25-04-2024 09:11 AM Jerusalem Timing

Attaque au coeur du Nosra: le sort de Joulani inconnu, 18 chefs militaires tués

Attaque au coeur du Nosra: le sort de Joulani inconnu, 18 chefs militaires tués

Qui est Abou Hammam al-Chami

C’est une attaque d’une grande ampleur celle que l’armée syrienne a réalisée jeudi soir contre un siège du front al-Nosra, la branche d’al-Qaïda en Syrie, au coeur de son bastion dans la province d’Idleb, au nord-ouest du pays.



Cette attaque intervient alors qu'il est question de tentatives déployées par le Qatar pour rompre les liens entre le front al-Nosra (qu'il finance généreusement) et al-Qaïda, sachant que de nombreux dirigeants ont affiché leur fin de non recevoir à la proposition.

Jusqu’à présent, aucun bilan officiel n’a été rendu public par le groupuscule sur l'attaque. Bien au contraire, ce mouvement wahhabite s’attelle pour disséminer des informations différentes, soit en raison de la tension causée par l’attaque, soit pour en minimiser la portée et induire en erreur le public.
 
Le sort de son numéro un, Abou Mohammad al-Joulani n’est pas encore élucidé,  alors que son commandant militaire, Abou Hammam al-Chami (photo à gauche) et plusieurs de ses lieutenants ont été tués.

Selon la chaine de télévision al-Manar, ce sont au total 18 militaires du conseil consultatif de groupsucule armé wahhabite takfiriste qui ont péri dans un raid aérien de l’armée de l’air syrienne contre leur siège.
   

  Jeudi soir, l'agence officielle syrienne Sana, citant son correspondant dans la province d'Idleb, a annoncé "la mort du commandant en chef du groupe terroriste Front Al-Nosra, Abou Hammam al Chami, surnommé Farouq al-Souri, et de plusieurs des dirigeants du groupe dans une opération spéciale de l'armée
(syrienne) contre une réunion d'Al-Nosra à Al-Hobeit", une localité à 55 km au sud de la ville d'Idleb.

L’agence syrienne n’évoque pas le sort d’Abou Mohammad al-Joulani, et plusieurs versions ont été véhiculées par les sources non officielles du Nosra, selon al-Akhbar.

L’une d’entre elles dit qu’il a été légèrement atteint, “car il se trouvait à quelques pas du site bombardé et non à l’intérieur”.
Une deuxième cite que “le blessure du cheikh est moyenne”.
Et une troisième confirme qu’il a été blessé, mais non pas dans la dernière frappe, mais lors des combats entre le Nosra et la milice Hazem qui a finalement été délogé de ce gouvernorat.

Parmi les autres tués figure dans une version non encore officielle Abou Omar al-Kourdi, (l’un des cerveaux d’al-Qaïda et l’un des sept fondateurs du Nosra).  

Versions du Nosra

 
Plusieurs versions ont encore été disséminées par le Nosra sur l’évènement et ses détails, dans une tentative de minimiser l’ampleur et la gravité de la frappe.
Dans un premier moment c’est la coalition internationale qui a été accusée d’être derrière l’attaque.  

Mais son porte-parole s’est vite empressé de nier le fait pour l’agence Reuters, assurant que la Coalition  n’a mené aucune attaque à Idleb durant les 24 dernièree heures, dans un périmètre de
200km.

Par la suite, des tentatives ont été  déployées pour semer la confusion entre ce raid, et celui perpétré depuis deux jours  par la Coalition contre le QG du Nosra dans le village Abou Talha, étayés par des photos à l'appui, et qui aurait tué deux chefs du Nosra, Abou Moussab al-Falestini et Aboul Baraa al-Ansari.
   
Le directeur de l'OSDH qui dans un premier moment a affirmé pour la chaine de télévision arabophone financée par des fonds soaudiens al-Arabiyya, que c’est un drone du régime qui est derrière l’attaque a changé d'avis dans une dépêche de l'AFP.

Il a été question dans l'agence, selon cette organisation pro occidentale siégeant à Londres que "Chami est mort jeudi mais des suites de blessures qui ont "peut-être" été causées par un raid aérien contre un QG du groupe jihadiste le 27 février dans la province d'Idleb.

L’agence a aussi cité la position d’un personnage qu’elle a présenté comme étant un militant d'Idleb, Ibrahim al-Idlibi, joint par téléphone, dans laquelle il a confirmé la version de l'OSDH, soutenant qu'Al-Chami avait été tué lors du raid du 27 février et "non pas jeudi". "L'armée syrienne n'a effectué aucune opération la nuit dernière dans cette région".
 
Selon lui, la mort du chef militaire "porte un coup au moral des sympathisants d'Al-Nosra, et c'est pour cela que l'organisation n'a pas voulu publier son nom".

 
   
Qui est Abou Hammam

Abou Hammam a été un vétéran de la guerre en Afghanistan, où il s’est rendu à la fin des années 90 dusiècle dernier. Il a rejoint le camp des Ghouraba (Etrangers) qui  était dirigé par un autre syrien, Abou Moussaab al-Souri (photo à droite).    

Il fait partie de ceux qui ont prêté allégenace en personne à Oussama Ben Laden, en lui serrant la main, ce qui constitue un grande faveur. Il a été désigné comme le chef des miliciens syriens en Afghanistan et a participé à la plupart des batailles d’al-Qaïda à cette époque.   

Au bout d’un an, lorsque les Américains ont envahi l’Afghanistan, il s’est rendu en Irak, où il a rejoint le camp al-Farouk, puis celui de l’aéroport pour les forces spéciales. Il se trouvait avec Abou al-Abbas al-Zahrani, l’un des auteurs des attentats du 11-septembre en 2001.

Avant la chute de Bagdad, il a été chargée d’une mission de la part du commandement d’al-Qaïda. C’est à cette époque qu’il a fait la connaissance de l’émir d’al-Qaïda en Irak, avan la formation de l’Etat Islamique, Abou Hamza al-Mouhajir, ainsi qu’Abou Mousaab al-Zarkaoui.

Il a été arrêté par les autorités irakiennes qui l’ont alors livré à leurs homologues syriens , mais ces derniers l’ont relaché pour absence de chefs d’inculpation à son encontre.

Avec le lancement de la lutte en Irak, il a été désigné comme responsable militaire du bureau des Moujahidines, où Zarakoui lui dépêchait des combattants ( des émirs du jihad) pour les entrainer et les lui renvoyer.

En 2005, lorsque les autorités syriennes ont mené une campagne d’arrestation contre des auteurs d’attentats terroristes ou des membres d’organisation extrémistes, Abou Hammam s’est enfui au Liban puis est rentré en Afghanistan à la demande des religieux là-bas. L’un d’entre eux, Atiyyat-allah al-Liby l’a chargé de travailler en Syrie pour al-Qaïda.

Il a été arrêté au Liban pendant 5 années, pour des accusations de terrorisme. Après avoir été relaché, il a rejoint l’organisation d’al-Qaïda au Levant, puis a été désigné comme reponsable militaire du front al-Nosra.

 

Sources: AFP, al-Manar, al-Akhbar