18-04-2024 09:04 PM Jerusalem Timing

Turquie: le PKK revendique la mort de deux soldats, la paix menacée

Turquie: le PKK revendique la mort de deux soldats, la paix menacée

Le principal parti kurde de Turquie accuse M. Erdogan de vouloir "mettre le feu au pays afin d’obtenir les pleins pouvoirs"

Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont revendiqué dimanche un attentat qui a tué deux soldats en représailles aux frappes aériennes turques contre leurs bases du nord de l'Irak, signant la fin de la trêve qui tenait depuis 2013.
   
Cette brusque escalade de la tension entre le gouvernement islamo-conservateur turc et les rebelles kurdes de Turquie intervient alors qu'Ankara est résolument passé à l'offensive contre le groupe wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique-EI), en frappant à plusieurs reprises ses positions en territoire syrien.
   
Tard samedi soir, une voiture piégée a explosé dans le district de Lice, près de la grande ville à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est), tuant deux militaires et en blessant quatre autres, selon le gouvernorat de la province.
   
L'attaque a été revendiquée quelques heures plus tard par l'aile militaire du mouvement séparatiste, les Forces de défense du peuple (HPG), qui a parlé d'un "sabotage".
   
Quelques heures plus tôt, le PKK avait menacé de rompre le fragile cessez-le-feu qu'il avait lui-même proclamé unilatéralement en 2013, en réaction aux bombardements ordonnés par les autorités turques sur ses bases-arrières du nord de l'Irak.
"Les conditions du maintien du cessez-le-feu ont été rompues (...) face à ces agressions, nous avons le droit de nous défendre", a proclamé l'organisation sur son site internet.
Ces opérations ont fait 4 morts, selon un nouveau bilan du PKK.
   
Le régime du président Recep Tayyip Erdogan a engagé à l'automne 2012 des discussions de paix avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, mais ces négociations n'ont abouti à aucun accord.
 "Le cessez-le-feu semble terminé", a commenté David Romano, de l'Université d'Etat du Missouri (Etats-Unis). "Sous couvert d'une offensive contre le groupe Etat islamique, le gouvernement a déclaré une guerre à toutes les organisations terroristes. Je soupçonne qu'il vise plus le PKK que l'EI", a-t-il dit à l'AFP.
   
La Turquie a longtemps été accusée de complaisance et d'inertie à l'endroit des islamistes radicaux en guerre contre le pouvoir syrien, ce qu'elle a toujours démenti. Cette semaine, après l'offensive après l'attentat suicide meurtrier attribué aux takfiristes, qui a fait lundi dernier 32 morts à Suruç (sud), elle a déclaré vouloir combattre Daeh.
 
 

'Lutte antiterroriste'
 

Ankara a également donné son feu vert à l'utilisation de la base d'Incirlik (sud) aux avions américains qui bombardent l'EI en Syrie et en Irak.
   
La Maison Blanche a défendu dimanche le droit des Turcs à "mener des actions contre des cibles terroristes", selon son conseiller adjoint à la Sécurité nationale, Ben Rhodes.  
   
Simultanément à celles contre les jihadistes, le gouvernement turc a ordonné les frappes contre le PKK dans le cadre d'un effort global de "lutte contre les groupes terroristes", après une série d'attaques contre ses forces de sécurité.
   
Le mouvement kurde a revendiqué mercredi l'assassinat de deux policiers dans la ville de Ceylanpinar (sud-est), à la frontière avec la Syrie, en riposte à l'attentat de Suruç qui a visé des militants de la cause kurde.

Dimanche encore, des coups de feu ont été tirés sur un commissariat de Sirnak (sud-est), a rapporté l'agence de presse Dogan.
 "Nous n'allons pas laisser la pagaille régner en Turquie", a tempêté samedi le Premier ministre Ahmet Davutoglu, "personne ne doit douter de notre détermination".
   
Le principal parti kurde de Turquie a accusé en retour M. Erdogan de vouloir "mettre le feu au pays afin d'obtenir les pleins pouvoirs", près de deux mois après des élections législatives où son Parti de la justice et du développement (AKP) à perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement.
   
Depuis lundi, la tension est vive dans de nombreuses villes de Turquie, où les manifestations se multiplient, souvent réprimées par la police.
   
Dimanche après-midi, un millier de personnes se sont réunies à Istanbul, malgré l'interdiction formelle du gouverneur, aux cris de "l'AKP est complice des jihadistes". Les manifestants se sont dispersés sans incident, ont constaté des journalistes de l'AFP.
   
Dans un autre quartier stambouliote, des affrontements ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants qui dénonçaient la mort vendredi d'une militante d'extrême gauche de confession alévie, une minorité musulmane libérale, lors d'une opération de police.
   
Samedi soir, un homme a été tué par balle lors d'affrontements entre la police et des manifestants prokurdes à Cizre (sud-est).
   
Dimanche, la police turque a poursuivi sa vague d'arrestations de militants présumés du PKK, du groupe EI et de l'extrême gauche, notamment à Diyarbakir (sud-est). Selon le dernier bilan provisoire, 590 personnes ont été arrêtées depuis vendredi.

 

Avec AFP