25-04-2024 09:57 AM Jerusalem Timing

L’Iran accuse Israël d’assassiner ses physiciens nucléaires

L’Iran accuse Israël d’assassiner ses physiciens nucléaires

Le Mossad obtient ses informations des agences de renseignement occidentales qui ont accès à des informations sur le programme nucléaire iranien, bien que ces informations sont censées rester secrètes.

L'Iran soupçonne fortement Israël d’avoir assassiné quatre de ses scientifiques nucléaires au cours des dernières années. Les meurtres ont suscité des appels pour une protection des scientifiques dans tout accord sur le nucléaire avec l’Occident.

Shohreh Pirani se souvient encore de l’après-midi du 23 juillet 2011. Elle était dans une voiture avec sa fille et son mari, Darioush Rezaeinejad, un ingénieur électricien qui travaillait sur le programme nucléaire de l’Iran.

Elle se rappelle avoir entendu les coups de feu qui ont tué son mari. Ni elle ni aucun des autres témoins ne pourraient identifier les assaillants qui portaient des casques de moto et ont fui sur leurs engins. Cependant, elle accuse le Mossad, le service d’espionnage israélien, d’être responsable de l’attaque.

« L’année où Darioush a intégré l’équipe de recherche nucléaire de l’Iran, il a reçu de nombreux appels anonymes et des menaces », a déclaré Pirani, ajoutant qu’il a également reçu de nombreuses offres très attractives en provenance de centres de recherche occidentaux et qu’il les avait repoussées.

Pirani n’est pas convaincue que l’accord global sur le programme nucléaire iranien qui devrait être annoncé au début de juillet mettra fin aux menaces pour les scientifiques nucléaires iraniens.

« L’Occident protège toujours les intérêts israéliens », a déclaré Pirani, appelant à ce que tout accord nucléaire comprenne une clause de protection de l’identité des scientifiques nucléaires iraniens.

Travail dangereux

Rezaeinejad, qui détenait un doctorat en génie électrique de l’université Toosi de technologie à Téhéran, est l’un des quatre scientifiques iraniens qui ont été assassinés en l’espace de cinq ans.

L’Iran a officiellement placé le responsabilité sur Israël, affirmant que les assassinats ciblés font partie de la stratégie israélienne pour saboter son programme nucléaire. Israël n’a jamais officiellement fait de commentaires.

Masoud Alimohammadi, un professeur d’université en physique des particules, a été assassiné en 2010 par une moto piégée qui a explosé devant sa maison alors qu’il partait à son travail.

Les autorités iraniennes ont arrêté un homme nommé Majid Jamali, dont les aveux enregistrés ont été diffusés à la télévision iranienne après son exécution, selon Human Rights Watch. Jamali a déclaré dans sa confession qu’il avait été embauché par le Mossad pour mener à bien l’attaque.

Bien que Human Rights Watch n’ait trouvé aucune preuve suggérant que Jamali ait été torturé alors qu’il était détenu en garde à vue, l’organisation a cependant estimé qu’il avait été privé d’un procès équitable et que sa confession télévisée était en soi dégradante.

Majid Shahriari, un ingénieur nucléaire et gestionnaire du programme nucléaire de l’Iran a été assassiné dans un attentat à la bombe en novembre 2010. Le Président d’alors, Mahmoud Ahmadinejad, avait accusé l’Occident et Israël d’être responsables de sa mort.

Fereydoun Abbassi, ancien responsable du secteur de l’Organisation iranienne pour l’énergie atomique, a été visé par une bombe en même temps que Shahriari mais il a survécu.

Mostafa Ahmadi Roshan, un contrôleur à l’usine d’enrichissement nucléaire de Natanz, est le dernier de la série de scientifiques du nucléaire iranien à avoir été assassinés, lorsque des assaillants non identifiés ont fixé une bombe déclenchée à distance sous sa voiture en janvier 2012.

Le jour de sa mort, le porte-parole militaire d’Israël, Yoav Mordechai, a prétendu qu’il ne savait pas qui « avait réalisé la performance », mais qu’il « ne verserait pas une larme ».

Tueurs présumés

Le nom de Ahmadi Roshan était inclus dans une liste de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU et il avait rencontré les inspecteurs de l’International Atomic Energy Agency (AIEA) selon l’Organisation de l’énergie atomique de l’Iran, ce qui a fait porter les soupçons sur l’AIEA elle-même.

Hussein Kanani Moghadam, député iranien et ancien commandant des Gardiens de la révolution, a déclaré al-Araby Al-Jadeed : « Les assassinats sont une politique claire et bien connue d’Israël à l’égard de Téhéran. Le Mossad obtient ses informations des agences de renseignement occidentales qui ont accès à des informations sur le programme nucléaire iranien, bien que ces informations sont censées rester secrètes. »

Moghadam a aussi déclaré que l’Iran ne doit pas faire confiance aux puissances occidentales et que l’accord nucléaire ne réduira en rien la menace contre les scientifiques iraniens. Il pourrait, en fait, accroître la menace en raison de la pression supplémentaire qu’Israël exercera à cause de l’accord.

« L’équipe de négociation doit obtenir des assurances occidentales qui garantissent la sécurité des scientifiques iraniens et le secret des activités nucléaires de l’Iran », a déclaré M. Moghadam. Il a ajouté que tout assassinat à la suite de l’accord fera des États-Unis un complice direct du crime commis par Israël.

Les accusations iraniennes selon lesquelles Israël a assassiné ses scientifiques ont déclenché une guerre secrète entre les deux pays.

La télévision iranienne a diffusé un documentaire sur les dangers encourus par ses scientifiques nucléaires et qui impliquait un agent présumé de la CIA, Matti Waluk, qui a reconnu avoir recueillir des informations sur les scientifiques iraniens pour le compte de la CIA.

Le magazine Foreign Policy a également signalé que le Mossad avait recruté des membres du mouvement Jundullah, un groupe militant sunnite basé à la frontière sud-est de l’Iran avec le Pakistan, pour participer à ses attentats contre les scientifiques iraniens.

L’Iran a imposé de très strictes mesures de sécurité à ses scientifiques nucléaires, qui ne sont pas autorisés à dévoiler leur identité et ne peuvent apparaître avec leurs visages à découvert dans toute vidéo de ses installations nucléaires. Ces mesures n’existaient pas il y a cinq ans.

Sources: al-arabi al-Jadid;  traduit par  Info-Palestine