20-04-2024 02:56 AM Jerusalem Timing

"Mohammad, le messager de Dieu", super-production iranienne

Majid Majidi souhaite que "Mohammad, le messager de Dieu" soit le premier d’une trilogie, car "on ne peut pas changer la mauvaise image de l’islam avec un seul film".

L'un des grands cinéastes iraniens, Majid Majidi, a réalisé "Mohammad, le messager de Dieu", une super-production sur l'enfance du Prophète (S) pour en finir avec la mauvaise lecture de l'Islam, a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP avant la sortie du film mercredi en Iran.

Pour Majid Majidi, ancien acteur de 56 ans qui a réalisé une bonne dizaine de films dont plusieurs primés à l'étranger ("Le secret de Baran", "Les enfants du ciel"...), le choix du sujet était évident.

"Ces dernières années, une mauvaise lecture de l'islam dans le monde occidental en a donné une image violente qui n'a strictement aucune relation avec sa vraie nature", affirme-t-il.

Cette "mauvaise lecture" vient "de groupes terroristes" comme " Daesh (Etat islamique) qui n'ont pas de lien avec l'islam dont ils ont volé le nom" et qui veulent en projeter "une image terrifiante dans le monde".

"En tant qu'artiste musulman (...) mon objectif était de créer une vision (de l'islam) qui change de celle qu'a l'Occident" et qui se résume souvent à un "terrorisme islamique attaché à la violence", affirme le cinéaste.

"L’islam c'est la concertation, la bonté et la paix", assure-t-il.

"Dans ce film, nous avons rendu hommage à d'autres religions, y compris le christianisme et le judaïsme", ajoute M.Majidi.

Interrogé sur la polémique et les violences que pourrait provoquer son long-métrage dans le monde musulman qui proscrit toute représentation du prophète, Majid Majidi se veut confiant.

"Des pays comme l'Arabie saoudite (wahhabite) auront des problèmes avec ce film mais beaucoup d'autres pays musulmans l'ont réclamé", affirme-t-il.

 "Mohammad, le messager de Dieu" ne dépeint pas le prophète lui-même mais le monde tyrannique qui l'entoure tel qu'il le voit à travers ses yeux d'enfant, de sa naissance à l'âge de 13 ans, insiste le cinéaste.

Par un jeu d'effets spéciaux, son visage n'apparaît jamais, "mais on voit sa silhouette et son profil". "Cela peut être dénoncé par les plus radicaux", reconnaît le réalisateur, en allusion aux takfiristes wahhabites.

Il pense que son film doit "unir" et non diviser les musulmans sunnites et chiites. "Il n'y avait pas de querelle à cette période" entre les deux grands courants à l'époque du  prophète Mohammad (S), précise-t-il.

Le film a été montré avant sa sortie à des leaders religieux chiites et sunnites en Iran et en Turquie qui l'ont jugé "positivement", affirme Majid Majidi.

Il souhaite que  "Mohammad, le messager de Dieu" soit le premier d'une trilogie, car "on ne peut pas changer la mauvaise image de l'islam avec un seul film".

Mais les autres productions ne seront pas "nécessairement réalisées par moi-même", affirme-t-il, invitant "tous les cinéastes musulmans" à suivre la voie.

Avec un budget d'environ 40 millions de dollars (34 millions d'euros), en partie financé par l'Etat, ce long-métrage le plus cher de l'histoire du cinéma iranien a été tourné dans une cité de La Mecque reconstituée au sud de Téhéran.

Outre sa sortie dans 143 salles en Iran, ce film de deux heures sera projeté jeudi en ouverture du festival du film de Montréal.

Le réalisateur espère qu'il y suscitera l'intérêt de distributeurs européens.