27-04-2024 12:39 AM Jerusalem Timing

Quand la France foulait aux pieds ses intérêts en Iran

Quand la France foulait aux pieds ses intérêts en Iran

Quand la France, toute honte bue, est le premier à se précipiter vers l’Iran

Par suite de l’accord historique sur le nucléaire iranien, du 14 juillet dernier, le chef de la diplomatie française avait annoncé sa prochaine visite à Téhéran.

Chose tout à fait légitime et allant de soi.

Ce qui l’est moins, c’est la précipitation apportée par Paris à renouer les liens avec l’Iran.

En effet, ce qu’il faut savoir est que ledit accord a été retardé de près de deux ans du fait de l’intransigeance… de la France, la plus engagée des P5+1 à faire rendre gorge à Téhéran. Ce qui, en termes prosaïques, s’appelle insulter l’avenir. Plus que cela, la France dans son jusqu’au-boutisme a surtout ignoré ou négligé ses intérêts intrinsèques avec l’Iran. Cela ne s’invente pas, d’autant plus que Paris a de ce fait perdu de vue l’adage qui dit qu’ «en diplomatie il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts», d’où la nécessité de toujours laisser entrouverte la porte.

La France, dans son exaltation à défendre prioritairement les intérêts d’Israël avait omis les siens propres.

En effet, dans les diverses phases des difficiles négociations sur le nucléaire iranien, la France, particulièrement son chef de la diplomatie Laurent Fabius, s’est le plus durement illustrée envers l’Iran. C’est ainsi que Paris s’est signalée à l’attention générale en étant pratiquement seule contre tous en novembre 2013 quand elle a opposé son veto au pré-accord qui se dessinait induisant l’échec des négociations de Genève. L’étrange intransigeance du ministre français des Affaires étrangères y a été décisive.

Cela avait à l’époque suscité l’étonnement, voire déconcerté les observateurs y compris l’ennemi déclaré de l’Iran: les Etats-Unis.

Paradoxalement, seul Israël avait approuvé et applaudi ce fanatisme, inconcevable, venant d’un pays aussi au fait des arcanes de la diplomatie et de ses interactions qui auraient dû lui imposer de savoir raison garder. Cela n’a pas été le cas, M.Fabius se félicitant même d’avoir «empêché» un «mauvais» accord.

A quelques variantes près, l’assise de l’accord auquel sont parvenus, mardi dernier, les P5+1 et l’Iran, est celle-là même refusée à l’époque par la France qui a fait perdre à tout le monde près de deux années. En effet, beaucoup d’experts voyaient alors dans le document de Genève «une authentique percée vers un apaisement des relations entre l’Occident et l’Iran» et un règlement négocié de cette difficile impasse nucléaire.

En vérité, à l’époque, donc en novembre 2013, personne n’avait compris l’attitude négative prise par la diplomatie française. Même les Iraniens les plus hostiles au pouvoir des ayatollahs n’avaient pas admis le fait. D’ailleurs, les réseaux sociaux s’en sont donnés à cœur joie, allant jusqu’à accuser Laurent Fabius d’être «l’âne des Israéliens». C’est dire, jusqu’où la France, singulièrement son représentant officiel Laurent Fabius, obnubilée par la haine de l’Iran – que l’on supputait à l’aune du seul Israël – a gravement nui à ses propres intérêts alors que des dizaines de sociétés françaises ont ou avaient eu pignon sur rue à Téhéran. En se faisant le porte-voix zélé d’Israël, la France aura surtout foulé aux pieds ses propres intérêts en Iran.

C’est, dès lors, d’un cocasse incongru, que ce soit ce même Laurent Fabius – alors que l’encre des signatures de l’accord de Vienne n’a pas encore séché – qui annonce sa prochaine visite dans la capitale de cet Iran honni. Hier, dans son ardeur vengeresse, la France a négligé le fait que l’Iran est un riche pays disposant des quatrième et deuxième réserves mondiales de pétrole et de gaz. Aujourd’hui, toute honte bue, Paris est le premier à se précipiter vers un Iran redevenu fréquentable. Honteux!

Gageons que l’Iran et les Iraniens ont la mémoire longue et se feront un devoir de rappeler au chef de la diplomatie française, s’il atterrit un jour à Téhéran, son ostracisme malvenu envers leur pays.

Karim MOHSEN

Source : L’Expression