23-04-2024 05:12 PM Jerusalem Timing

Un émirat du front al-Nosra se préparait au Liban

Un émirat du front al-Nosra se préparait au Liban

C’est Imad Jomaa qui l’avoue.

Le pire a été évité de justesse dans la localité de Aarsale au nord-est du Liban, voire dans toute la région nord du Liban. Un émirat était en train de se préparer entre le Qalamoune syrien et le Akkar libanais, en passant par toute la Békaa.

Cette version de l’escalade que cette région a connue au début du mois d’aout circulait ces dernier temps.

Elle a été confirmée par Imad Jomaa, l’un des dirigeants de la milice syrienne d’Al-Qaïda, le front al-Nosra, et dont l’arrestation par l’armée libanaise au début du mois de d'Aout avait provoqué des accrochages qui ne se sont calmés qu’après le retrait des miliciens vers le terroir de Aarsale et l’enlèvement de plus de trente militaires et gendarmes libanais.

Dans les aveux de Jomaa, exposés dans un reportage de  la chaine de télévision libanaise privée LBCI, et postée sur You Tube, il assure qu’avant son arrestation, le prince du Nosra Abou Malek le syrien et ses 29 groupuscules s’étaient convenus de mener une attaque contre Aarsale pour s’en emparer et la transformer en une base de lancement de leurs attaques contre d’autres villages libanais. L’objectif final visait l’instauration d’un califat dans la région allant du Qalamoune syrien au nord libanais, en passant par la Békaa. Son commandant se devait être Serajeddine Zreikat, un religieux libanais recherché par la justice.


Retour des miliciens ?

Depuis, la situation de Aarsale ne semble pas s’améliorer pour autant.

 Un chef militaire de la milice d’Al-Qaïda en Syrien le front al-Nosra a été tué dans la nuit de lundi à mardi dans son terroir.
Selon une radio privée libanaise « la Voix du Liban », citant des sources de l’armée libanaise, Moustafa Khezmi a été abattu dans des accrochages avec elle, ainsi qu’un nombre indéterminé de ses hommes.

Entre temps, la localité connait un mouvement de migration sans précédent.
Selon le journal libanais assafir, plus de cent familles l’ont quittée, dont certaines définitivement, alors que d’autres viennent y passer le jour seulement.
 
Il semble aussi que les miliciens de Daesh et du front al-Nosra l’aient regagnée et leur nombre ne cesse de gonfler. Ils se déplacent facilement entre la localité et son terroir et ont reconstitué leurs cellules dormantes sous les yeux des patrouilles des forces de l’ordre libanaises.
Ils ont menacé les habitants de liquider quiconque qui collabore avec l’armée libanaise.
Chaque jour ils perquisitionnent des maisons de la localité, pour plusieurs raisons. Et ce sont leurs tribunaux qui règlent les contentieux. Un libanais de Ersale a eu droit à plusieurs coups de fouets.

Lieu de séquestration localisé

Toujours selon assafir, le lieu de détention des militaires et des gendarmes libanais enlevés a été repéré. Ils sont installés dans deux tunnels, Kherbet-Younine et Wadi al-Jabal, dont la profondeur de chacun est de 100 mètres.
Ils ont été localisés grâce à un système de détection de communication électronique, mais leur accès est difficile parce que l’armée de dispose pas d’hélicoptères d’attaque appropriés.

La peur du Hezbollah

Les ravisseurs ont tenté d’exploiter l’enlèvement pour inciter via les médias ou les réseaux sociaux contre le Hezbollah, en liant la libération des militaires enlevés au retrait du Hezbollah de la Syrie. Une rhétorique qui rejoint celle du courant du Futur, dirigé par son chef pro saoudien Saad Hariri. Mais il semble surtout craindre que le Hezbollah n’intervienne pour les libérer.

L’un des gendarmes enlevés, Pierre Geagea a été autorisé par le front al-Nosra à contacter par téléphone ses parents. Il leur a demandé de pousser les habitants de sa localité et des villages chrétiens de descendre dans les rues et de réclamer la libération des militaires et le retrait du Hezbollah de Syrie. «  Notre vie est en danger, au cas où certains tentent de nous libérer par la force, ceci sera un arrêt de mort pour nous », a-t-il dit, selon assafir.

Selon des informations diffusées par le journal libanais al-Akhbar, les ravisseurs comptent dans les jours prochains publier une deuxième vidéo qui filme des militaires et gendarmes qu’ils détiennent.

 

Miliciens contre militaires

Jusque-là, les ravisseurs exigeaient en échange de la libération des militaires libanais, la libération de leurs miliciens capturés par les autorités libanaises.
Lundi, l’agence turque Anatolie a diffusé la mise en garde d’un dirigeant important du Nosra qui a menacé de recourir au choix militaire.

«  Nous avons gardé les prisonniers militaires libanais à Ersale jusqu’à notre retrait en Syrie et nous réclamons des négociations sincères parce que c’est la seule solution, car le Hezbollah est en train de préparer un attaque dans le Qalamoune et le fait d’entraver les négociations pour la libération des militaires prisonniers chez nous signe leur arrêt de mort », a-t-il dit.


Justement, pour mener ces négociations à bien, c'est le directeur général de la Sureté Générale, le général Abbas Ibrahim qui a été désigné par le ministre de l'intérieur Nouhad al-Machnouk. C'est lui qui a obtenu la libération des pèlerins libanais enlevés au nord de la Syrie, et celle des nonnes de Maaloula.