28-03-2024 10:27 AM Jerusalem Timing

Traite négrière: une association assigne en justice un grand patron français

Traite négrière: une association assigne en justice un grand patron français

Entre les XVIe et XVIIIe siècles, le port Bordeaux a prospéré sur l’esclavage et la traite négrière, avec le négoce très lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves.

  Ernest-Antoine Seillière, ancien président du patronat français et du groupe Wendel, a été assigné en justice par le Conseil représentatif des Associations noires de France (CRAN), qui l'accuse d'avoir bénéficié de la traite négrière, a annoncé samedi le CRAN.

   Le CRAN a fait cette annonce lors d'une conférence de presse à Bordeaux,
port du sud-ouest de la France qui a prospéré sur la traite négrière, à la
veille de la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage.

   Pour "demander réparation" au nom des victimes de l'esclavage, une
"assignation pour crime contre l'Humanité et recel de crime contre l'Humanité"
contre le baron Antoine-Ernest Seillière de Laborde, dont "la fortune est en
bonne partie issue de la traite négrière", a été déposée jeudi à Paris, a
annoncé le président du CRAN, Louis-Georges Tin.

   Ancien patron du groupe Wendel, fondé en 1704 par sa famille, Seillière,
a également dirigé le patronat français de 1997 à 2005. Il a quitté en 2013 la
présidence du conseil de surveillance de Wendel, aujourd'hui l'une des toutes
premières sociétés d'investissement cotées en Europe.

Selon le CRAN, l'ex-grand patron français, âgé de 77 ans, est "lié au
capitalisme négrier" par "son aïeul, Jean-Joseph de Laborde". La famille
Seillière de Laborde était propriétaire au XVIIIe siècle "de trois plantations
dans l'ancienne colonie française Saint Domingue, (devenue Haïti,NDLR) et de
vaisseaux négriers ayant déporté des esclaves, hommes, femmes et enfants,
d'Afrique vers les Antilles", ajoute l'association.

   Après avoir "tenté en vain d'établir un dialogue avec le baron Seillière
qui n'a pas abouti", le CRAN "a choisi la voie judiciaire", a expliqué son
président. "Les descendants des esclavagistes ne sont pas coupables mais ils
sont bénéficiaires et leur fortune est faite de biens mal acquis", a-t-il
souligné.

"En refusant toute réparation, ils deviennent solidaires de fait du
crime dont ils essaient de se démarquer en vain", selon M. Tin.

   Les réparations peuvent être "multiformes", il peut s'agir de "lieux de
culture, de musées", a-t-il suggéré, citant les exemples récents de banques
américaines comme JP Morgan Chase et Bank of America qui ont mis en place des programmes de réparations, notamment des bourses d'étude pour les jeunes des ghettos de Chicago.

Entre les XVIe et XVIIIe siècles, le port Bordeaux a prospéré sur
l'esclavage et la traite négrière, avec le négoce très lucratif de denrées
coloniales produites par les esclaves mais aussi 508 expéditions négrières.
Entre 1672 et 1837, 120.000 à 150.000 esclaves africains ont été déportés de
Bordeaux vers les Amériques.