18-04-2024 06:22 AM Jerusalem Timing

La Turquie, principale bénéficiaire des sanctions antirusses

La Turquie, principale bénéficiaire des sanctions antirusses

la Turquie se sert de toutes ses cartes gagnantes pour que la sécurité de l’énergie de l’Europe soit dépendante d elle.

Il arrive parfois dans l'histoire que la perturbation de l'équilibre de forces et la tentative de récupérer la situation d'antan aboutissent à des conséquences et des évolutions imprévisibles.

De sorte que l'équilibre de forces se modifie, involontairement, en faveur ou au détriment d'un pays, dans la foulée des évènements régionaux et internationaux.

L'attaque US contre l'Afghanistan (en 2001) et celle contre l'Irak (en 2003), sont un exemple du changement de l'équilibre de forces en faveur de la République islamique d'Iran. De cette manière, le changement de l'équilibre de forces représente, involontairement, des avantages pour certains pays.

Auparavant, dans les années 80, l'éclatement de la guerre entre l'Iran et l'Irak, deux pays voisins adversaires, avait tourné à l'avantage de la Turquie. Cette guerre a érodé la puissance militaire et économique de ces deux pays, entrainant des avantages économiques, politiques et géopolitiques pour la Turquie.

La crise de l'Ukraine aussi tourne, certainement, à l'avantage de la Turquie, et peut constituer un point de départ, au moins dans le domaine économique et géographique, pour ce pays et ce à travers l'intermédiaire de « la sanction de la Russie », par les Etats-Unis et l'Europe.

En effet, la crise de l'Ukraine, constitue à l’heure actuelle un nouvel axe de confrontation entre l'Occident et la Russie, et provoque la plus grande tension entre Moscou et les capitales occidentales.

Au moment où l'Otan multiplie ses agissements dans la zone baltique, les Russes avertissent qu'ils rendront plus agressive leur doctrine sécuritaire et réviseront certains rapports économiques avec l'Occident.

Dans une telle circonstance, l'Ukraine s'est muée en le principal axe du bras de fer entre la Russie et l'Occident. Cela a donné lieu à une situation qui contribue à la stabilisation des équations des puissances émergentes comme la Turquie.
Le voyage du premier décembre de Poutine en Turquie était lourd de sens.
C'était la première rencontre entre deux hommes en qualité de président de la République. Cette visite a été effectuée juste à un moment où la Russie a plus que jamais besoin de la Turquie.

En effet, la crise de l'Ukraine a empiré toutes les choses pour la Russie. Une panoplie de sanctions de l'Occident contre la Russie, dans les domaines bancaires et industriels ont mis Moscou dans un embarras stratégique. Raison pour laquelle la Russie a aujourd'hui plus que jamais besoin de la Turquie. Il n'est pas nécessaire d'en expliquer les raisons.

Toutefois, on peut dire qu’à cause de la crise d'Ukraine, la sortie de capitaux de la Russie s'est chiffrée, dans le premier semestre de l'an 2014, à 76 milliards de dollars, accusant une hausse de 13 milliards de dollars par rapport à l'année précédente. Dans le même temps, le taux d'investissements étrangers a connu une baisse de 50% par rapport de l'année 2013.
Le point important, c'est que tous ces évènements s'étaient produits à un moment où le prix du pétrole se stabilisait à 100 dollars par baril, alors que maintenant, le prix du pétrole est à son plus bas niveau depuis ces 5 dernières années, en chutant à 50%.

Il a y eu également, la dévalorisation du rouble par rapport au dollar et à l'Euro, provoquant un choc à la bourse de Moscou. Et nous ajoutons à tout cela, les nouvelles prévisions de l'Organisation internationale de l'énergie sur une réduction de 28% de la demande du pétrole sur le marché pour l'année 2015.

Du coup, il ne nous sera pas difficile de pronostiquer que la Russie se heurtera dans un proche avenir à un épineux problème économique. Toutefois, la Russie dispose d'environ 450 milliards de dollars de réserves en devises et aura donc la capacité de résister aux sanctions de l'Occident durant cette période. La Russie tente d'établir, à une vaste échelle, des relations économiques avec les pays de l'Amérique Latine, lesquels tentent également de mettre à profit les capacités des pays membres des Brics, comme le Brésil, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

La plus importante mesure a été entreprise par le Gazprom qui a signé un contrat de 400 milliards de dollars sur une durée de 30 ans, pour la vente du gaz.

En outre, la Russie a lancé le projet de l'union douanière de la zone d'Euro-Asie pour récompenser ces insuccès et ces embarras économiques.

Or, l'Ukraine en tant qu'un rempart face à l'Occident, et considérée comme l'itinéraire de transit d'énergie vers l'Europe revêt une important tant pour la Russie que pour l'Occident. Suite à la mise en application des sanctions, la Russie veut transférer certains itinéraires de son énergie de l'Est de l'Europe vers la Turquie, ce qui devrait mettre en relief la place de la Turquie en matière de transit, et de position régionale et internationale.

C'est exactement cela qui explique l'euphorie des Turcs. Bien qu'ils soient en désaccords, sur divers sujets politiques, tels que la crise de l'Ukraine, les Tartares de la Crimée, la guerre en Syrie, l'Arménie, Chypre, l'Egypte, et les évolutions au sein de l'Otan, cependant, ces deux pays, c'est-à-dire, la Russie et la Turquie, ont toujours, conservé leurs relations économiques, sous diverses circonstances.

Selon le récent rapport du FMI, (rendu public le 5 décembre), la Turquie a connu, en moyenne, un taux de croissance de 6%. Plus de 4 millions de touristes russes la visitent chaque année. La Russie doit construire le premier réacteur atomique de production d'électricité pour la Turquie, un projet dont le montant est estimé à 20 milliards de dollars. Le point le plus important encore, la société russe Gazprom a annoncé qu'elle augmentera à 30 milliards de mètres cubes le volume d'exportations du gaz russe vers la Turquie, estimé actuellement à 27 milliards.

C'est dans une telle conjoncture que la Turquie tente de se servir de toutes ses cartes gagnantes en matière de sa position stratégique et de sa coopération avec la Russie pour rendre, plus dépendante que par le passé, la sécurité de l'énergie de l'Europe à son égard.

 La Turquie cherche, également, à relancer le processus de son adhésion à l'Europe. Juste une semaine après la visite du Président russe Vladimir Poutine en Turquie, une délégation de l'Union européenne, conduite par Mme Mogherini, s'est rendue à Ankara.

Il fut question des préoccupations de l’Europe concernant le groupe de Daesh et le rôle de la Turquie dans ce domaine. L'Europe réclame également à la Turquie de respecter les sanctions adoptées par l'Union européenne contre la Russie, mais la Turquie y a répondu indirectement, en disant qu'il n'y a aucune raison d'en tenir compte, tant qu'elle n'a pas adhérée à l'Union européenne.

Autrement dit, la Turquie suggère aux Européens , s'ils souhaitent une réponse positive d'Ankara dans ce sens, de devoir éliminer les obstacles à son adhésion à l'Union européenne.