29-03-2024 12:24 PM Jerusalem Timing

Un responsable kurde de Turquie se rend dans Aïn al-Arab assiégée par Daesh

Un responsable kurde de Turquie se rend dans Aïn al-Arab assiégée par Daesh

Il demande à la Turquie d’intervenir et à prendre des mesures contre les jihadistes takfiristes

L'un des chefs du principal parti kurde de Turquie s'est rendu mardi dans la ville syrienne d'Aïn al-Arab assiégée par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI-Daesh) et a pressé la Turquie d'intervenir rapidement pour venir en aide à sa population kurde.

"Nous avons traversé (le frontière) jusqu'à Kobané (nom kurde d'Aïn al-Arab) et nous y avons rencontré un responsable du PYD (la branche militaire du Parti kurde syrien de l'Union démocratique)", a raconté le coprésident du Parti démocratique populaire (HDP), Selahattin Demirtas, à son retour au poste-frontière turc de Mursitpinar (sud).
 "Les terroristes n'étaient qu'à deux kilomètres. Kobané est assiégée de tous les côtés par les combattants de l'EI", a-t-il poursuivi devant la presse.
   
M. Demirtas a profité de l'occasion pour exhorter le gouvernement islamo-conservateur turc à prendre des mesures contre les jihadistes.
"La Turquie peut réduire la déception qu'elle a causée dans sa population en intervenant", a-t-il plaidé. "Si tout le monde conjugue ses forces, personne ne peut battre un peuple qui défend une cause légitime".
   
Après l'avoir explicitement refusé, la Turquie semble prête à participer à son tour à l'intervention militaire engagée par la coalition formée par les Etats-Unis contre les combattants sunnites radicaux de l'EI, accusés de multiples exactions en Irak et en Syrie.
   
Accusée d'avoir soutenu, voire armé, les groupes rebelles les plus extrémistes engagés dans la guerre contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, dont l'EI, Ankara a longtemps justifié son refus d'intervenir par la nécessité de protéger ses 46 ressortissants retenus en otage depuis juin par l'EI au consulat turc de Mossoul (Irak).
 

Déploiement de force

Depuis leur libération le 20 septembre, le pouvoir turc a totalement changé de discours et répété qu'il était prêt à rejoindre la coalition anti jihadiste qui mène des frappes aériennes contre l'EI, sous une forme qui reste à définir.
   
Le Parlement turc doit débattre jeudi de résolutions destinées à permettre à l'armée turque de s'engager en Syrie et en Irak.
 
M. Demirtas a également souligné l'importance d'un engagement turc contre l'EI pour la réussite du processus de paix engagé en 2012 entre le gouvernement et le mouvement rebelle kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"L'attitude de la Turquie vis-à-vis de la +résistance+ est en contradiction avec sa volonté de faire la paix sur son sol", a-t-il noté en référence aux réticences des autorités turques à autoriser le retour en Syrie des Kurdes désireux d'y combattre.
"Les Kurdes ne sont pas une menace pour la Turquie", a assuré le coprésident du HDP.
   
La Turquie a renforcé lundi son dispositif militaire autour du poste-frontière de Mursitpinar, distant de quelques kilomètres à peine d'Aïn al-Arab, après la chute de plusieurs obus de mortier sur son territoire.
Une cinquantaine de chars, véhicules blindés et autres pièces d'artillerie étaient déployés mardi face à la Syrie, a constaté un photographe de l'AFP.
   
La coalition menée par les Etats-Unis a mené mardi des frappes contre le groupe Etat islamique dans le secteur d'Aïn al-Arab, alors que des habitants de la ville à majorité kurde continuaient à rejoindre la frontière turque.
   
L'offensive des jihadistes dans cette région, débutée mi-septembre, a poussé plus de 160.000 personnes à trouver refuge en Turquie.