20-04-2024 12:11 PM Jerusalem Timing

Yémen : Médiation algérienne pour éviter une guerre régionale

Yémen : Médiation algérienne pour éviter une guerre régionale

L’Iran a présenté son plan de paix à l’ONU. Pour l’ex-président Saleh, il n’est pas encore né celui qui le somme à quitter mon pays. Ansarullah : le conseil de sécurité s’est aligné du côté du bourreau.

La région tout entière risque d’éclater en raison de l’agression saoudo-américaine contre le Yémen qui a désormais transgressé les valeurs humaines.

Dans une tentative de trouver une issue à cette crise, l’Algérie s’est vue confier le rôle de médiateur entre Téhéran et Riyad, au moment où l’Iran insiste sur la nécessité que les Yéménites entreprennent immédiatement un dialogue nationale sans conditions et loin de toute ingérence étrangère.  

Les quotidiens libanais As-Safir et AlAkhbar rapportent qu’un diplomate algérien a révélé que son pays a transmis durant les deux dernières semaines plusieurs messages entre Ryad et Téhéran concernant « la nécessité de mettre un terme au conflit armé au Yémen, afin d’éviter l’éclatement d’une guerre régionale ».

Ce diplomate a dit à l’agence d’information turque Anatolie qu’ « il s’agissait des messages d’avertissements et d’apaisements entre les deux parties. A titre d’exemple, ils se sont mis d’accord  à éviter tout affrontement entre la marine saoudienne et les cargos iraniens passant par le détroit de Bab el Mandeb, et à épargner la Marine des deux pays d’entrer au conflit armé ».

L'Iran a présenté son plan de paix à l'ONU 

Dans ce contexte, l'Iran a présenté officiellement vendredi à l'ONU un plan de paix en quatre points pour le Yémen, que son ministre des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif avait annoncé cette semaine.

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, M. Zarif fait valoir la situation humanitaire au Yémen, en passe d'atteindre "une ampleur catastrophique", rapporte l’AFP.

Il accuse la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite de "cibler essentiellement des infrastructures purement civiles" comme des hôpitaux et des écoles, et de "viser de manière aveugle les zones résidentielles".

La guerre actuelle contre le Yémen "bénéficie principalement aux groupes terroristes, qui s'implantent au Yémen en profitant de la campagne aérienne menée depuis l'étranger", affirme M. Zarif dans sa lettre.

"Dans ces conditions, ajoute-t-il, il est impératif pour la communauté internationale de s'impliquer de manière plus efficace pour mettre fin à ces attaques aériennes insensées et instaurer un cessez-le-feu".

Réitérant "qu'il n'y a pas de solution militaire à ce conflit", M. Zarif énumère les quatre points du plan de paix iranien: cessez-le-feu immédiat, accès humanitaire "sans entraves", reprise du "dialogue national" entre tous les protagonistes de cette crise et "formation d'un gouvernement d'union nationale sans exclusive".

Saleh : il n’est pas encore né celui qui m’appelle à quitter mon pays

Sur un autre plan, des rapports saoudiens ont fait état d’une initiative garantissant un départ sûr de l’ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh vers des pays arabes ou européens. Or, ce dernier a rapidement démenti ces allégations, rapporte As-Safir et AlAkhbar.

Il a affirmé dans un communiqué : « Je ne suis pas du genre qui quitte son pays pour s’abriter à Jeddah (Arabie) ou Paris. Il n’est pas encore né et il ne le sera pas celui qui dira à Ali Abdallah Saleh quitte ton pays».

Ansarullah : le conseil de sécurité s’est aligné du côté du bourreau

De son côté, le conseil politique d’Ansarullah a réagi à la résolution du conseil de sécurité qui a légitimé l’agression militaire contre le Yémen.

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution sommant les forces d’Ansarullah de se retirer des différentes zones du Yémen, et leur imposant des sanctions dont un embargo sur les armes.

Cité par le site arabophone d'AlManar, Ansarullah explique que cette résolution a ignoré les crimes commis par la coalition à l’encontre des civils, à savoir des milliers de martyrs et de blessés parmi les femmes et les enfants.

Et de poursuivre : la résolution onusienne a occulté les bombardements visant les domiciles, les installations vitales civiles et militaires, les centrales électriques et gazières, ainsi que les écoles et les stades sportifs.

Ansarullah a évoqué un génocide global contre le Yémen en parlant de l’embargo qui affecte le peuple yéménite sur tous les niveaux. La coalition interdit l’acheminement de l’aide alimentaire, du carburant, et de toutes les nécessités de vie.

Pour Ansarullah, le conseil de sécurité aurait dû prendre une position à l’encontre des violations répétées -ces dernières années- du processus politique au Yémen par certaines parties locales et régionales.

Le mouvement yéménite a dans ce contexte rappelé les multiples violations commises par le président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi et ses proches.

-Ces derniers n’ont pas respecté pas les engagements adoptés par le comité préparatoire de la Conférence du dialogue national.

-Hadi n’a pas restructuré l'armée et les forces de sécurité, conformément aux principes nationaux approuvés par la conférence de dialogue national.

-Les missions de la phase transitoire n’ont pas été accomplies durant le délai fixé de 2 ans. Raison pour laquelle, les forces politiques ont prolongé d’un an cette phase qui a pris fin le 21 février 2015, sans que Hadi ne parvienne à la rédaction de la constitution ou à sa révision.

Il convient de noter que Hadi a fui son pays à la veille de l’agression saoudo-américaine  contre le Yémen, le 26 mars. Il est actuellement réfugié en Arabie saoudite.

 

As-Safir + AlAkhbar + site AlManar + AFP