26-04-2024 03:25 AM Jerusalem Timing

Nouvelle caricature du prophète:Dar el-Ifta et al-Azhar dénoncent

Nouvelle caricature du prophète:Dar el-Ifta et al-Azhar dénoncent

Et Washington l’approuve

L'instance représentant l'islam auprès des autorités égyptiennes, Dar al-Ifta, (instance de décret) et l’Université prestigieuse islamique al-Azhar ont dénoncé la décision du journal satirique français Charlie Hebdo de publier un nouveau dessin représentant le prophète Mohammad (p) dans son prochain numéro.
   
"Cette action est une provocation injustifiée pour les sentiments d'1,5 milliard de musulmans à travers le monde," a indiqué Dar al-Ifta dans un communiqué.
Les nouveaux dessins du prophète "vont attiser la haine", a déploré pour sa part l’université islamique Al-Azhar.

 Même critique depuis l'Iran. Le site d'information Tabnak (conservateur) estime que Charlie Hebdo "insulte de nouveau le prophète".    

La Une du numéro de Charlie Hebdo à paraître mercredi représente le prophète Mohammad (p), une larme à l'œil, tenant une pancarte "Je suis Charlie", le slogan adopté par les milliers de personnes qui ont manifesté en France pour défendre la liberté d'expression après les attentats.
   
Le dessin est surmonté du titre "Tout est pardonné", une formule apaisante qui tranche avec la veine souvent féroce du journal, selon l’AFP.


Durant ces dernières années, l'hebdomadaire satirique français a publié les caricatures les plus répugnantes contre l'Islam, et a joué un rôle important dans le climat d'islamophobie qui sévit.

"Cette édition entraînera une nouvelle vague de haine dans les sociétés française et occidentales, et ce que le magazine fait ne sert pas la coexistence et le dialogue culturel auxquels les musulmans aspirent", ajoute le communiqué de dar el-Ifta, qui dénonce les attaques ayant visé plusieurs mosquées en France après les attentats.
   
Charlie Hebdo a été attaqué au fusil d'assaut mercredi dernier par deux jihadistes français qui ont tué 12 personnes parmi lesquelles le directeur de l'hebdomadaire, Charb, et sesdessinateurs vedettes..
   
Ibrahim Negm, le conseiller du Mufti de la république -qui dirige Dar al-Ifta- a indiqué à l'AFP que son institution condamnait l'attaque ayant visé le journal.
   
"Nous appelons tous les musulmans à ne pas participer à des violences", a-t-il affirmé. "Nous dénonçons la violence et respectons la liberté d'opinion. Mais l'autre partie doit comprendre que nous aimons le prophète Mahomet", a-t-il ajouté.

 

En Turquie, pays laïc à 99% musulman, la presse décrit le nouveau numéro sans le reproduire, mais à en croire le rédacteur en chef de Charlie Hebdo Gérard Biard, l'hebdomadaire "a noué un partenariat avec Cumhuriyet, un journal turc laïc qui va publier et traduire en turc le numéro de demain (...) et le vendre avec leur journal".
   
Mais selon un journaliste du quotidien qui a requis l'anonymat, la direction du Cumhuriyet discutait encore mardi soir des modalités de la publication, mercredi, de "tout ou partie de la version turque du nouveau numéro".



 

Et Washington salue


Pour sa part Washington a assuré mardi que Charlie Hebdo avait le droit de publier en Une sa caricature du prophète Mohammad (p).


Pourtant, pays de la liberté d'expression totale, critiquer la religion est paradoxalement un quasi tabou au Etats-Unis.

"Quelles que soient les opinions personnelles, et je sais que les esprits s'échauffent fortement à ce sujet, nous apportons notre soutien absolu au droit de Charlie Hebdo à publier des choses comme cela", a argumenté la porte-parole du département d'Etat Marie Harf interrogée sur la prochaine Une du magazine français.
   
Ce numéro de Charlie Hebdo, qui paraît mercredi dans plus d'une vingtaine de pays, sera traduit en cinq langues - arabe et turc notamment - et tiré à 3 millions d'exemplaires pour satisfaire les demandes arrivées du monde entier.
 
"Il y a tout un éventail de facteurs qui entrent en ligne de compte pour décider de publier, qu'il s'agisse de la liberté de la presse ou de la sensibilité religieuse et je sais à quel point c'est important pour beaucoup de gens. (Mais) cela ne justifie jamais la violence ou la haine", a insisté Mme Harf.
   
"Nous soutenons de manière absolue le droit de ces organisations à publier librement. (...) C'est ce qui se passe dans une démocratie. Point à la ligne", a-t-elle encore martelé.
   
L'administration américaine n'a pas toujours été aussi favorable à Charlie Hebdo, lorsqu'elle avait critiqué en 2012 une décision de la justice française autorisant la publication de caricatures du prophète Mohammad (p), en pleine vague, à l'époque, de menaces de violences contre des intérêts occidentaux.

 

Sauf le New York Times

En même temps, la plupart des journaux nationaux ont reproduit le dessin du prophète Mohammed, sauf le New York Times, qui publie un article intitulé "Toujours en deuil, mais avec une nouvelle provocation: Mahomet à la Une", sans montrer la caricature.
   
Les médias qui ont décidé de la publier justifient abondamment leur choix.
Le Washington Post, qui a relégué le dessin à ses pages intérieures, l'a accompagné d'un texte de sa direction.
   "Nous n'avons jamais pensé que le simple fait de reproduire une image de Mahomet était une offense", explique le rédacteur en chef du Post, Martin Baron.
 
 Le dessin est aussi paru dans le Wall Street Journal et dans USA Today.
 Sur les écrans, la très conservatrice chaîne Fox News a elle aussi reproduit le dessin signé Luz lors d'une émission mardi matin.
   
   
 

Appel à pardonner

Dans la plupart des pays d'Europe, les journaux ou sites web reproduisent cette Une.
En Grande-Bretagne cependant, The Independent est le seul des grands journaux à la publier dans sa version papier.
Le Guardian la reproduit sur son site web, et souligne que "l'éditorialiste survivant du magazine satirique français affirme que cette Une est un appel à pardonner aux terroristes qui ont assassiné ses collègues la semaine dernière".
   
Le Telegraph réduit pour sa part une partie du dessin pour enlever la représentation du prophète.
   
Le vice-Premier ministre britannique Nick Clegg a défendu cette Une, estimant qu'elle s'inscrit dans le cadre d'un "combat idéologique" pour une société libre.

Au Danemark, si la nouvelle Une de Charlie Hebdo est publiée sur les sites web de plusieurs journaux, le Jyllands-Posten s'abstient de la reproduire. Ce journal a refusé de publier les dessins de Charlie Hebdo depuis les menaces dont il a lui-même fait l'objet après la publication de caricatures de Mohammad (p) en 2005.
   
En France, Le Monde publie en Une un dessin de son caricaturiste Plantu montrant un cardinal, un imam et un rabbin qui rient ensemble à la lecture du prochain numéro de Charlie Hebdo.



Avec AFP