26-04-2024 08:54 PM Jerusalem Timing

Daech veut être omniprésent pour faire oublier les revers du "califat"

Daech veut être omniprésent pour faire oublier les revers du

Le groupe veut faire passer le message qu’il est "capable de frapper n’importe où et à n’importe quel moment".

En frappant pour la première fois en Tunisie et au Yémen, le groupe takfiriste terroriste Daech ou Etat islamique veut démontrer sa capacité d'expansion afin de détourner l'attention sur ses revers en Syrie et en Irak, selon des experts.

   "L'expansion est au coeur de la stratégie de l'EI", rappelle J. M. Berger, co-auteur de l'ouvrage "ISIS, the State of Terror".

   Et c'est pour cela qu'après avoir proclamé un "califat", "il s'est aventuré en Egypte, en Algérie, au Nigéria, en Libye et aujourd'hui en Tunisie et au Yémen dans le cadre de son effort d'étendre son influence".

   Les attentats perpétrés en Tunisie, jusque-là relativement épargnée par le chaos des pays du "printemps arabe", et au Yémen permettent à l'EI de soigner son image de groupe omniprésent, souligne le chercheur.

   "Créer ce sentiment de force fait en effet partie des principaux objectifs de l'EI en termes de recrutement et de propagande", selon lui.

   "Ces attentats sont à la fois une démonstration de force et un message à la communauté internationale: l'EI est désormais un acteur global", renchérit Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'université de Toulouse en France.

   Le groupe veut ainsi faire passer le message qu'il est "capable de frapper n'importe où et à n'importe quel moment, puisqu'il possède des partisans partout prêts à mourir pour réaliser ses objectifs".

   Mais, pour les experts, cette image d'invincibilité, gagnée lors des offensives éclaires en Irak et en Syrie et à l'aide des vidéos d'atrocités, commence à s'écorner.

   En Irak, les terroristes ont été chassés ces derniers mois de nombreuses régions dans le nord et sont en passe de perdre Tikrit, l'un de leurs bastions contre lequel les forces armées irakiennes ont lancé un assaut majeur.
   En Syrie, l'EI a subi un revers cinglant face aux Kurdes à Kobané après quatre mois de bataille, ainsi que dans plusieurs localités du nord-est. Ils ont vu les Kurdes avancer pour la première fois dans leur principal fief, la province de Raqa(nord), et ont reculé face aux rebelles près de Damas et face au pouvoir syrien à Deir Ezzor (est).

   Dans ces batailles, l'EI a perdu des milliers de combattants mais aussi des puits de pétrole et de gaz visés par les raids aériens et qui étaient une importante source de financement.
   
"L'EI veut faire la une"
 
 Et récemment, Ankara a annoncé avoir arrêté et déporté des centaines de combattants en puissance.

   Pour ces raisons, les experts estiment que les récentes attaques sont surtout un moyen pour l'EI de détourner l'attention de ce contexte moins favorable au "califat".

   "Il y a certainement une logique de compensation vis-à-vis des revers subis en Irak et en Syrie", affirme Thomas Pierret, spécialiste de l'islam contemporain.

   Et "s'il y a expansion, c'est celle des activités terroristes de l'EI plutôt que du califat", précise ce professeur à l'université d'Edimbourg.
   En perpétrant des attentats spectaculaires (20 touristes et un policier tués à Tunis et 142 morts au Yémen), l'EI cherche à "compenser" le fait que dans ces deux pays, "il ne dispose pas d'une véritable implantation territoriale".

   "Pour s'affirmer, l'EI n'a donc d'autre option que la surenchère médiatique ou confessionnelle", notamment face à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), bien mieux implanté au Yémen.

   Les experts signalent néanmoins qu'il est difficile de déterminer le niveau de coordination entre les auteurs de ces attentats et le commandement central de l'EI.

   Les informations disponibles montrent que "les attaquants en Tunisie ont été entraînés en Libye. D'autres attaques peuvent très bien être planifiées localement", selon Berger.

   Ce qui est certain, selon lui, c'est que l'EI "veut absolument faire la une chaque semaine et montrer des signes d'expansion ailleurs" qu'en Irak et en Syrie.