29-03-2024 07:45 AM Jerusalem Timing

Bahreïn:Procès de 5 minutes pour cheikh Ali Salmane, emprisonné pour 4 ans!

Bahreïn:Procès de 5 minutes pour cheikh Ali Salmane, emprisonné pour 4 ans!

Le Hezbollah a condamné ce verdict qualifiant le régime bahreïni de totalement déconnecté de la vérité.


Quelques mois après la détention arbitraire du secrétaire général du principal parti de l’opposition Wefac à Bahreïn, cheikh Ali Salmane a été condamné ce mardi à quatre ans de prison notamment pour « incitation à la désobéissance », a annoncé une source judiciaire.

   Le juge n'a pas retenu le chef d'accusation de complot contre le régime à l'encontre de cheikh Salmane, a précisé cette source. Le chef de l'opposition, arrêté le 28 décembre, a rejeté cette accusation de complot, en affirmant avoir toujours appelé de manière pacifique à des réformes politiques.

 Le verdict a été prononcé par le haut tribunal pénal de Bahreïn.
   Le tribunal a précisé que cheikh Ali Salamne avait été condamné pour avoir "incité publiquement à la haine contre les adeptes d'une confession", en référence aux sunnites.

   Il a été également reconnu coupable d'avoir "incité à la désobéissance" et d'avoir porté atteinte au ministère de l'Intérieur en qualifiant ses employés de "mercenaires".

« Interdit de s’exprimer »

Des sources bahreïnies proches de l’opposition ont indiqué au site d’al-Manar que la séance du procès a duré 5 minutes seulement, alors qu’un important dispositif de sécurité a été déployé dans et autour du périmètre du tribunal. De plus, personne n’a été autorisé d’entrer à la salle du tribunal, ni les ambassadeurs ni les journalistes non plus.

En première réaction au décret, le membre de Wefac Ali Aswad a qualifié de « politisé » le tribunal, et les accusations portées contre cheikh Salmane d’ « invalides ».

Dans un entretien téléphonique avec la chaine de télévision al-Manar, Aswad a souligné que le décret juridique survient après toutes les pressions internationales exercées pour libérer cheikh Salmane.

Il a toutefois assuré que ce développement ne fléchira pas la mobilisation populaire.

Le membre du comité de la défense, l’avocat Abdallah Chamlaoui, a confié au journal bahreïni al-Wassat, que le « tribunal a rejeté d’adresser la majeure partie des interrogations de la défense au témoin de l’accusation, qui référait ses réponses aux enquêtes du parquet général. Nous avons expliqué que cette procédure n’est pas valable parce qu’il n’a jamais été interrogé sur ces questions» ! 

«Lors de l’audience, cheikh Salmane a été trois fois interrompu en moins de deux minutes. Il a été empêché de s’exprimer, et lorsqu’il a obtenu le feu vert de se défendre, la séance a été levée sans que le comité de défense ne puisse présenter sa plaidoirie orale et écrite », a-t-il déploré.

L'arrestation du leader de l’opposition, âgé de 49 ans, avait provoqué fin décembre des protestations, et été condamnée par des organisations de défense des droits de l'Homme.

Cheikh Ali Salmane est à la tête du mouvement Al-Wefaq, principal animateur de la protestation qui a débuté en février 2011, animée par la majorité chiite qui réclame à la dynastie des Al-Khalifa une vraie monarchie constitutionnelle. Le royaume tente toujours de donner un aspect sectaire à la mobilisation du peuple.

Au moins 89 personnes ont été tuées dans les violences depuis  et des centaines arrêtées et jugées, selon des ONG des droits de l'Homme.

 

Le Hezbollah condamne


Le Hezbollah a dénoncé  cette condamnation qualifiant les accusations portées contre cheikh Salmane sont totalement déconnectées de la vérité.

« Ce jugement constitue une preuve du clivage qui sépare les autorités au pouvoir à Bahreïn du peuple et de sa réalité, et son recul par rapport à ses espoirs et ses aspirations », dénonce le communiqué du Hezbollah, qui accuse aussi le régime bahreïni de ne préoccuper que de maintenir sa domination et de s’accaparer les pouvoirs « usant des moyens arbitraires et des exactions d'intimidation de terreur ».


Dans le texte, il est écrit que « ce jugement n’a rien à voir avec la justice, le droit ni la légalité et constitue un verdict de vengeance qui illustre la colère de ces autorités à l’encontre de l’attachement des Bahreïnis à la contestation pacifique  et consciencieuse pour réaliser leurs revendications légitimes".

« La contestation des gens de Bahreïn vise à créer un vrai partenariat national et l’instauration de d’un pouvoir juste qui représente tout le monde et réalise leurs désirs de vivre libre et digne », ajoute le Hezbollah.

S’adressant aux institutions juridiques et civiles, régionales et internationales, il leur a demandé de déployer tous les efforts nécessaires pour faire pression sur le  régime bahreïni pour obtenir la libération de cheikh Salmane dans les plus brefs délais. Exigeant en même temps de soutenir l’action populaire et pacifique du peuple bahreïni, qui « a donné le noble exemple en termes de fermeté pour l’obtention de ses droits légitimes ».

 

 

 

Source: AFP, Al-Manar, Al-Alam