24-04-2024 02:46 PM Jerusalem Timing

Zawahiri à Baghdadi : vous nous avez embarrassé devant "le prince des croyants"

Zawahiri à Baghdadi : vous nous avez embarrassé devant

Une lettre de Zawahiri à Baghdadi , diffusée par des sites islamistes, rèvéle les vrais raisons de la rivalité de pouvoir entre al-Qaïda et Daesh.

Entre al-Qaïda et Daesh  rien ne va plus.. La rivalité de pouvoir entre ces deux organisations n’est pas superficielle, au contraire elle est structurelle.

Censée rester confidentielle, cette rivalité s’est révélée au grand public  en Avril 2013 avec le conflit qui a opposé le chef de Daech (Etat islamique) Abou Bakr al-Baghdadi, au  chef du Front alNosra, la branche d'al-Qaïda en Syrie Abou Mohammed Joulani.

Un conflit qui a poussé le  chef d’ Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, d'intervenir pour s’imposer de tout son poids en faveur  du  Front alNosra  sans apporter aucune explication sur ses raisons .

Or, l’explication tant attendue  a semble-t-il été révélée par une lettre de Zawahiri diffusée  par des sites islamistes adressée à un certain  Abu Souhaib.  La lettre porte la signature d’Abou Fateh , un pseudonyme utilisé par Zawahiri, quand il s’adresse au chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi.

Quand à Abou Suhaib  il s’agit en fait d'Abou Ali Anbari. Cette information a été confirmée par un haut-cadre du Front al-Nosra, Abou Maria Al-Qahtani, qui a commenté la lettre en question en écrivant sur son compte Tweeter que  Abou Ali Anbari avait un garçon nommé Souhaib qui a été  tué à Mossoul en 2009.

Ce qu’il faut retenir de la lettre, c’est qu’elle explique l’une des raisons qui ont poussé Zawahiri à refuser la création  de Daech  en Avril 2013 : en ce sens que l’établissement d’un tel Emirat islamique provoquerait un embarras  à l'Emirat islamique  des talibans dirigé par le mollah Omar.

A ce titre, Zawahiri indique clairement dans sa lettre qu'il est inadmissible d’avoir deux princes des croyants, Baghdadi et mollah Omar.  D’ailleurs, la lettre évoque comment Zawahiri s’est vu obligé de  présenter des excuses à mollah Omar après la déclaration de la création de l’ «Etat islamique d'Irak (soit Daech)» et comment il  a tenté de justifier cette annonce.


S’adressant à Baghdadi, Zawahiri écrit : «Pourquoi n’avez-vous pas  pris en compte que votre déclaration nous causerait un tel embarras  devant l'Émirat islamique? Nous avions déjà prêté allégeance à mollah Mohammad Omar, que Dieu le protège, et soudain un autre prince des croyants émerge en Irak, j’ai donc envoyé une lettre pour nous excuser auprès de lui , et voilà qu’un nouveau prince des Croyants se déclare en Irak et au Levant ? Votre seul souci est de rivaliser avec  Joulani, vous ne savez pas combien vous nous avez embarrassé?»

Et la question qui se pose :  pourquoi Zawahiri se sent-il tellement embarrasé? Pourquoi présenter ses excuses et se justifier ?

Une seule explication s’impose : le chef des  Talibans - mollah Omar- estime toute  déclaration de tout émirat comme un péché qui affecte sa position et lui vole son statut de prince des  croyants sachant qu’il se qualifie ainsi.  Cela signifie que Zawahiri n’est pas disposé à reconnaitre n’importe quel  émirat sans le consentement du chef mollah Omar à qui il a prêté serment d'allégeance, et pas n’importe quelle allégeance, il s’agit de la seule et unique Grande allégeance.

 En effet, dans la lettre il apparait clairement que pour Zawahari nulle place pour aucun autre prince des croyants que pour celle de Mollah Omar.  Ainsi il écrit : «Imaginez le ridicule que vous nous affligez quand nos frères  au Maroc, en Somalie, en Tchétchénie, au Pakistan, en Palestine et au Sinaï et dans la péninsule arabique décident d’avoir leur prince des croyants »..

Cette lettre contredit toutes les explications présentées par les partisans d’al-Qaïda sur la nature de la relation entre al-Qaïda et le mouvement des Talibans, et dans lesquelles on établissait une distinction entre les «moudjahidines» qui  vivent  sous le contrôle du mouvement des talibans. Ceux-là prêtent allégeance à son chef.  Quant à ceux qui vivent en-dehors de leur contrôle, leur relation passe par Ayman Zawahiri, qui est leur «prince» envers qui ils doivent  loyauté et obéissance.  

Or, ce que dit Zawahiri dans sa lettre est  tout à fait différent, car il considère que mollah Omar est le prince de tous les  «moudjahidines», et donc seul lui a droit à la seule et unique  «Grande allégeance». Autrement dit, Zawahri n’est que son successeur mais il est encore trop tôt pour l’annoncer.