29-03-2024 03:07 PM Jerusalem Timing

Varsovie et les pays Baltes cherchent à enregistrer officiellement l’EuroABM US

Varsovie et les pays Baltes cherchent à enregistrer officiellement l’EuroABM US

« L’absurdité militaire de l’EuroABM pour faire face aux missiles iraniens n’est pas à douter. Il n’y aura pas non plus en perspective en Iran de potentiel de construction de missiles susceptibles de couvrir l’Europe"




 Varsovie et les pays Baltes entendent présenter au sommet qui aura lieu les 4-5 septembre au Pays de Galles l’initiative d’enregistrer officiellement l’EuroABM américain comme un système de dissuasion de la Russie.

Moscou a compris depuis longtemps que la région de positionnement des ABM en Pologne et en Roumanie n’avait rien à voir avec la protection de l’Europe contre les pays dits voyous genre Iran ou Corée du Nord. Tout comme à l’époque de George Bush fils, le système ABM de Barack Obama, les missiles en Pologne et en Roumanie ont pour cible principale le potentiel fuséo-nucléaire russe. Si l’idée des « partenaires cadets » des Etats-Unis est approuvée, ce sera la constatation du fait que la Russie ne met pas en doute depuis bien longtemps.

C’est étrange : les pays Baltes et la Pologne imposent une nouvelle architecture de l’EuroABM, souligne le directeur de l’Institut d’études stratégiques Serguei Oznobichtchev. Ce ne sont pas les Européens mais les Etats-Unis qui ont élaboré la conception des ABM. Ce sont des déclarations peu sérieuses des gens incompétents bien qu’il soit clair qui est l’auteur de l’initiative, estime Serguei Oznobichtchev.

« L’absurdité militaire de l’EuroABM pour faire face aux missiles iraniens n’est pas à douter. Il n’existe pas et il n’y aura pas non plus en perspective en Iran de potentiel de construction de missiles susceptibles de couvrir l’Europe. Il est possible que les exemplaires d’essai atteignent, disons, Munich. Or, ce ne seraient que des missiles d’essai. L’Iran est aujourd’hui un co-négociateur actif sur la réduction de son potentiel nucléaire. Il ne fait plus partie de l’« axe du mal » signalé par les prédécesseurs d’Obama. »

Le directeur de l’Institut de la planification stratégique Alexandre Goussev s’exprime dans le même esprit :

« Nous avons demandé des années durant à l’OTAN et aux Etats-Unis, architecte principal de l’EuroABM, de nous donner les garanties écrites qui confirmeraient que le nouveau système ABM américain en Europe n’était pas dirigé contre la Russie. Les Américains n’y ont pas réagi ces dernières années en prétendant que ce système assure la protection contre les menaces émanant du Proche-Orient et de la Corée du Nord. Or, ce système est déployé contre les forces armées russes. Les Etats-Unis et leurs principaux satellites européens : la Pologne et les pays Baltes font du lobbying du programme qui est absolument inadmissible pour nous. »

L’Allemagne et la France s’opposent au sein de l’OTAN au « certificat antirusse » pour l’EuroABM ne voulant pas provoquer Moscou. La Russie ne croit plus sur parole aux Etats-Unis ni à l’OTAN ayant promis dans les années 1990, pour reprendre l’expression de James Baker employée en février 1990 lorsqu’il était secrétaire d’Etat américain, que l’alliance « n’avancerait d’un pouce vers les frontières russes ».

Moscou a réaffirmé plus d’une fois qu’elle appliquerait les mesures adéquates en réponse à l’EuroABM américain en vue de garantir la sécurité et l’efficacité de ses forces de dissuasion.