29-03-2024 03:43 PM Jerusalem Timing

A Gaza, l’espoir "qu’Israël paie"

A Gaza, l’espoir

L’offensive judiciaire palestinienne indigne le gouvernement de Benjamin Netanyahu selon lequel l’armée israélienne est "la plus morale du monde" (!!).

Qu'Israël rende des comptes. Tel est l'espoir de Yasser al-Qassas et de milliers de Gazaouis au moment où la Palestine rejoint la Cour pénale internationale avec l'intention de faire juger les dirigeants israéliens pour crimes de guerre et crimes liés à l'occupation.
   
La guerre de 2014 dans la bande de Gaza et la colonisation sont les deux angles d'attaque de la direction palestinienne à l'heure de l'accession formelle à la CPI mercredi.
   
Yasser al-Qassas fait partie des Palestiniens qui ont perdu certains des leurs dans l'offensive menée par Israël en juillet-août 2014 pour faire cesser les tirs de roquettes sur son territoire et détruire les tunnels d'attaque palestiniens.
   
Environ 2.200 Palestiniens ont été tués selon des décomptes concordants. Parmi eux se trouvaient 1.500 civils, rappelait un rapport récent de l'office onusien Ocha qui indiquait que 2014 avait été l'année la plus meurtrière depuis 1967 et l'occupation israélienne des Territoires.
Côté israélien, 73 personnes ont trouvé la mort, dont 67 soldats.
   
Une frappe sur leur immeuble de cinq étages a décimé la famille de Yasser al-Qassas le 21 juillet à l'ouest de la ville de Gaza, se rappelle ce Gazaoui sans emploi d'une quarantaine d'années. "Israël a tué ma femme enceinte, quatre de mes filles et cinq autres membres de ma famille", dit-il, "il faut qu'il paie pour ça à la CPI".
   
La direction palestinienne a lancé ce qu'un officiel directement impliqué appelle un "effort national" pour mettre fin à ce qui constitue selon lui "l'impunité" israélienne. Des commissions ont été établies, dont l'une dédiée à Gaza, une autre à la colonisation. Des centaines de Palestiniens, politiciens, experts et représentants de la société civile sont mobilisés, dit cet officiel.
   
 

"Que justice soit rendue"

Cet effort repose largement sur les organisations qui défendent les droits des Palestiniens et collectent les éléments à charge.
   
Yasser al-Qassas est allé voir plusieurs d'entre elles. Ahed Bakr, pour sa part, s'est rendu auprès du centre al-Mezan pour les droits de l'Homme. Son fils Zakaria Ahed Bakr, 10 ans, son petit-fils Ahed Atef Bakr, 10 ans, ses neveux Mohamed Ramez Bakr et Ismaïl Mohamed Bakr, 9 et 11 ans, ont été tués le 16 juillet alors qu'ils jouaient sur la plage de de Gaza. Leur mort sous le regard des journalistes a causé un vif émoi international.
   
"J'exige que le président (palestinien Mahmoud Abbas) soumette à la CPI notre dossier contre l'Etat terroriste d'Israël pour que justice soit rendue à nos enfants", dit Ahed Bakr, pêcheur de 55 ans.
"Israël a délibérément tué nos enfants. Le monde entier l'a vu en direct. Je n'aurai pas de repos avant de voir les dirigeants israéliens derrière les barreaux", dit-il.
   
L'armée israélienne mène ses propres enquêtes sur de possibles bévues, dont quatre criminelles, sur le drame du 16 juillet ou encore le bombardement d'une école de l'ONU qui avait fait environ 20 morts le 30 juillet à Jabaliya. Le professionnalisme de ces investigations "devrait suffire" et "satisfaire n'importe qui" si les enquêtes sont à la hauteur, disait récemment celui qui les dirige, le général Dan Efrony.
   
L'offensive judiciaire palestinienne indigne le gouvernement de Benjamin Netanyahu selon lequel l'armée israélienne est "la plus morale du monde".
   
 

Israël accuse le Hamas

Pour Israël, c'est le mouvement Hamas qui est coupable de crimes de guerre pour avoir lancé ses roquettes sur des civils israéliens et s'être servi de civils palestiniens comme boucliers humains.
   
Dans un récent rapport, Amnesty International écrivait que les groupes armés palestiniens s'étaient rendus coupables de crimes de guerre en tuant des civils non seulement israéliens mais palestiniens par des tirs de roquettes aveugles. Mais cela ne doit pas occulter les violations israéliennes, ajoutait l'organisation qui, dans deux précédents rapports, accusait aussi Israël de crimes de guerre.
   
Les Palestiniens ne jugent pas crédibles les enquêtes israéliennes.
"Nous avons documenté des centaines de cas dans lesquels les Israéliens sont passibles de poursuites pour crimes de guerre", dit le directeur du centre al-Mezan, Issam Younis, membre du comité national dédié à la CPI. L'adhésion à la CPI vise à faire rendre des comptes à un Etat "qui se croit au-dessus des lois".
   
Parmi les évènements dont est saisi al-Mezan figure le bombardement du 12 juillet sur un centre pour handicapés à Beit Lahia, dans le nord du territoire.
Ola Washahi, 30 ans, et Shua Abu Saada, 47 ans, décrites comme handicapées physiques et mentales sévères, avaient péri et leur centre détruit.
   
La directrice, Jamila Alaywa, s'est tournée vers al-Mezan. "Nous réclamons justice, même si cela doit prendre des années au tribunal, dit-elle. Nous ne sommes pas pressés".