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Cables de WikiLeaks:le 14-Mars mendie de l’argent et des rendez-vous à l’Arabie

Cables de WikiLeaks:le 14-Mars mendie de l’argent et des rendez-vous à l’Arabie

Les hommes politiques libanais qui rabattent les oreilles des Libanais avec la souveraineté du Liban se sont avérés être d’humbles sujets de sa majesté d’Arabie!!

Les centaines de communications confidentielles de la diplomatie saoudienne, distillées depuis vendredi 19 juin par le site lanceur d’alerte WikiLeaks, dans le cadre d’un projet nommé Saudi Cables (dépêches saoudiennes), constituent un véritable scandale d’ampleur nationale. Les Libanais peuvent y constater le suivisme et l’absence de dignité des personnalités politiques du 14-Mars ainsi que le rôle répressif ou corrupteur joué par l’ambassadeur saoudien à Beyrouth, Ali Awad al-Assiri, à l’encontre des médias libanais.

Seule une petite partie des 60.000 câbles et notes confidentielles de la diplomatie saoudienne ont été mis en ligne sur le site de wikiLeaks mais déjà le scandale est gigantesque. Les donneurs de leçons libanais sur l’indépendance, la souveraineté et la liberté d’expression sont pris en flagrant délit de mendicité, de délation, de corruption aggravée ou de suivisme.

Les documents datés et portant des numéros de série émis par le ministère saoudien des Affaires étrangères montrent, par exemple, l’ancien président de la République et chef du parti Kataëb, Amine Gemayel, demander «l’autorisation» du monarque wahhabite pour effectuer une visite en Syrie. L’affaire s’est produite en 2010, à l’époque où les relations s’étaient améliorées entre Riyad et Damas. Profitant d’une visite de l’ambassadeur Assiri, venu lui présenter ses condoléances pour la mort de sa sœur, Amine Gemayel informe l’ambassadeur saoudien avoir reçu des messages de la part du commandement syrien sur sa volonté «d’ouvrir une nouvelle page dans les relations avec la famille Gemayel».
 

«Mais -M. Gemayel- n’entreprendra aucune démarche à ce sujet avant d’avoir obtenu la permission du protecteur des deux lieux saints», indique M. Assiri dans un câble envoyé à ses supérieurs. Le diplomate ajoute que M. Gemayel «ne fera rien sans se concerter au préalable avec le royaume et avant d’avoir pris les instructions personnelles de sa majesté le roi. Ce que le royaume proposera sera le critère qui régira la relation avec Damas», poursuit M. Assiri, en citant l’ancien chef de l’Etat… donneur de leçon en chef sur l’indépendance et la liberté de décision.

La permission demandée par Amine Gemayel «pour ouvrir une nouvelle page dans les relations avec la Syrie ne tardera pas à venir» et l’ancien président «promet de coordonner le format de la visite et son timing avec Saad Hariri», le poulain de l’Arabie saoudite au Liban. Remerciant l’ambassadeur, le chef du parti Kataëb précise qu’il n’est «pas pressé» d’effectuer cette visite à Damas, réaffirmant son intention de «coordonner son action avec M. Hariri et le 14-Mars».

Nadim Gemayel et les Moawad éconduits

Son neveu, le député Nadim Gemayel, n’aura pas cette «chance». Sa demande de se rendre en Arabie saoudite et d’être reçu par des responsables saoudiens, formulée en 2012, sera rejetée. Le roi saoudien n’a pas jugé bon d’accorder audience à cette personnalité de second rang et le cabinet royal s’est excusé de ne pouvoir lui accorder audience «en raison des engagements et des occupations» du monarque.

Même chose pour l’ancienne députée Nayla Moawad et son fils Michel, présenté comme un «député», bien qu’il ait été battu aux élections de 2009 par Sleimane Frangié. Ces deux personnalités ont attendu quatre mois avant de se voir refuser une audience avec le roi, qui a chargé son ministre des Affaires étrangères de les recevoir. Les Moawad attendront deux mois supplémentaires avant de se voir fixer un rendez-vous pour rencontrer Saoud al-Fayçal. Ces deux grands donneurs de leçons de patriotisme et de souveraineté auront attendu six mois avant d’obtenir le feu vert pour se rendre en Arabie saoudite.

Et ce n’est pas le plus choquant.

Une note diplomatique signée par Saoud al-Fayçal révèle qu’Elie Abou Assi, délégué par le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea, a sollicité auprès de l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban une aide financière du royaume wahhabite, prétextant que les FL avaient des difficultés financières. M. Abou Assi ajoute que Samir Geagea «est prêt à se rendre en Arabie pour discuter de cette question».

Autres mendiants notoires, l’actuel ministre des Télécommunications Boutros Harb, qui a demandé l’aide de l’Arabie saoudite pour «créer un rassemblement politique indépendant après les élections parlementaires en 2013 et le chef du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, qui a également sollicité l’aide de l’Arabie pour soutenir son parti».

Assiri contre les médias libanais

Les câbles diplomatiques montrent que l’ambassadeur Assiri surveille de près les médias libanais, tentant de mettre au pas ceux qui ne sont pas à son goût, et soutenant financièrement ceux qu’il juge «fidèles et coopératifs».

La LBC ne jouit pas des faveurs du diplomate, qui note un changement de la ligne éditoriale qu’il attribue au différend financier entre le prince Al-Walid ben Talal et le Pdg de la chaine, Pierre Daher. Assiri reproche notamment à la LBC d’avoir diffusé une information selon laquelle (l’ancien) «président Michel Sleimane a demandé à Saoud al-Fayçal de faire l’intermédiaire avec Israël au sujet des fermes de Chebaa.» La diffusion d’une telle information «est en contradiction avec les accords conclus entre l’Arabie saoudite et certains médias libanais». M. Assiri n’exclut pas que la LBC «adopte des positions plus radicales contre le royaume» et préconise des mesures de coercition. Il propose, par exemple, de faire pression sur la LBC via la régie publicitaire «Choueiri groupe», qui possède de vastes intérêts dans le royaume.

Dans un autre câble, l’ambassadeur indique que les autorités saoudiennes sont prêtes à débourser plusieurs millions de dollars pour aider la chaîne libanaise MTV dans le cadre du soutien «aux médias faisant la promotion de la politique de l’Arabie».

Ailleurs, l’ambassadeur saoudien se déchaine contre des journalistes qu’il cite nommément, comme Nasri Sayegh, éditorialiste à As-Safir. Mentionnant le fait que M. Sayegh est «une chrétien dont la fille a épousé un chiite», il lui reproche d’avoir écrit un article évoquant «l’alliance des minorités, qui affiche son hostilité à Israël et résiste face à l’Etat hébreu et à l’Occident, alors qu’en réalité elle est dirigée contre les sunnites». M. Assiri propose d’exercer des pressions afin que M. Sayegh soit licencié ou «acheté par l’intermédiaire d’une tierce personne».

M. Assiri critique aussi le Pdg d’As-Safir, Talal Salmane qui, selon lui, «s’est abandonné à ses sentiments chiites au détriment de son objectivité journalistique» !!

Pour reprendre en mains les médias libanais, M. Assiri propose une aide financière aux journaux favorables au royaume, «comme An-Nahar, al-Moustaqbal et al-Joumhouria». Il préconise aussi que Talal Salmane «soit invité en Arabie saoudite», laissant croire qu’un tel déplacement pourrait faire des miracles.

Ce n’est là qu’un petit échantillon des dizaines de milliers de câbles concernant le Liban et des 500.000 câbles de la diplomatie saoudienne qui seront rendus publics.
Dans un communiqué publié vendredi, Julian Assange, cofondateur du site WikiLeaks, a estimé que le projet «Saudi Cables a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible. Cette année, elle n’a pas seulement célébré sa centième décapitation, elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même».

Les autorités saoudiennes avaient mis en garde, samedi 20 juin, contre la diffusion de «documents qui pourraient être des faux». Mais l’avertissement, diffusé par le ministère des Affaires étrangères sur son fil Twitter, ne conteste pas directement l’authenticité des documents mis en ligne par WikiLeaks.

Par Samer R. Zoughaib
Source : Alahed News