28-03-2024 09:34 PM Jerusalem Timing

Paris soutient la guerre contre le Yémen: un "signal" pour forcer une solution

Paris soutient la  guerre contre le Yémen: un

Fabius à Ryad : soutenir la guerre contre le Yémen et rassurer sur l’accord-cadre avec l’Iran

Fidèle alliée à la dynastie des Saoud au pouvoir en Arabie depuis plus d’un siècle, la France a dépêché ce dimanche son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à Ryad pour exprimer son "soutien" à la guerre sans merci qu’elle mène contre le plus pauvre pays arabe, le Yémen.

"Concernant le Yémen, nous venons manifester notre soutien, surtout politique, aux autorités saoudiennes", a déclaré M. Fabius à la presse, rapporte l'AFP, alors qu'il entamait une série d'entretiens avec les principaux dirigeants saoudiens, dont le nouveau roi Salmane.
   
L'Arabie saoudite dirige une coalition de neuf pays arabes, mène depuis le 26 mars des frappes aériennes quotidiennes contre le Yémen.

Le but affiché étant d'empêcher l'organisation des Houthis, Ansarullah, auxquels se sont alliés de nombreuses tribus ainsi qu'une bonne partie de l’armée yéménite de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire yéménite. Surtout après la débandade de son homme de main, l’ancien président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi.
   
Le royaume wahhabite saoudien, qui partage au sud une longue frontière avec le Yémen, prétend voir dans le mouvement de contestation soutenu par l’Iran comme « une menace pour sa sécurité ».


La guerre "signal" pour forcer une solution!  

M. Fabius devait réaffirmer à ses hôtes saoudiens que "la France se tient naturellement aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité du Yémen", selon son entourage.
   
Se ralliant à la position de Riad, Paris considère que l’ex président yéménite Hadi est l'"autorité légitime" au Yémen et qu'il faut aller "vers une solution politique" dans ce pays.

Après la scission de l’armée yéménite et l’échec de ses milices contre les Houthis,  Hadi avait démissionné au bout de son mandat et pris la fuite  en mars dernier. Caché un certain temps dans un endroit inconnu, il est revenu sur sa démission et compte reprendre le pouvoir avec l’aide de l’Arabie où il réside.
 

"Il faudra qu'à un moment ou à un autre, on arrive à une négociation", a dit M. Fabius.
   
Selon l’AFP, du côté français, on voit dans l'intervention militaire menée par l'aviation saoudienne et ses alliés -dont les Emirats arabes unis- une "opération signal", à l'adresse tant des rebelles yéménites que de l'Iran, pour forcer une solution politique au Yémen.
   
La coalition militaire arabe engagée contre le Yémen est aidée par les Etats-Unis, notamment pour le renseignement, la coordination et le ravitaillement des avions, mais la France n'a pas, jusqu'à présent, annoncé un soutien autre que politique à l'Arabie saoudite.
 

Outre un entretien avec le roi Salmane, M. Fabius devait s'entretenir à Ryad avec le ministre de la Défense Mohammed ben Salmane, fils du roi et un des dirigeants des opérations au Yémen.
   
 

Rassurer les Saoudiens

En Israël où les positions officielles se font plutôt avares, les médias font partie de ceux qui ont salué  cette guerre et prévoient d’ores et déjà une nouvelle ère des relations plus affichées avec le royaume wahhabite.
 

D’autant que Ryad adopte la même rhétorique dramatisante sur le programme nucléaire iranien, en de disant inquiète de son éventuelle dimension militaire et  de l'accord-cadre passé début avril par les 5+1, dont la France, et qui doit être finalisé d'ici au 30 juin.
   
Devant son hôte, M. Fabius a tenu un ton rassurant, en répétant selon l’AFP, qu'il faut parvenir à un "accord solide" sur le nucléaire, faute de quoi "cela peut déboucher sur une prolifération de l'arme nucléaire dans la région".
   
Il y a des points sur lesquels les négociateurs doivent se montrer "vigilants", a-t-il déclaré, notamment "la PMD, la possible dimension militaire", et la levée des sanctions internationales qui frappent l'Iran.
"Il faut que l'AIEA (Agence Internationale de l'énergie atomique) ait la possibilité de vérifier les sites iraniens", selon lui.
De même, les sanctions doivent être levées "progressivement" et doivent être réversibles, c'est-à-dire qu'elles seraient réimposées à l'Iran si ce pays viole ses engagements. "Tout cela a été discuté, mais on ne s'est pas mis d'accord".
   
Selon l’AFP, durant ces négociations avec l'Iran, Paris a montré à plusieurs reprises une fermeté particulière, reprochant implicitement aux Etats-Unis, principal négociateur, de faire preuve de trop d'empressement pour parvenir un compromis avec Téhéran.