29-03-2024 12:04 AM Jerusalem Timing

Fabius en Iran pour relancer les relations et inviter Rohani en France

Fabius en Iran pour relancer les relations et inviter Rohani en France

De jeunes Iraniens ont manifesté contre la visite de Fabius rappelant l’affaire du sang contaminé et le rôle de la France dans l’embargo imposé à leur pays

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé mercredi matin à Téhéran avec pour objectif de relancer les relations bilatérales après l'accord nucléaire conclu le 14 juillet dernier entre l'Iran et les grandes puissances et pour inviter le président iranien en France.

 

Le Sida, cadeau de la France à l'Iran

 

A la sortie de l’aéroport Mehr Abad de Téhéran, des jeunes iraniens attaendaient la sortie du ministre français. Ils s'étaient rassemblés pour protester contre sa présence, rappelant surtout l’affaire  du sang contaminé par le Sida qui avait coûté la vie à 300 Iraniens au début des années 80 du siècle dernier, époque à laquelle Fabius était Premier ministre.

Les personnes qui ont été contaminées ont porté plainte contre la société française qui a vendu le sang contaminé, sans obtenir gain de cause, selon l’agence iranienne Tasnim.

L’affaire était d’autant plus louche que la France avait interdit la circulation de ces unités de sang sur son sol, tout en permettant leur exportation, assure fars News.

Sur l’une des pancartes qu’ils arboraient était inscrit : «  le Sida, cadeau de la France à l’Iran », « les USA et la France étaient pareils pour imposer l’embargo », « Fabius : agent des USA, espion pour Israël », ou encore « Le roi du Sida, pas le bienvenu ».

Mardi, plusieurs médias iraniens ont fustigé cette visite, rappelant la politique française hostile aux intérêts iraniens, dont entre autre son soutien et l'aide à la guerre déclenchée contre l'Iran par l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein entre 1980-1988.

Les choses vont changer
   
"C'est un voyage important (...) Nous sommes deux grands pays indépendants, deux grandes civilisations. C'est vrai qu'au cours des dernières années, pour des raisons que chacun connaît, les liens se sont distendus mais maintenant grâce à l'accord nucléaire, les choses vont pouvoir changer", a déclaré M. Fabius avant d'entamer une série de négociations avec des responsables iraniens.
   
Il doit rencontrer son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, le président Hassan Rohani, mais aussi le ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, celui de l'Industrie, des Mines et du Commerce, Mohammad Reza Nematzadeh ainsi que la vice-présidente chargée de l'environnement Massoumeh Ebtekar.
"Cette visite est l'occasion pour l'Iran et la France de relancer leurs relations dans toute une série de domaine (...) notamment dans le domaine économique car il y a beaucoup de choses à faire ensemble", a-t-il déclaré.
   
Mais M. Fabius a souligné que dans le domaine de la politique étrangère, notamment sur les questions régionales, "il y a un certain nombre de points sur lesquels nous avons des différences", en allusion à la situation en Syrie ou au Yémen, mais aussi à la position de l'Iran vis-à-vis d'Israël, selon l'AFP.

Invitation à Rohani

   
Le chef de la diplomatie française a précisé qu'il était porteur d'une "lettre du président de la République française François Hollande au président Hassan Rohani" pour l’inviter à se rendre en France en novembre.
   "Je suis porteur d'une invitation de la part du président de la République française au président iranien à se rendre en France, s'il le veut bien, au mois de novembre", a déclaré M. Fabius lors d'une conférence de presse.
   
"Si j'avais à résumer en deux termes le sens et l'état d'esprit dans lequel j'accomplis cette visite, je dirais le respect et la relance", a déclaré M. Fabius, premier chef de la diplomatie française à se rendre en Iran en 12 ans.
   
"Nous sommes deux grands pays indépendants, la France respecte l'Iran, sa culture, son rôle dans l'histoire (...) et ses souffrances, je pense aux souffrances qui ont été éprouvées pendant la guerre Iran-Irak", entre 1980 et 1988, a ajouté M. Fabius.
   

Selon l'AFP, Le ministre français a également évoqué le "respect que nous devons aux engagements pris" lors de l'accord nucléaire du 14 juillet entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie et Allemagne).
   
Cet accord vise à limiter au nucléaire civil le programme iranien en échange de la levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées depuis 2006 à son économie.
   
Face aux critiques en Iran contre l'attitude de Paris, présentée comme "dure" pendant les négociations, M. Fabius a répondu que la France avait eu une "attitude constante, ferme, constructive" dans le but "d'empêcher la prolifération nucléaire". "Le nucléaire n'est pas une babiole", a-t-il affirmé.


Il a également annoncé la visite en septembre d'une délégation économique française accompagnée de deux ministres.

Selon Fars News, il a fait part que les sociétés françaises étaient disposées à travailler en Iran. Evoquant entre autre les secteurs del'automobile, de l'environnement et de l'agriculture, ainsi que celui des ressources maritimes.

Fabius a aussi rapporté que le musée du Louvres voudait lui aussi collaborer avec l'Iran, et "les touristes français voudaient visiter vos belles villes".

 

Sources: AFP, Tasnim News, Fars News.