25-04-2024 07:28 AM Jerusalem Timing

L’Arabie saoudite exécute cheikh Nimr

L’Arabie saoudite exécute cheikh Nimr

46 autres personnes ont été exécutées aussi

L’Arabie saoudite a exécuté ce samedi matin l’opposant et religieux saoudien cheikh Nimr Baqer al-Nimr ainsi que 46 autres personnes.

C’est un communiqué du ministère de l’intérieur saoudien qui a révélé ce fait ce samedi rappelant le verdict du Tribunal Suprême prononcé le 15 octobre dernier et qui avance comme raisons principales la sédition, la tentation de renverser l’Etat, et la désobéissance à l’imam du royaume et son gouverneur». La cour saoudienne avait alors taxé cheikh Nimr de « mal qui ne peut être déraciné qu’en le tuant ». Amnesty International avait qualifié ce verdict d'horrible et exifé que la sentence d'execution soit annulée.

"Le jugement de la peine de mort décidé contre cheikh Nimr s'inscrit dans le cadre d'une campagne menée par les autorités pour écraser l'opposition, dont les défenseurs de la minorité chiite", avait alors déploré le directeur-adjoint du programme du Moyen-Orient et d'Afrique du nord de cette organisation Saïd Boumadouhat. 

Les condamnés --45 Saoudiens, un égyptien, un Tchadien-- ont été exécutés dans 12 villes du royaume, a indiqué le texte. Le neveu du cheikh, Ali al-Nimr, mineur au moment de son arrestation, ne figure pas parmi les suppliciés qui, en règle générale, sont décapités au sabre, rapporte l’AFP. Certains d’entre eux sont des membres d’Al-Qaïda.

Arrestation, jugement et sentence

Les forces de l’ordre saoudiennes avaient arrêté Cheikh Nimr une sixième et dernière fois en 2012 après l’avoir blessé à la cuisse par 4 balles. Il était la figure de proue d’un mouvement de contestation qui a éclaté dans la foulée du Printemps arabe en 2011, par des manifestations qui exigeaient la libération de jeunes saoudiens « les 9 détenus oubliés » qui avaient été arrêtés en 1996 après l’attentat d’al-Khobr à l’est de l’Arabie. Ils ont passé de longues années sous les verrous sans jugement, et pour des accusations infondées.

Ses partisans ont accusé les autorités saoudiennes d’avoir fabriqué de toutes pièces la version qu’elles ont véhiculée sur les circonstances de  son arrestation et selon laquelle elle s’est faite après des échanges de tirs. Ils ont assuré que cheikh Nimr a toujours insisté pour que le mouvement de contestation reste pacifique et non violent.

A partir de 2013, son procès a débuté et s’est poursuivi jusqu’au 15 octobre date à laquelle il a été condamné à la peine de mort.

Les revendications de cheikh Nimr

Le religieux, 56 ans,  qui est originaire de la région d'al-Qatif à l’est de l’Arabie est sans aucun doute l’une des figures de l’opposition les plus influentes, et les plus virulentes aussi dans ses critiques de la dynastie des Saoud.

Depuis son retour en Arabie dans les années 90 du siècle dernier, il stigmatisait dans ses discours la politique de ségrégation qu'elle a exercée contre les minorités, son pouvoir absolu, et son accaparement des richesses et des postes-clés administratifs et militaires dans l’appareil de l’Etat.
 
L’une de ses requêtes consistait aussi à reconstruire les tombes des gens de Ahl al-Beit (les membres de la sainte famille du prophète Mohammad p) dans le cimetière d’al-Bakia dans la ville sainte de Médine et qui ont été rasées a ras-le sol depuis la fondation du royaume wahhabite. Pratique qui rappelle bien celles de Daesh en Syrie et en Irak.

Mais l’une de ses revendications pour laquelle il ne s’est pas lassé de lutter pour elle est la formation dans le royaume « d’une opposition réfléchie » qui puisse dévoiler la corruption sociale et celle de la caste religieuse, et lutter contre l’injustice politique, dont celle exercée contre les adeptes de l’école des Ahl al-Beit, en l’occurrence les chiites.

En 2009, il avait prononcé un discours très violent contre les forces de l’ordre saoudiennes qui ont tabassé des femmes chiites pour la seule raison qu’elles exerçaient le rite de la ziarat ( les salutations) à l’adresse des défunts du cimetière d’al-Baqie à Médine.    

En plus de sa marginalisation, la communauté chiite qui vit dans la province orientale en Arabie fait l’objet d’un mouvement de répression de la part des autorités qui lui impose des restrictions dans l’exercice de ses rites religieux. Elle est d’autant plus répudiée par l’école wahhabite qui légitime l’élimination de ses adeptes.

La colère des jeunes

La première réaction après cette exécution a été exprimée par le frère du chef de cheikh al-Nimr, Mohammad qui a mis en garde qu’elle allait provoquer une poussée de "colère des jeunes" de cette communauté Mohammed al-Nimr.
  

"Cette action provoquera la colère des jeunes" en Arabie saoudite, a déclaré à l'AFP M. Nimr, ajoutant: "j'espère qu'il y aura un mouvement de protestation pacifique".
La journée de samedi va certainement entrer dans "le Livre Guinness des records en matière d'exécutions", a ironisé Mohammed al-Nimr pour qui l'exécution de son frère envoie "un message fort mais négatif".
  

"Il y aura des réactions négatives à l'intérieur du royaume et à l'étranger mais nous espérons qu'elles seront pacifiques", a-t-il dit à l'AFP par téléphone.
   
Et d'ajouter: "Nous rejetons la violence et l'affrontement avec les autorités tout comme le martyr cheikh (Nimr)".

 

Sources: Al-Manar, al-Alam, al-Arabi al-Jadid, AFP.