25-04-2024 07:46 AM Jerusalem Timing

Câbles WikiLeaks : en traquant l’Iran, l’Arabie voit du chiisme partout

Câbles WikiLeaks : en traquant l’Iran, l’Arabie voit du chiisme partout

Partout dans le monde, et depuis de longues années, la pricipale besogne du royaume saoudien est de lutter contre l’Iran. POur le service de qui?

L’obsession est le terme parfait pour exprimer la vision de l’Arabie saoudite à l’égard de la République islamique d’Iran, d’après les câbles diplomatiques dévoilés par Wikileaks. Une obsession qui frôle la hantise et s’illustre en traquant toute activité diplomatique, culturelle, et médiatique étrangère iranienne, qualitativement et quantitativement et la perçoit comme étant un danger imminent auquel il faut à tout prix pallier.  

Partout dans le monde, pas seulement dans le monde arabe, qu’elle considère être sa chasse-gardée, se plaignant chaque fois que les Iraniens normalisent leurs relations avec ses Etats, ou ses composantes politiques, l’Arabie n’a d’œil  que pour l’Iran : Au Yémen et en Égypte, comme en Argentine, en Thaïlande, en Malaisie, au Mexique, voire même à Myanmar, au Tatarstan, et à Burkina Faso...

Un indice supplémentaire qui illustre la manie saoudienne : un ministère des affaires étrangères saoudien, exige « un rapport iranien quotidien » de la part de son ambassade à Téhéran rendant compte de toute allusion faite à l’Arabie dans ce pays. Un suivi qu’il n’exige  nullement ailleurs dans le monde à ses autres missions diplomatiques.

Dans les câbles de cette mission, on y retrouve un document ultra secret dans lequel cette ambassade suggère de susciter des scissions internes, en réponse à la publication par le journal iranien Kihane d’une photographie sur la torture en Arabie. Le royaume « doit profiter de la diversité des races, des communautés, et des religions en Iran pour ressortir les différences et les politiques répressives du gouvernement iranien pour étendre les troubles , sans oublier les dissensions qui ont lieu entre les courants politique et religieux, et les symboles du régime depuis les élections présidentielles en 2009 », est-il écrit dans cette proposition envoyée au ministre saoudien des AE, Saoud al-Faïçal, lequel la renvoie au roi saoudien, après l’avoir accrédité.

L’ambassade poursuit qu’il est possible aussi de « réaliser cet objectif à travers les medias fârsîs pour dévoiler le visage laid du régime iranien et les exactions iraniennes contre le peuple iranien ».

Une coordination et l’unification des efforts entre les Etats de la région pour réduire l’impact que l’Iran tend de produire, surtout parmi le Conseil de coopération du Golfe, sont également suggérées.    

Les tactiques suggérées pour les medias financées par l’Arabie saoudite sont les suivantes :
1.    Maintenir vivants les événements qui ont eu lieu en Iran (en 2009) pour être une source constante de préoccupation du régime.
2.    Faire la lumière sur l'ingérence de l'Iran dans les affaires arabes.
3.    Tenter de gagner des canaux et plumes d’experts en affaires iraniennes et ne pas se contenter des médias saoudiens.
4.    Rechercher de nouveaux canaux d'analyse et d’information en langue farsi  orientées vers le peuple iranien.
5.    Profiter des canaux salafistes et orienter les prédicateurs vers l'Iran pour transférer des messages à l’intérieur de l'Iran, dans les medias et la réalité.
6.    Intensifier les rencontres avec les visiteurs pèlerins pour leur communiquer une image de la réalité qui puissent réfuter les allégations des médias iraniens.
7.    Demander l’aide de l'opposition iranienne pour obtenir des informations de l'intérieur de l'Iran, et les recruter pour affronter le plan iranien destiné à la région médiatiquement et politiquement. »


Cette hantise se cristallise très bien dans le cas égyptien, apres la chute de l’allié de l’Arabie, Hosni Moubarak. Dans l’un de ses câbles datant du 21/1/2013, l’ambassade du Caire propose un programme d’action pour assiéger «l’hégémonie iranienne ».

Ce plan est emprunté d’une interview réalisée par le journal al-Ahram avec l’intellectuel koweitien, Abdallah al-Nafici lequel y prétend que l’Iran compte occuper la Mecque et la Médine. Nafici y propose des démarches pratiques : « contacter la présidence (égyptienne), le gouvernement et les élites influentes (…), pour leur faire parvenir cette hantise et les mettre en garde contre toute ouverture contre l’Iran ». Il est également question de consacrer l’idée que « l’Iran n’éprouve que de la haine  à l’encontre des Arabes et des Musulmans et œuvre pour créer des organisations qui lui sont dépendantes à l’instar du Hezbollah et du mouvement Amal chiite… »

Un sixième point de ce plan d’action préconise d’exploiter la réalité divisée au Yémen pour répandre que les Houthis sont dangereux et que l’Iran leu a loué 3 ilots des iles Dehlek, .., et a transformé la région de Saada en camps d’entrainement pour s’emparer de Sanaa et entrer dans la région saoudienne de Jizane et y sévir ».

Justement sur le Yémen où les câbles  parlent d’« expansion iranienne préoccupante » et avancent que l’Iran œuvre « pour embrigader des parlementaires, des hommes de medias, des organisations et des leaders de partis ».

Pour y pallier « il faut se concentrer sur le soutien aux medias, en créer de nouveaux et d’attirer des journalistes chargés de contrer et de dévaloriser les idées chiites ».

Force est de constater que les diplomates saoudiens n’évaluent l’Iran qu’en termes communautaires que l’on retrouve souvent dans leurs rapports.  

Lors d’une visite du ministre iranien des AE à Burkina Faso, la missive diplomatique commence comme ci-suit : «  l’Iran essaie de communiquer avec la pauvre société burkinaise surtout qu’il y a une mosquée pour les Chiites là-bas et il y a aussi un institut qui enseigne l’école chiite et dont les enseignants sont des burkinais qui étudié en Iran ».

Ces diplomates voient du Chiisme partout,  même dans les pays où il n’y a pas de communauté islamique, comme c’est le cas de la Thaïlande.

Il suffit que des Iraniens soient présents, pour passer au peigne fin leurs activités, comme le confirme un câble de l’ambassade saoudienne à Bangkok, laquelle fait part « d’une hausse importante de l’avènement des Iraniens en Thaïlande, où ils entrent légalement ou illégalement en passant par la Malaisie ou le Cambodge ».

L’objectif perçu dans cette hausse est deviné comme étant « l’augmentation des activités qui lui permettent d’améliorer sa balance commerciale avec ce pays,.., et puis de mélanger l’activité commerciale avec l’action d’intelligence ».

La câble continue : «  En fonction de quoi, deux finalités devraient être réalisées: «  trouver une issue vital pour contourner les pressions internationales et l’embargo économique qui lui sont imposées ; le deuxième but est de frapper ses cibles dans ces Etats ».

Pour remédier à cette situation, la missive conseille « d’intensifier les activités de propagande dans toutes leurs formes en organisant des conférences, des forums, des sessions d’enseignements et de sensibilisations, et en cultivant les prédicateurs pour affronter l’expansion chiite accrue en Thaïlande et dans tous les Etat sud-asiatiques ».

Partout dans le monde, et depuis de longues années, la pricipale besogne du royaume saoudien est de lutter contre l'Iran. Reste à savoir pour le service de qui?



(Informations recueillies du journal al-Akhbar qui publie les câbles
WikiLeaks sur l'Arabie saoudite)