24-04-2024 02:18 PM Jerusalem Timing

Obama et une imposante délégation américaine chez l’allié saoudien

Obama et une imposante délégation américaine chez l’allié saoudien

Il s’agirait de montrer "leur importance", aux Saoudiens, aux yeux des Américains.

Le président américain Barack Obama s'est rendu mardi en Arabie saoudite à la tête d'une importante délégation pour présenter ses condoléances après la mort d'Abdallah et parler avec son successeur, le roi Salmane, du renforcement de la collaboration entre les deux alliés.
   
L'avion présidentiel Air Force One s'est posé vers 15H20 locales (12H20 GMT) à Ryad, en provenance de New Delhi, et Salmane ben Abdel Aziz a suivi le tapis rouge pour se rendre en bas de la passerelle saluer M. Obama, accompagné par son épouse Michelle.
   
D'autres dignitaires saoudiens ont accueilli le couple présidentiel, dont le prince héritier Moqren, le puissant ministre de l'Intérieur Mohammed ben Nayef ainsi que le ministre du pétrole Ali al-Naïmi.
   
Le président américain est parti à bord d'une limousine noire pour des discussions et un dîner à la résidence privée du roi Salmane.
   
Après le décès vendredi du roi Abdallah, M. Obama a décidé d'écourter sa visite en Inde pour se rendre dans le royaume ultra-conservateur sunnite, premier exportateur mondial de pétrole, poids lourd du Moyen-Orient et allié des Etats-Unis depuis sept décennies.
   

Outre son épouse, apparue cheveux aux vents, il était accompagné pour ces quelques heures de déplacement par le secrétaire d'Etat John Kerry, le sénateur républicain John McCain, le directeur de la CIA John Brennan et le chef du commandement central de l'armée américaine le Général Lloyd Austin,.
   
  

'Montrer l'importance' des Saoudiens

Au total, l'imposante délégation américaine comprend 29 membres, dont des anciens responsables ayant servi sous les présidents Bush, George et son fils George W., comme les anciens Secrétaires d'Etat James Baker et Condoleezza Rice.
   
"Il faut montrer aux Saoudiens l'importance qu'ils ont pour les Etats-Unis", a estimé l'un d'eux, James A. Baker III, secrétaire d'Etat durant la première guerre du Golfe. "En ces temps difficiles pour le Moyen orient (...) le royaume devient d'une certaine manière une île de stabilité".
   
Selon des analystes, Barack Obama et Salmane vont tenter de revigorer des liens bilatéraux qui se sont un peu distendus ces dernières années en dépit du partenariat stratégique entre les deux pays, fondé sur des relations anciennes et d'énormes intérêts pétroliers.
   
Le nouveau roi devrait ainsi pousser Washington à s'impliquer davantage dans le règlement des crises dans la région.
"Certains dossiers doivent faire l'objet d'un accord entre le roi Salmane et M. Obama, mais des divergences persistent", relève ainsi Anwar Eshqi, qui dirige le Centre des études stratégiques du Moyen-Orient, basé à Jeddah (ouest).
   
Selon lui, Ryad diverge avec Washington sur la lutte contre le terrorisme, le Yémen, la Syrie et la Libye.
   
Ben Rhodes, conseiller du président américain, a confirmé que seront abordés la campagne contre le groupe Etat islamique (EI), à laquelle Ryad participe militairement, et la crise au Yémen - pays frontalier de l'Arabie et allié des Etats-Unis dans sa lutte contre Al-Qaïda.
   
Selon le centre américain de surveillance des sites islamiques SITE, l'EI s'est réjoui de la mort du "tyran Abdallah" et menacé d'envahir un jour la péninsule arabique.
  

Un nouveau chapitre?

L'Iran peut aussi être évoqué. Selon des experts, les Saoudiens sunnites voient d'un mauvais œil la volonté affichée de Washington de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, sans tenir compte, selon eux, de la montée en puissance régionale des Iraniens chiites, leurs grands rivaux.
   
S'agissant du Yémen et de la Libye, deux Etats à la dérive politiquement et déchirés par des combats entre factions, l'Arabie saoudite souhaite voir Washington exercer davantage de pressions pour ramener les protagonistes des deux crises à la table des négociations, selon M. Eshqi.
   
Et sur le Proche-Orient, le royaume, qui a lancé une initiative de paix avec Israël en 2002, ne peut que constater l'incapacité du secrétaire d'Etat John Kerry à faire avancer le dossier.
   
Selon Jean-François Seznec, spécialiste du pétrole et enseignant à l'université américaine Georgetown, les relations Ryad/Washington ne sont pas à leur niveau idéal. "Les Saoudiens à tous les niveaux pensent que les Américains ne sont plus fiables".
   
Mais Frederic Wehrey, spécialiste des relations entre Washington et les monarchies pétrolières, estime que "les désaccords peuvent être réglés" et que la mort du roi Abdallah pourrait "ouvrir un nouveau chapitre dans les relations" bilatérales.