28-03-2024 11:54 AM Jerusalem Timing

Et si Bachar Al Assad abandonnait l’Iran et la Russie ?

Et si Bachar Al Assad abandonnait l’Iran et la Russie ?

Le trio composé de la Russie, de l’Iran et de la Syrie mènent une et seule et même bataille. Soit il la gagne tous les trois ensemble, soit ils la perdent.

Depuis le début de la guerre en Syrie, les analystes posent la question, à laquelle ils ont fini de croire dur comme fer, à force de la répéter : l’Iran et la Russie abandonneraient-t-ils le président Bachar al-Assad?

Bachar al-Assad est revenu pour la millième fois, notamment dans sa dernière interview avec notre collègue Amr Nassef, d’Elmanar, pour confirmer la solidité des relations avec les deux pays.

Les responsables russes et iraniens l’avaient même précédé en affirmant la même chose. Bien plus, les Russes l’ont délibérément rappelé au ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, lors de sa dernière visite à Moscou. Mais il y a des tares incurables et certains continuent à se demander si l’Iran et la Russie abandonneraient leur allié Syrien?

Soit ! Mais si nous nous posions la question inverse : que se passerait-il si Assad abandonnait l’Iran et la Russie?

Peut-être que l’Amérique lui déroulerait le tapis rouge, que l’OTAN enverrait toute son aviation pour anéantir tous ses adversaires, de Daech et d’al-Nosra jusqu’à l’ALS et toute l’opposition, et que les pays du Golfe lui ouvriraient leurs trésors et le couvriraient d’argent.

La seule annonce de la visite du général Ali Mamlouk en Arabie Saoudite a failli changer presque toutes les données et il suffit d’évoquer le prochain retour de l’ambassadeur égyptien à Damas, pour voir se renverser toutes les équations.

Mais la réalité est toute autre.

La Syrie de Hafez et de Bachar al-Assad, a connu des centaines d’offres, des États-Unis, de l’occident et des pays du Golfe, pour le cas où elle s’éloignerait de l’Iran. La stratégie d’Assad père était différente. Il a su s’allier à l’Iran de l’Imam Khomeiny et jouer un rôle médiateur entre lui et le monde arabe. L’Iran lui en a su gré pour son rôle important, ainsi que les arabes qui ont réalisé, plus tard, qu’il leur a évité les horreurs d’une guerre.

Lorsque Bachar al-Assad est venu au pouvoir, il a compris que l’alliance avec l’Iran a un prix élevé, mais qu’elle était inévitable pour maintenir un équilibre qui empêcherait les vents d’Ouest d’anéantir le rôle de la Syrie, et parce qu’il était convaincu aussi qu’Israël ne croît qu’à la logique de la force. Comme il l’a déclaré lors du célèbre Sommet arabe sur Gaza. Mais il n’a pas rompu avec les pays du Golfe ni avec la Turquie, bien au contraire, il a renforcé les relations avec eux au maximum.

L’Iran a eu besoin de la Syrie autant, sinon plus que la Syrie n’a eu besoin de l’Iran, et, le président Vladimir Poutine a compris que sans la Syrie il n’y a pas de place pour un rôle russe dans la région.

Si Assad avait rompu avec ses deux alliés, l’Iran, ne serait pas dans son état actuel à négocier et gagner avec l’Occident, ni Poutine en mesure de jouer cet immense rôle international qui a conduit tous les dirigeants arabes à venir à Moscou, après avoir convaincu l’Amérique que la Russie seule était capable de remuer l’eau stagnante en Syrie.

Nous devons admettre que le trio composé de la Russie, de l’Iran et de la Syrie constitue un triangle, fort de ses trois côtés, qu’aucun côté ne peut se séparer des deux autres et qu’aucun des trois pays qui le composent ne peut prétendre que c’est grâce à lui que les autres ont résisté. C’est une et seule et même bataille, soit les trois la gagneraient ensemble, soit ils la perdraient ensemble.

Il semblerait maintenant que les vents internationaux soufflent en leur faveur, même si le prix payé par la Syrie est trop élevé, bien plus qu’on ne peut l’imaginer.

Aucun côté du triangle n’a renoncé à ses deux pairs alors que la menace était à son paroxysme et que l’attaque de l’Occident, des Arabes, des Turcs et d’Israël était à son apogée. Quel serait donc celui qui le ferait maintenant ? Il faudrait être vraiment de courte vue pour envisager une telle éventualité!

Par Sami Kkeib : journaliste libanais.

Source : Traduit par l'Institut Tunisien des Relations Internationales