08-05-2024 03:00 PM Jerusalem Timing

L’Arabie Saoudite renforce son front contre l’Iran

L’Arabie Saoudite renforce son front contre l’Iran

Riyad veut améliorer sa relation avec l’Egypte, sans pour autant lui permettre de jouer un rôle clé dans la région.

Quelques semaines après son accession au trône, le roi saoudien Salmane ben Abdel Aziz a traduit en actes sa politique intérieure et extérieure, qualifiée à l'avance de plus ferme et plus stricte que celle de ses prédécesseurs.

Après avoir réorganisé les affaires internes du royaume, il a rassuré son allié américain quant à cette mesure qui a ouvert la voie à la nouvelle génération de prendre les rênes du pouvoir.

Il a ainsi nommé Mohammad ben Nayef pour diriger, parmi d’autres, la campagne contre le terrorisme.

Il a éliminé de nombreux départements consultatifs liés aux affaires du trône, et s’est attelé à confronter ce que l’Arabie Saoudite appelle « l’expansion iranienne flagrante » dans son entourage et dans les pays arabes. 

Depuis son rejet de la participation de l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh aux funérailles du roi Abdallah, le roi Salmane a donné le premier signal sur sa politique au Yémen et surtout envers le mouvement houthiste Ansarullah. En effet, l’Arabie ne pardonnera jamais à Saleh la grande faveur qu’il a offerte aux houthistes.

En déménageant l’ambassade saoudienne de Sanaa à Aden, une mesure adoptée ensuite par les ambassades des pays du Golfe, le roi saoudien a haussé le niveau de la confrontation avec l’Iran et les houthistes.

Ce qui est attirant d’ailleurs c’est que le déménagement des ambassades des pays du Golfe est survenu suite à une mesure pareille prise par les pays de l’Otan, preuve sur la coordination entre les Etats-Unis et son allié saoudien.

L’Arabie veut changer les règles du jeu au Yémen. Washington veut exercer des pressions dans les négociations avec l’Iran pour accélérer la signature de l’accord.

Wendy Sherman,  négociatrice-clé américaine dans les pourparlers avec l’Iran, assure que « tout accord avec l’Iran ne sera pas dans le cadre d’une transaction globale. Washington réalise toutes les dimensions des agissements régionaux de l’Iran », a-t-elle dit, dans une tentative de rassurer l’Arabie Saoudite et Israël.

Deuxième message saoudien, cette fois envers l’Egypte : le roi Salmane a donné l’impression qu’il a la volonté de freiner le soutien politique et financier du roi défunt envers le Caire. L’Arabie Saoudite ne désire pas un effondrement de la situation en Egypte, mais n’accepte pas non plus une renaissance prospère de ce pays, parce qu’une telle renaissance favorise au Caire un regain de son statut arabe primordial.

Sur un autre plan, Riyad est mécontente du Caire en ce qui concerne la tenue du congrès de l’opposition syrienne sur son territoire. En effet, l’Egypte a fait exprès de marginaliser la coalition de l’opposition, et n’a pas donné son accord à la visite de son président Khaled Khoja. Entretemps, des informations font état du souci de l’armée égyptienne à préserver la force de l’armée syrienne, et d’un désir égyptien de permettre à la Syrie de regagner son siège à la Ligue arabe.

De telles mesures sont rejetées par l’Arabie Saoudite, qui pourrait brandir la menace des aides financières pour interdire leur application. Toutefois, le président Abdel Fattah Sissi a tenté de trouver un point commun, évoquant à la veille de sa visite à Riyad, une « solution politique, qui garantit l’intégrité territoriale syrienne et la lutte contre le terrorisme ».

L’Arabie Saoudite a besoin de l’Egypte et de la Turquie en face de l’Iran.
Ce besoin est politique et militaire. La relation avec le Caire est stable même si elle connait des changements. Riyad cherche à devenir le fer de lance de la mobilisation régionale contre l’Iran, que ce soit en Irak, au Yémen ou encore sur les fronts de combat au nord et au sud de la Syrie. 

Cette mobilisation semble cruciale au moment où l’on parle d’un accord irano-américain prochain. La situation au Yémen et sur les fronts de combat en Syrie reflèteront les répercussions de cette mobilisation saoudienne contre l'Iran. Peut-être les résultats ne tarderont pas à se faire voir!
   

Traduit du site al-Akhbar