudite, a connu de fortes fluctuations à l'ouverture. Il était à -5% à la mi-journée, sous les 8.000 points.
   
L'Abu Dhabi Securities Exchange a cédé 4,5%, mais est resté au dessus de la barre des 3.700 points, avec tous les secteurs dans le rouge.
   
Le Kuwait Stock Exchange a reculé de 2,4% sous les 5.000 points, son niveau le plus bas depuis 2004.
   
Le petit marché d'Oman a perdu 1,5% et celui de Bahreïn 0,3%.
   
Tous les marchés du Golfe ont fini l'année 2015 sur de fortes baisses, emmenés par la Bourse saoudienne, sur fond de dégringolade du prix du pétrole.



Le retour de l'Iran sur le marché pétrolier


Le retour de l'Iran sur le marché pétrolier, à la faveur de la levée des sanctions occidentales pesant sur le pays depuis
2012, risque de compromettre davantage la reprise de cours au plus bas en douze ans, même si les analystes ne s'attendent pas à un choc massif.
   

Mais même si les sanctions seront assouplies progressivement et qu'il faudra sans doute du temps à Téhéran pour retrouver pleinement ses capacités de production, le retour des exportations iraniennes de brut n'est pas de bon augure pour un marché qui croule déjà sous l'excès d'offre.
   
D'autant que l'Iran n'a cessé de répéter ces derniers mois qu'il n'était prêt à faire aucune concession sur sa production une fois l'accord sur le nucléaire entré en application, prévoyant d'inonder le marché de quelque 500.000 barils par jour supplémentaires dès les sanctions levées, pour atteindre 1 million de barils d'ici la fin de 2016.

Ces prévisions paraissent crédibles à la plupart des analystes, alors que le pays, qui pompe actuellement près de 3 millions de barils par jour, en produisait quelque 4 millions avant 2012.
   
"Je pense que l'Iran pourra facilement augmenter sa production de pétrole jusqu'à 500.000 barils par jour au début, mais toute la question est de savoir s'il sera en mesure de vendre sa production additionnelle", a commenté pour  Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
   
Le mauvais état des installations pétrolières du pays ajoute également un facteur d'incertitude supplémentaire quant au rythme auquel l'Iran sera en mesure de revenir sur le marché pétrolier.
   
"L'appareil productif a beaucoup vieilli du fait des sanctions. Il y a un besoin important de le renouveler et, donc, d'attirer les investissements étrangers", a déclaré  Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
   
Selon l'analyste, la capacité de l'Iran à exporter davantage dépendra étroitement de son aptitude à attirer les investissements étrangers et à les
orienter vers l'industrie pétrolière.
   
Reste que le marché, même s'il ne connaît pas encore l'ampleur exacte que prendront les exportations iraniennes, les a déjà en grande partie intégrées aux prix du brut, qui ont chuté de plus de 30% en 2015 et de près de 20% supplémentaires depuis le début de l'année, sur fond d'offre excédentaire.
   
"Si l'objectif de l'Iran est atteint, cela ne changera pas fondamentalement la donne du marché pétrolier. Cela aboutira bien sûr à un excès d'offre plus important mais ce ne sera pas un élément décisif dans l'évolution des cours du baril cette année", a observé M. Dembik.
   
"Nous n'allons probablement pas assister à une réaction massive" du marché, a abondé M. Razaqzada, selon lequel le plein impact du retour de l'Iran pourrait se faire sentir quand les investisseurs sauront quelle quantité de pétrole le pays va effectivement produire.
   
Surtout que selon les analystes de Commerzbank, Téhéran pourrait en réalité se résoudre à une augmentation progressive de sa production pour limiter la pression sur les prix, comme l'a laissé entendre récemment le président de la National Iranian Oil Compagny (NIOC).
   
Une autre inconnue demeure: la réponse des concurrents de l'Iran à cet afflux de pétrole, notamment au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont Téhéran était le deuxième plus gros producteur avant 2012.
   
"Est-ce que l'Opep répondra à cette offre supplémentaire en réduisant sa production? J'ai de sérieux doutes à ce sujet, surtout étant donné les tensions croissantes entre l'Iran et l'Arabie saoudite", poids lourd du cartel, a commenté M. Razaqzada
   
La plupart des observateurs estimaient en effet que la récente escalade des tensions entre Ryad et Téhéran risquait de compromettre davantage les chances de voir les pays membres du cartel s'accorder pour réduire leur production alors que l'Arabie saoudite, qui pompe quelque 10,4 millions de barils par jour (mbj), est plus déterminée que jamais à ne concéder aucun terrain à son rival.


  Avec AFP