26-04-2024 08:33 PM Jerusalem Timing

Comment le lobby pro-israélien infiltre des agents au cœur du Parlement européen

Comment le lobby pro-israélien infiltre des agents au cœur du Parlement européen

Le Parlement européen ne s’intéresse pas à la manière dont des lobbyistes contribuent à façonner beaucoup de ses activités et des politiques qu’il adopte.

Le journaliste irlandais David Cronin a mis en évidence comment un lobbyiste pro israélien exerce son influence sur le Parlement européen  concernant certaines de ses activités les plus importantes ayant trait au Moyen-Orient.

Dans un article publié par «The Electronic Intafada», il évoque le cas de l’agent d’influence pro-israélien, Nuno Wahnon Martins (photo à droite), qui n’est autre qu’un représentant du Congrès juif européen, dont le site web le présente comme «directeur des affaires européennes».

Titulaire d’un diplôme d’avocat au Portugal, il a fait de la défense de la politique du gouvernement d’Israël à Bruxelles l’essentiel de sa carrière. Il avait antérieurement travaillé pour deux autres groupes pro-Israël, B’nai B’rith et les Amis européens d’Israël.

Il se présente lui-même comme un conseiller de Fulvio Martusciello (photo à gauche), un membre du Parti populaire européen appartenant en Italie à Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Cet homme politique italien de droite se trouve être aussi président de la «Délégation pour les relations avec Israël» du Parlement européen depuis 2014.

Citant une source bien informée qui a requis l’anonymat, David Cronin affirme que depuis que Nuno Wahnon Martins joue ce rôle, il l’a pris tellement à cœur qu’en fait c’est lui qui “mène la danse” au sein de cette commission. L’importance que ce lobbyiste a acquise dans le déroulement des travaux suscite des questions très sérieuses quant à l’indépendance de cette “délégation”.

Quand Cronin l’a rencontré,  Wahnon lui a confirmé que son badge d’accès aux bâtiments du Parlement le répertorie comme stagiaire. Or, quand Cronin a téléphoné au cabinet de Martusciello, demandant à parler à Martusciello lui-même, son appel a été dirigé sur Wahnon… "Je ne crois pas qu’il venait juste d’arriver dans le bureau. Il est beaucoup plus probable que le lobby pro-Israël le paie pour y être, avec la démarche de gagner de l’influence", explique le journaliste.

Wahnon prétend aussi qu’il exerce un rôle de conseiller au sein du Parlement européen, sans cela ne fasse l’objet d’une approbation par son administration, et sans que cette fonction n’existe au sein de l’instance européenne.

Et lorsque Cronin a interrogé l’administration du Parlement européen afin de savoir si elle considère le recrutement d’un lobbyiste professionnel pro-israélien comme un conflit d’intérêt, et si elle comptait enquêter à ce propos, une porte-parole de l’administration, Marjory van den Broeke, lui a répondu que «M. Martusciello n’a aucun assistant du nom de Nuno Wahnon Martins figurant sur la liste des salariés du Parlement européen».

Et lorsqu'il l’a informée de ce qui figure sur le compte Twitter de l’intéressé, et lui a demandé si le Parlement rémunère des conseillers pour les présidents des “délégations”, il n'a eu qu'une réponse négative.

Pour Cronin, c'est une attitude dédaigneuse et symptomatique d’un problème plus vaste : le Parlement européen ne s’intéresse pas à la manière dont des lobbyistes dans différents domaines et qui ont des agendas néfastes contribuent à façonner beaucoup de ses activités et des politiques qu’elle adopte.

Dans son livre «Corporate Europe», il montre comment des membres du Parlement ont signé et déposé des propositions d’amendements aux règlements du secteur financier, et des amendements qui avaient été rédigés pour eux par des banques et des fonds spéculatifs. Et comment beaucoup de ces amendements furent approuvés par une majorité de parlementaires, avec pour résultat que les propositions prétendument destinées à éviter une crise économique ont été influencées par ceux-là mêmes qui sont les premiers responsables de la crise.

Les relations du Parlement européen avec Israël sont, de manière similaire, soumises à des influences de même nature, tout aussi inavouables.

Du fait de sa position, Fulvio Martusciello impose le respect de l’élite israélienne. Il se sert des tribunes qui lui sont offertes pour exprimer des opinions contredisant à la fois l’opinion publique en Europe et – du moins dans certains cas – la politique officielle de l’UE. Selon The Jerusalem Post, il a affirmé que la décision de l’UE sur l’étiquetage des produits des colonies constitue une « discrimination criminelle » contre Israël.

Martusciello a aussi adopté au mot près la pseudo-argumentation développée par Netanyahou en affirmant que « l’Europe se fait entendre quand il s’agit d’Israël, mais elle se tait, quand il s’agit des 200 autres conflits à travers le monde ».

C’est très exactement le contraire de la vérité, puisque par exemple  l’an dernier l’UE a imposé un embargo sur les armes à la Russie, mais elle a refusé ne serait-ce que d’envisager l’idée même de mettre un terme à son commerce des armes avec Israël, comme le rappelle Cronin.

Avec Pour la Palestine