20-04-2024 02:06 AM Jerusalem Timing

Ryad a les yeux rivés sur le schiste américain avant la réunion OPEP

Ryad a les yeux rivés sur le schiste américain avant la réunion OPEP

Le royaume seraitéconomiquement assez fort pour résister à la baisse des prix "pendant deux à trois ans".

L'Arabie saoudite, le plus grand producteur de l’OPEP, sera avant tout préoccupée par la concurrence du pétrole de schiste américain à la réunion cruciale du cartel qui devrait débattre jeudi à Vienne d'une réduction de l'offre.
   
Selon des analystes, le royaume est heureux de voir les producteurs de schiste -et même certains membres du cartel- souffrir de la baisse des prix du brut et résistera aux pressions pour réduire la production et soutenir les prix.
   
Le pétrole a plongé de plus de 100 dollars le baril au début de l'année à 80 dollars actuellement.
"L'Arabie saoudite veut essayer de donner le coup de grâce à ses concurrents producteurs de pétrole de schiste", déclare à l'AFP l'économiste saoudien Abdelwahab Abu-Dahesh.
   
Pour lui, comme d'autres analystes, le royaume est économiquement assez fort pour résister à la baisse des prix "pendant deux à trois ans".
   
Les prix du pétrole se sont effondrés à un plus bas en quatre ans en raison notamment d'une baisse de la demande dans une économie mondiale atone, une forte hausse de la production de schiste et d'autres sources non conventionnelles.
   
Mardi, le pétrole s'affichait en baisse en Asie, les opérateurs doutant d'une annonce d'une réduction de la production de l’OPEP à Vienne. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en janvier perdait trois cents, à 75,75 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier également cédant neuf cents, à 79,59 dollars.
   
 

Défendre sa part aux Etats-Unis 

Bien que l'Arabie saoudite et ses voisins, Emirats arabes unis et Koweït, pourraient supporter le coût d'une baisse de l'offre, ils ne réduiront pas leur production car "ils perdront leur part de marché", souligne Fahad Alturki, économiste en chef à Jadwa investissement à Ryad.
   
Selon des statistiques officielles américaines, les exportations saoudiennes aux Etats-Unis ont chuté de près de 30%, passant de 1,25 million de barils par jour (mbj) en juillet à quelque 900.000 barils/jour (bj) en août, même si le royaume reste le deuxième plus grand fournisseur américain après que le Canada.
   
Selon une étude de Commerzbank, le royaume cherche à "se concentrer davantage sur la défense de sa part de marché aux Etats-Unis", face à un pétrole moins cher tiré des gisements de schiste.
   
Il a ainsi réduit ses prix du brut vendu sur le marché américain, provoquant une baisse mondiale des cours d'environ 2 dollars, tout en augmentant les prix de son pétrole en Asie et dans d'autres régions.  
   
L’OPEP a pompé 30,6 mbj en octobre, en dépassement de son plafond de production fixé à 30 mbj, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le royaume en a produit environ 9,6 millions de bpj, selon des statistiques de l'Opep.
"Les seuls bénéficiaires d'une réduction de l'offre seraient les producteurs de pétrole de schiste, qui perdent maintenant de l'argent avec la baisse des cours du brut", explique M. Alturki.
   
 

Ryad en 'position de force'
 

Les innovations technologiques ont permis l'exploitation du schiste en Amérique du nord et augmenté la production pétrolière quotidienne américaine de plus de 40% depuis 2006, mais à un coût de production trois à quatre fois plus élevé que celui de l'extraction du pétrole du Moyen-Orient.
   
Avec une chute des prix à 70 dollars, "la survie des producteurs de schiste sera remise en question", selon M. Alturki.
Selon lui, le royaume n'a pas besoin de faire d'importantes réductions de production car la baisse continue des prix poussera les producteurs de schiste à sortir du marché, à réduire l'excès de l'offre et à augmenter les prix. "Il est heureux avec une telle dynamique".

Selon une étude de Capital Economics, le royaume est économiquement "en position de force" par rapport à d'autres membres de l'OPEP, et peut ainsi résister à la pression pour réduire sa production.
 

"Sur le long terme, (il) peut voir la baisse des prix pétroliers travailler en sa faveur", en stimulant la demande, ajoute l'étude. "En outre (...) les Saoudiens seraient contents de voir des producteurs inamicaux au Moyen-Orient, notamment l'Iran, être sous pression".